Le nouveau directeur logistique de SCC France fait de la reverse logistic un élément moteur
Jean-Louis Lamidon, nouveau directeur logistique de SCC France, entend placer le client au cœur de sa feuille de route et accompagner très largement les actions de l’entreprise en matière de circularité. L’ESN aux 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires peut s’appuyer sur sa réalisation avec le Comité d’organisation des JOP pour monter en puissance sur le sujet.

Devenu directeur de la logistique de SCC France en août 2024, Jean-Louis Lamidon a pour objectif prioritaire de piloter la transformation de l’activité du centre technique et logistique de l’entreprise afin d’en améliorer l’efficacité et la réactivité. Rattaché à Gaël Menu, directeur général adjoint de SCC France, il vient conduire une fonction logistique mature et solide, pilotée avant son arrivée par Dimitri Wlodarczyk et qui, à la suite des retombées du Covid notamment, a pris un poids certain au sein du groupe, au point même d’être perçue comme essentielle au développement de l’entreprise.
Une fonction logistique avant tout tournée vers les usages clients
Choisie pour être fournisseur IT Officiel des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, SCC France a enregistré quelque 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur son dernier exercice fiscal. L’ensemble de son activité regroupe aussi bien la distribution de software et services (infogérance, conseil, maintien en conditions opérationnelles …) que la distribution de produits hardware - du poste de travail à la baie informatique ; activité sur laquelle la direction logistique intervient fortement.
Le travail de la Supply Chain chez SCC France ne se limite en effet pas simplement à l’entreposage et au transport des produits livrés un peu partout en France. Elle profite notamment des stops logistiques pour intégrer des prestations sur mesure de configuration, de kitting et ou encore de sérigraphie. Les actifs informatiques qui passent sur le site de Lieusaint sont ainsi intégrés, configurés et personnalisés par les équipes sur place avant d’être distribués aux clients de l’entreprise.
Ces opérations à valeur ajoutée, lors desquelles sont par exemple installés sur demande softwares et autres progiciels, sont réalisées sur une plateforme logistique située à Lieusaint (77), d’une surface de plancher de 33 000 m2, sur laquelle on compte une centaine de personnes, parmi lesquelles environ 80 employées en CDI. SCC France y occupe 22 000 m2, une des cellules du site étant sous-louée. La direction logistique apporte également un support important aux opérations de pré-montages des baies informatiques et serveurs configurés à façon sur les sites clients.
Faire de la reverse un levier commercial pour SCC France
Jean-Louis Lamidon a, dès son arrivée chez SCC France - et c’est le moins que l’on puisse dire -, dû sauter dans le grand bain. Et pour cause, son entrée en fonction a coïncidé avec la fin des Jeux Olympiques. L’entreprise enregistrait alors de (très) nombreux retours produits, lesquels étaient expédiés par suite du démontage des sites non retenus pour l’organisation des Jeux Paralympiques. « Aux alentours du 20 août, nous avons vu se succéder plusieurs vagues de retours en provenance de sites olympiques. Nous avons dû gérer des flux en nombre, puisque nous avons réceptionné en quelques jours seulement un peu plus de 30 000 équipements qu’il nous a fallu auditer », nous explique Jean-Louis Lamidon. Une fois audités, ces matériels, rachetés pour partie au Comité d’organisation des JOP, ont été gradés et remis, pour certains, sur le marché de la seconde main. « Ce travail a été effectué en un temps record. Il nous a fallu deux mois pour achever le processus, comme convenu avec le Comité d’organisation des JOP afin de lui permettre de clôturer ses comptes sur les aspects informatiques en temps et en heure », indique Jean-Louis Lamidon.
Depuis plusieurs années, SCC France intègre la notion de circularité dans son business model, misant fortement sur le reconditionné et le recyclé. L’ESN a ainsi rehaussé ses moyens sur le réemploi en proposant notamment des offres associant des entreprises adaptées qui emploie 60 % de collaborateurs en situation de handicap et qui font preuve d’un savoir-faire extrêmement précieux. Côté supply chain, SCC France ne ménage pas non plus ses efforts. L’entreprise travaille depuis un long moment désormais sur diverses solutions pragmatiques comme l’optimisation de la taille des conditionnements, la diminution du volume de plastique utilisé ou encore le recours à des véhicules propres.
Dans la lignée de ce qui a été fait par suite des JOP, nous voulons, à travers des sources d’approvisionnement plus diversifiées, répéter ce modèle et traiter, à la demande de nos clients, leurs équipements informatiques qui arrivent en fin de vie
Aux yeux de Jean-Louis Lamidon, la mise en œuvre d’une filière de reconditionnement des équipements constitue pour SCC France et sa direction logistique un élément sur lequel il ne faut rien lâcher. C’est aussi pourquoi il en fait une priorité absolue et y dédie une équipe projet spécifique. « Dans la lignée de ce qui a été fait par suite des JOP, nous voulons, à travers des sources d’approvisionnement plus diversifiées, répéter ce modèle et traiter, à la demande de nos clients, leurs équipements informatiques qui arrivent en fin de vie. L’idée est d’avoir, sur cette activité, une équipe complètement dédiée d’une quinzaine de personnes d’ici la fin de l’année pour accompagner cette montée en puissance et cette transformation », révèle-t-il. Une ambition forte et marquée qui nécessite tout de même donc de collecter les articles sur site (avec des moyens propres, SCC France disposant de quatre véhicules ou via des partenaires transport), de les acheminer vers la plateforme de Lieusaint afin de les auditer, les grader et les certifier en fonction de leur état. Un travail épineux, mais qui en vaut largement la peine. SCC France sait d’ailleurs qu’il a un coup important à jouer en la matière et un savoir-faire dont il peut tirer profit.
Cette capacité dont nous sommes en train de nous doter est à mon sens un levier commercial puissant pour nos équipes business, au même titre que le sont les produits neufs
Si jusque-là, le secteur public comme les grandes entreprises se plaçaient de l’autre côté de la barrière, laissant le plus souvent leurs équipements usagés aux associations et aux structures de reconditionnement, la donne a bien changé. Ces postes de travail et autres laptops, autrefois destinés aux particuliers ou à des programmes d’aide le plus souvent, viendront désormais garnir les flottes des administrations et entreprises. « L’exemple des JO a été une source d’inspiration. Il nous faut désormais quelque peu industrialiser la chose. Nous avons pour ces flux d’importantes ambitions, car les attentes sociétales et environnementales sont au cœur des priorités de nos clients mais aussi du législateur. Beaucoup de nos clients, depuis la mise en application de la loi AGEC, ont l’obligation de s’engager à acheter des produits de seconde main », expose le directeur logistique de SCC France. « C’est pour SCC France une source potentielle de revenus supplémentaires extrêmement importante. Cette capacité dont nous sommes en train de nous doter est à mon sens un levier commercial puissant pour nos équipes business, au même titre que le sont les produits neufs », poursuit-il.
Le client comme phare
Cette capacité doit aussi in fine venir appuyer les ambitions de SCC France en matière de service. La qualité de service est en effet un axe suivi avec grand soin par les équipes logistiques de l’entreprise. Et compte tenu du rôle de sa direction, Jean-Louis Lamidon a fait du “client“ l’un des piliers de sa feuille de route. L’un de ses objectifs réside notamment dans le fait de mieux absorber les variations de la demande. « Nous devons répondre à des problématiques clients dans des délais très courts. Des commandes peuvent arriver à tout moment et selon le type d’opération technique que nous avons à réaliser, nous avons des SLA particulièrement exigeants à respecter », fait-il savoir.
L’activité de SCC France est plus proche d’une activité de grossiste que celle d’un retailer, mais elle fait tout à fait sens. Les demandes clients diffèrent le plus souvent. Le fait de porter assez peu de stocks est donc assez logique
Pour y parvenir, Jean-Louis Lamidon pointe quelques axes de progression en matière d’organisation. Et, contrairement à ce qu’il a précédemment connu lors de ses passages chez Auchan, Bridgestone ou encore Groupe Rocher, Jean-Louis Lamidon doit aussi intégrer de nouvelles façons de faire. SCC France ne fait effectivement pas avec des stocks sur étagère précommandés grâce à des prévisions de ventes et qui attendent que le client se présente. Tout est acheté et commandé au moment où le client transmet sa commande liée à ses besoins récurrents, ou ponctuels. Ainsi, une part significative des entrées d’affaires de SCC France est attachée aux réponses aux appels d’offres et marchés publics, sur lesquels l’ESN a d’ailleurs développé des compétences, des expertises et une organisation spécifique. En résumé, la commande de vente client déclenche chez SCC France la commande d’achat mais aussi le chronomètre associé à ses engagements clients. « L’activité de SCC France est plus proche d’une activité de grossiste que celle d’un retailer, mais elle fait tout à fait sens. Les demandes clients diffèrent le plus souvent. Le fait de porter assez peu de stocks est donc logique. Il nous faut adapter la commande spécifiquement, mais aussi nos flux pour traiter cette activité vraiment particulière. Seules quelques références, des accessoires le plus souvent, restent en entrepôt. »
Il indique par ailleurs que SCC France travaille à l’implémentation d’un SI qui permet de tracker les équipements tout au long de leur vie. « Cela nous permettrait de monitorer les défauts sur chacun des équipements ; de s’assurer qu’une fois retournés, ils soient bien nettoyés, avec un effacement complet des données dans le cadre du RGPD », précise-t-il. La direction logistique accompagne également le déploiement d’une plateforme BtoB par SCC France, laquelle permet aux clients de l’ESN de suivre l’état de leur commande. « Nous contribuons à ce sujet en interfaçant nos systèmes, WMS et TMS demain, à la plateforme BtoB portée par l’entreprise. Les clients pourront y passer toutes leurs commandes et y trouveront ainsi toutes les informations dont ils auront besoin : traitement des commandes, tracking des transporteurs, fiches techniques des produits … », développe Jean-Louis Lamidon.