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Lidl France : « Nous terminons notre cycle de modernisation de nos entrepôts logistiques »

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Grégory Podda est le directeur logistique adjoint de Lidl France. Il revient sur l’ouverture récente de la plus importante plateforme du groupe en France, située à Ablis en Ile-de-France. Celle-ci vient clôturer un cycle de plus d’une décennie d’investissements de Lidl en France pour développer et moderniser ses capacités logistiques. S’ouvre désormais une nouvelle ère, celle de l’optimisation.

Gregory Podda, directeur logistique adjoint, Lidl France. - © D.R.
Gregory Podda, directeur logistique adjoint, Lidl France. - © D.R.

Propos recueillis par Stéphanie Gallo Triouleyre

Vous avez inauguré récemment une nouvelle plateforme logistique, située à Ablis, dans les Yvelines. C’est désormais la plus grande plateforme de Lidl en France. Avec à la clé, un investissement de plus de 100 millions d’euros. Quel est l’enjeu ?

Jusqu’ici les magasins de cette zone étaient desservis principalement par nos plateformes de Tours et de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) pour l’alimentaire. Le non-alimentaire était lui délégué à un prestataire aussi bien pour cette zone d’Ablis que pour celle de Tours. Or, notre feuille de route prévoyait une intégration complète de nos flux en interne. Nous avions donc besoin de nouvelles capacités de stockage. Désormais, Ablis livre la cinquantaine de magasins qui lui sont directement rattachés et se charge aussi du non alimentaire des magasins rattachés à notre entrepôt de Tours. Sa surface de stockage permet aussi des mutualisations avec les autres plateformes de la région parisienne. Globalement, cette nouvelle plateforme va permettre de réduire d’1,5 million de kilomètres par an - équivalent à 1 320 tonnes de CO2 économisés - la distance moyenne parcourue par les camions vers nos magasins.

A quoi ressemble cette nouvelle plateforme ?

Elle est proche des grands axes routiers (A11 et N10). Elle propose 87 000 m² dont 5 800 m² de bureaux, 44 600 m² dédiés au stockage des produits secs et 22 500 m² de cellules frigorifiques et six niveaux de froid, ce qui nécessite une technologie assez pointue. Nous avons ici quatorze quais de déchargement. 750 000 colis sont préparés chaque semaine, pour 396 tournées de livraison, 9 000 palettes réceptionnées et 10 000 expédiées avec 44 camions.

Au-delà de ses capacités de stockage et de distribution, Ablis constitue une nouvelle direction régionale, la 26e de notre réseau. 300 collaborateurs y travailleront à terme dont 250 opérateurs logistique et une cinquantaine de collaborateurs en charge des Ressources humaines, de la supply chain et de l’immobilier.

Désormais, notre parc est beaucoup plus développé, nous avons réussi à réinternaliser la grande majorité des flux

L’externalisation de votre logistique que vous signalez sur la région parisienne et que cette nouvelle plateforme va permettre de réduire significativement est-elle une pratique courante en France pour Lidl ?

Ces dernières années, nous avons effectivement dû faire appel de manière importante à des prestataires car nous avons connu un pic de croissance relativement important, avec donc des besoins immédiats auxquels nous ne pouvions pas répondre avec nos propres moyens à court terme. Désormais, notre parc est beaucoup plus développé, nous avons réussi à réinternaliser la grande majorité des flux. En 2023, par exemple, nous avons ouvert plus de 200 000 m² d’entrepôts.

Pouvez-vous revenir sur les principales étapes de ce déploiement de votre parc logistique ?

Nous avons aujourd’hui 26 directions régionales, dotées chacune d’un entrepôt et desservant entre 50 et 60 magasins. Précision importante, nous sommes propriétaires quasiment de l’intégralité de notre parc.

Avant Ablis, la dernière ouverture de direction régionale datait de 2012, à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. C’est donc déjà assez ancien. En revanche, ces dix dernières années, nous avons mené un très important plan de transformation de notre parc logistique. Nous avons rénové, agrandi, transféré à proximité ou recréé 23 de nos 25 plateformes existantes. Par exemple, près de Guingamp l’année dernière, nous avons déménagé de quelques kilomètres notre plateforme déjà existante.

Il nous reste encore une dernière plateforme à traiter : à Nice. Nous allons doubler nos capacités sur place avec un deuxième entrepôt de 50 000m² qui sera opérationnel fin 2025. L’investissement est d’environ 100 millions d’euros comme à Ablis car si l’entrepôt est moins étendu au sol, il sera plus haut.

Pourquoi un si vaste chantier de transformation logistique ? Quelles étaient les ambitions ?

Nous devions accompagner notre croissance tant en chiffre d’affaires que de gammes. En 2015, nous avions beaucoup moins de références dans nos magasins qu’aujourd’hui. Et puis, comme je vous le disais, nous souhaitions maitriser en interne toute notre logistique. Notamment le surgelé qui était alors quasiment totalement externalisé. Cette internalisation permet d’optimiser les flux. Et puis, c’est dans l’ADN de Lidl de tout faire par nous-mêmes.

D’autres créations de directions régionales, de nouvelles plateformes sont-elles envisagées prochainement ?

D’autres projets figuraient dans notre feuille de route initiale mais au vu du ralentissement économique général, nous préférons les décaler pour le moment. Nous travaillons plutôt actuellement sur des sujets de mutualisation de flux entre plateformes régionales. Et aussi entre plateformes continentales. Une stratégie internationale est également à l’étude actuellement, l’idée étant de raisonner à l’échelle de l’ensemble du parc logistique de Lidl en Europe. Mais pour l’instant, je ne peux pas en dire plus, le travail est en cours.

Avant d’arriver dans vos plateformes françaises, quel est le chemin suivi par vos marchandises ?

Il y a plusieurs flux. Les flux non alimentaires qui arrivent d’Asie par exemple, transitent d’abord par des plateformes continentales de Lidl rattachées aux ports notamment de Barcelone et Rotterdam avant d’être expédiées sur nos plateformes françaises. Nous avons aussi des fournisseurs qui nous livrent en direct.

Quel est le niveau de mécanisation de vos entrepôts ?

En France, nous avons globalement peu de mécanisation, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays. C’est un sujet qui arrivera probablement avec la nouvelle stratégie de mutualisation. Cette question est entre les mains de la direction internationale, dans le cadre d’une nouvelle répartition des compétences des pays.

Le levier de plus en plus important qui est celui de la mutualisation entre des entrepôts aux niveaux d’activités différents

Au-delà de la mécanisation, quels sont désormais les leviers d’amélioration dont vous disposez pour un parc qui est à présent complètement modernisé ?

Nous suivons des indicateurs sur chaque entrepôt en liant en premier lieu le volume d’activité au nombre de m² disponibles. Si certains sont en-deçà, nous regardons pourquoi. Peut-être que cela nécessite une optimisation des m², des horaires de travail, du montage de racks etc. Et puis, surtout, le levier de plus en plus important qui est celui de la mutualisation entre des entrepôts aux niveaux d’activités différents. Nous faisons aussi beaucoup de benchmark sur les performances des entrepôts Lidl dans les autres pays afin de nous inspirer des meilleures pratiques.

Quels sont les volumes qui sortent chaque jour de vos entrepôts ?

Environ 2 000 palettes par jour et par entrepôt.

Quelques mots sur le transport, même si ce n’est pas votre responsabilité directe ?

Le transport est externalisé, nous possédons juste quelques camions de manière historique sur certaines directions régionales. Sur ce sujet des transports, parmi les dernières évolutions, nous avons changé notre logiciel de planification (Quintiq), qui permet une visualisation en temps réel du coût de notre planification que nous n’avions pas avant. D’autres fonctionnalités devraient arriver dans les prochains mois. Par ailleurs, nous accélérons sur l’optimisation du chargement de nos camions, des tournées etc.

Lidl en chiffres

1 600 magasins en France

46 000 collaborateurs en France

180 entrepôts dans le monde