Solutions et techno

VandB : « Nous avons multiplié par trois notre productivité grâce à la robotisation »

  • Le
  • Robotique

David Piquet est le directeur logistique et transport (depuis 2007) de VandB, enseigne mixant les activités de bar afterwork et cave à vin et bières. Un an après sa mise en route, il dresse un premier bilan de la nouvelle organisation logistique de l’entreprise : construction d’un nouvel entrepôt et déploiement d’une solution automatisée pour les commandes unitaires.

David Piquet, directeur logistique et transport. - © D.R.
David Piquet, directeur logistique et transport. - © D.R.

Propos recueillis par Stéphanie Gallo Triouleyre

Comment est organisée votre logistique ?

Depuis notre siège social de Château-Gonthier, nous gérons toute la logistique pour nos 285 magasins franchisés et intégrés. Nous avons par ailleurs une flotte interne avec 23 chauffeurs intégrés. Ils livrent nos magasins et assurent aussi une partie de nos approvisionnements. Ils font également de la logistique retour puisque 70 % de nos produits sont consignés, en particulier pour la bière. Ils assurent aussi de la ramasse viticole et brassicole chez les producteurs pour notre compte ainsi que du transport de marchandises dans le cadre d’une activité complémentaire de transporteur. Cela permet d’une part d’optimiser le remplissage de nos camions et d’autre part de centraliser toute notre logistique distribution et retour à Château-Gonthier. Cette organisation nous permet d’assurer en interne 90 % de nos besoins de transport, nous complétons avec des sous-traitants pour les pics d’activité et pour l’approvisionnement d’une partie des produits venant d’Allemagne et de Belgique.

Pourquoi ce choix d’un transport intégré ?

Cela nous permet de conserver une souplesse intéressante. Et puis, surtout, d’obtenir un niveau de service que nous ne pourrions probablement pas avoir avec un sous-traitant. Nos chauffeurs connaissent les magasins, ils mettent les palettes directement au bon endroit dans les réserves, ils récupèrent les consignes etc.

Notre logistique a donc dû se renforcer au fur et à mesure de la croissance du groupe

Vous avez investi, en 2023 et 2024, cinq millions d’euros dans une nouvelle plateforme logistique. Quel était le besoin ?

Le réseau a beaucoup grandi ces dernières années. Nous sommes désormais sur un rythme de 15 à 20 ouvertures de magasins (sous franchise) par an. Notre logistique a donc dû se renforcer au fur et à mesure de la croissance du groupe. Jusqu’en 2023, nous avions seulement une plateforme de 12 000 m². Nous avons construit l’année dernière un nouveau bâtiment de 7 200 m² car nous avions besoin de plus de surface de stockage afin de répondre aux besoins de l’ensemble de notre réseau. Cette deuxième plateforme est située juste en face de la première, avec une hauteur de bâtiment de 14 mètres qui nous a permis d’implanter une solution automatisée, en mezzanine, au-dessus de nos quais d’expédition, dans une optique de goods-to Person. Avec cet espace robotisé de 300 m², nous avons 130 étagères mobiles, transportées par cinq robots vers deux stations de picking et d’approvisionnement.

Ce nouvel entrepôt est opérationnel depuis un an environ. Quelle est la plus-value de l’automatisation ?

Elle nous a permis d’avancer significativement. Nous avons regroupé sur cette unité Scallog toute la préparation unitaire de notre activité BtoB et BtoC, ce qui représente 1 500 références environ disponibles à la vente unitaire pour les particuliers et les magasins (sur les 4 500 que nous avons au total). Il s’agit principalement de spiritueux et de sans alcool. Cette automatisation des commandes unitaires nous permet d’optimiser nos flux et de répondre à la croissance importante que nous connaissons sur le sans alcool depuis deux ans.

Désormais, un préparateur peut gérer simultanément 25 à 30 commandes : cela signifie que nous multiplions par trois notre productivité

Désormais, un préparateur peut gérer simultanément 25 à 30 commandes : cela signifie que nous multiplions par trois notre productivité. Le produit vient directement aux opérateurs alors que jusqu’ici ils devaient se déplacer sur 1 200 m². Nous sommes passés de 80 pickings par heure à 240. Le ROI est donc très rapide.

Et sur le reste de ce nouvel entrepôt, quelle organisation, quelles améliorations par rapport à votre fonctionnement précédent ?

Nous avons divisé par deux le chemin de picking pour la préparation de commandes des produits permanents de caisses de bières, de vins et de spiritueux. Le gain est significatif.

Quel est le bilan ?

Nous sommes plutôt satisfaits. Nous avons largement amélioré notre productivité ainsi que - et c’est important - les conditions de travail de nos collaborateurs. Nous devons néanmoins encore travailler sur certains nœuds. Sur les points de chargement par exemple. Sur ce nouvel entrepôt, nous disposons seulement de deux points de chargement et il peut parfois se produire un goulot d’étranglement entre notre propre flotte et les transports externes même si nous avons mis en place des prises de rendez-vous, notamment les vendredis, lorsque nous avons les retours consignes. Nous devons donc adapter nos tournées et les rendre plus souples.

Une option d’un second entrepôt ailleurs en France, plutôt que juste en face du premier, pour réduire les kilomètres a-t-elle été envisagée ?

Oui, mais actuellement ce ne serait pas viable car nous avons une logistique retour très importante ainsi qu’une offre assez large. Il est important de massifier sur un même site. Actuellement, nous avons 3 500 m² dédiés uniquement au traitement de la consigne, les retours sont réexpédiés vers la Belgique ou autre depuis Château-Gonthier. Cela étant dit, la question du dernier kilomètre constituera un prochain jalon, un prochain projet d’entreprise dans les cinq ans à venir. Nous devons d’abord optimiser nos flux ici.

A l’occasion de la construction de cette seconde plateforme logistique, avez-vous réorganisé votre entrepôt historique de 12 000 m² ?

Oui, effectivement. Nous avons désormais un espace de 3 000 m² consacré uniquement aux produits saisonniers (St Patrick, foires aux vins, fête des pères, etc). Jusqu’ici, ces produits étaient mélangés aux produits permanents, ce qui occasionnait des chemins de picking assez longs. Sortir ces produits éphémères et les stocker sur cette cellule, nous a permis de raccourcir le chemin de picking des produits permanents sur notre nouvel entrepôt. Sur le reste de l’entrepôt historique, nous avons aussi une cellule de 5 000 m² dédiée aux futs de bière et de vin. Et donc 3 500 m² pour la consigne.

Nous avons le projet de lancer un WMS dans les deux ans

Vous avez donc des flux de camions entre vos deux entrepôts ?

Oui, c’est exact. Les camions chargent les produits saisonniers sur un entrepôt, l’unitaire et les permanents sur l’autre entrepôt. De ce fait - et nous le savions - nous constatons un peu de perte de performance globale car nos outils informatiques sont dépassés.

Nous avons le projet de lancer un WMS dans les deux ans. Nous ne l’avions pas fait avant car notre réseau n’était pas encore assez mur. Aujourd’hui, c’est le cas, nous pouvons nous lancer sur ce nouvel outil. Le cahier des charges est en cours d’écriture, nous nous donnons quatre mois pour le concrétiser. L’appel d’offres devrait être lancé avant l’été, et l’intégrateur choisi à la rentrée. Nous espérons un déploiement en janvier 2027. Nous allons prendre notre temps car il s’agit d’un très gros projet auquel je veux faire participer les équipes terrain. Je souhaite que cela devienne un vrai projet d’entreprise dans lequel les acteurs seront impliqués et moteurs.

Qu’en attendez-vous ?

Un WMS nous permettra d’avoir un suivi précis et en temps réel de nos franchisés et des stocks, du suivi de nos palettes etc. Aujourd’hui, nous le faisons nous-mêmes mais avec un ERP qui est au bout de ses limites. Nous n’avons pas d’informatique embarquée sur les charriots par exemple, or nous devons jongler entre les deux entrepôts. Nous réussissons grâce à l’expertise des équipes mais il peut parfois y avoir de la perte d’informations entre les équipes et les services. Nous avons vraiment besoin d’outils plus performants.

D’autres points dans votre feuille de route ?

VandB va lancer, en 2026, sa brasserie de bières pils que nos magasins pourront vendre pour des événements associatifs, des festivals etc, avec de la location de tireuses. Nous visons une capacité de production de 100 000 hectolitres pour la première année, qui viendra prendre le relai de volumes que nous achetons pour l’instant en Belgique ou en Allemagne. Cela nous permettra de gagner une semaine de rotation, ainsi que l’aller-retour vers nos fournisseurs de ces deux pays. En 2026, les fûts de nos bières pils reviendront à Château-Gonthier après consommation, seront remplis sur place et pourront repartir vers les magasins en 12 à 24 heures. C’est très important sur le pic d’activité estival, nous serons moins dépendants des délais de transport aller et retour vers nos fournisseurs. Cela va impacter positivement le délai de rotation, notre trésorerie et la disponibilité pour notre réseau.

Avez-vous calculé l’économie en termes de transport ?

Cela va représenter une économie de 150 à 200 camions par an environ. C’est loin d’être négligeable.

Repères

Date de création de VandB : 2001

Chiffre d’affaires groupe : 90 M d’€, 250 M d’€ en intégrant les franchisés

Siège social : Château-Gonthier (Mayenne)

285 magasins franchisés et intégrés

300 salariés dont 80 pour la partie logistique et 23 chauffeurs intégrés