Galam Robotics lève 10 millions d’euros pour accompagner sa montée en puissance
Pour passer un cap significatif, Galam Robotics a levé pas moins de 10 millions d’euros. La startup fondée en 2019 a imaginé une solution logistique totalement inédite, avec l’idée de créer des robots pouvant se transformer selon le cas d’usage logistique comme des blocs de LEGO. La jeune pousse, qui a séduit un acteur du e-commerce, entend désormais accélérer le pas du point de vue commercial et se montre très offensif pour gagner des parts de marché.

Dans le monde de la robotique, Galam n’est encore qu’un novice. Mais la jeune pousse, sortie de terre en 2019, a passé un cap. Du moins, la startup francilienne, établie à Villeneuve-la-Garenne (92), s’en donne les moyens. Grâce à ses talents et à sa solution de stockage, baptisée TAK-ONE, l’entreprise fondée par Jonathan Levy et Samuel Perez, un polytechnicien passionné de robotique, peut en effet espérer voir grand, très grand même. Afin de changer d’échelle, Galam Robotics vient de lever pas moins de 10 millions d’euros auprès de Supernova Invest - via son fonds CAIT, de Bpifrance Amorçage Industriel et de ses investisseurs historiques Polytechnique Ventures et Stéphane Aisenberg. Elle avait déjà levé 500 000 euros en 2020 et 1,1 million d’euros en 2022.
Ce nouveau tour de table est non négligeable pour l’acteur français qui compte bien marcher sur les pas d’un célèbre lillois nommé Exotec. « Cette levée de fonds d’un montant plus significatif que les précédentes marque une étape importante, introduit Samuel Perez. Cela vient notamment témoigner de la maturité technologique qui est la nôtre. C’est une belle reconnaissance de notre travail, d’autant que nous avons depuis notre création tous mis en œuvre pour prouver la validité de nos cas d’usage. » Diablement innovant, Galam Robotics caresse de grands espoirs. Et l’entreprise, qui emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes, le peut incontestablement.
Elle le doit d’ailleurs. Sa récente levée de fonds ne présage en rien de sa potentielle réussite à moyen et long terme, bien sûr, mais elle symbolise aussi une certaine dynamique : l’automatisation dans la logistique est un mouvement d’ampleur qui se poursuit. Et Galam Robotics pourrait en être l’un des principaux artisans dans les années à venir. Sa solution TAK-ONE, que la société présente bien volontiers comme un « Rubik’s Cube géant », se démarque notamment par une compacité impressionnante.
Adapter le robot à son cas d’usage et environnement
Le système, qui optimise à la fois la densité de stockage et le flux généré, notamment dans les espaces inférieurs à 1 000 mètres carrés, s’apparente surtout à une gamme de jouets bien connus : les LEGO. Et pour cause, ses casiers s’assemblent comme tels. En somme, Galam Robotics s’attache à un nouveau concept technologique, celui de la robotique modulaire. L’idée est simple : créer des robots pouvant se transformer selon le besoin comme des blocs de LEGO donc, lesquels peuvent s’assembler à volonté et ainsi venir épouser au mieux son environnement et cas d’usage.
Le projet Galam Robotics, c’est avant tout celui d’une vision technologique précise et novatrice. Ce nouveau type de robot va, j’en suis persuadé, profondément bouleverser la manière dont on pense la robotique
Galam Robotics s’est donc, depuis sa naissance, employé à créer des robots transformables grâce au concept de modularité. La solution de stockage en trois dimensions, véritablement inédite, est ainsi en mesure de gérer de nombreuses commandes simultanément dans un espace deux fois plus petit que les solutions classiques. « Le projet Galam Robotics, c’est avant tout celui d’une vision technologique précise et novatrice. Ce nouveau type de robot va, j’en suis persuadé, profondément bouleverser la manière dont on pense la robotique », explique Samuel Perez. Chose amusante, ce dernier avoue, pour l’anecdote, avoir tiré ses expérimentations de séries et films de science-fiction qui ont bercé sa jeunesse, parmi lesquels Terminator ou la série de films Transformers.
Retour au réel désormais ; l’un des deux automates mis en service pour le moment permet par exemple de traiter jusqu’à 1 000 colis/heure, sur 200 m² uniquement. Celui-ci a récemment été installé dans un entrepôt d’un géant de l’e-commerce dont le nom n’a pas été dévoilé. « Nous travaillons avec ce dernier pour réaliser des buffers logistiques, car la technologie s’y prête parfaitement », précise Samuel Perez. L’autre, le premier, avait été déployé auprès du BHV Marais en 2021. Le Tak-One version BHV comprend près d’une quarantaine de modules dans lesquels se déplacent une trentaine de casiers destinés au click & collect.
Une technologie « tout robot » mature qui ne demande qu’à être déroulée
Notre technologie est mature, elle tient la route. Le moment est donc venu de la commercialiser plus largement, de produire davantage d’unités et d’industrialiser tout le process
Après plusieurs années de travail de R&D, de design et sa première preuve de concept, Galam Robotics souhaite donc désormais accélérer l’industrialisation de son joyau et séduire son petit monde. « Notre technologie est mature, elle tient la route. Le moment est donc venu de la commercialiser plus largement, de produire davantage d’unités et d’industrialiser tout le process, avec toutes les problématiques de scales que cela comporte », admet Samuel Perez. « C’est cette notion de scale qui va nous animer désormais », poursuit-il.
Le défi est de taille pour le Français, mais aussi pour ses partenaires qui devront accompagner la montée en cadence attendue par son jeune donneur d’ordre. Pour concevoir sa solution, la jeune pousse s’appuie en effet sur un réseau de fournisseurs experts et a développé en ce sens une fonction supply chain chargée notamment du sourcing, des achats, des appros ou encore du pilotage de la relation fournisseurs. « Nos bassins de sourcing sont situés en France, en Europe et en Asie. Nos partenaires sont très spécialisés et nous permettent de proposer une solution extrêmement customisable », expose Samuel Perez.
Nous avons constitué et préparé une supply chain efficace en amont pour avoir la capacité de produire plusieurs milliers de modules et de délivrer au moins une dizaine de sites par an
Galam Robotics endosse ainsi le rôle d’ensemblier, en plus de celui de designer, dans son site de 1 500 m². Un modèle qui devra faire ses preuves une fois que le ramp-up paraîtra, mais dans lequel Samuel Perez croit dur comme fer. « Nous avons constitué et préparé une supply chain efficace en amont pour avoir la capacité de produire plusieurs milliers de modules et de délivrer au moins une dizaine de sites par an », assure-t-il. « Si la demande venait à s’accentuer par la suite, nous envisagerons naturellement de s’appuyer sur des partenaires industriels. Notre force d’assemblage pourra en partie être externalisée, déclare Samuel Perez. Nous allons par ailleurs révéler prochainement de nouveaux produits que l’on compte bien déployer en masse. En plus de cas d’usage à débits intensifs nous visons de cas avec moins de volume et de débit pour séduire davantage de monde, à des prix plus abordables. »
La jeune pousse présente déjà, sur son site web, pas moins de quatre architectures différentes - Buffer-One, Pick-One, Cross-One et Store-One - de sa solution, en fonction de différents cas d’usage là encore, pouvant prendre en charge jusqu’à près de 10 000 colis et bacs. Elle revendique des gains de productivité de 30 % à 100 % selon l’infrastructure installée et un gain d’espace du même ordre. Prévoyant de recruter 30 nouveaux éléments cette année, lesquels viendront muscler sa force de vente, ses départements IT et R&D, Galam Robotics espère bien conquérir les cœurs de nombreux retailers et logisticiens. « La grande distribution a fait l’objet de nombreux cas d’usage, aussi bien dans les entrepôts de préparation que dans les drives. C’est évidemment un secteur que l’on convoite car il existe des besoins de buffers », commente Samuel Perez. Appliquer sa solution robotique à l’industrie aux fortes rotations pourrait également constituer un axe de réflexion. Néanmoins, Galam Robotics, par la voix de son fondateur, admet ne pas imaginer l’y déployer dans l’immédiat.
« La logistique se prête extrêmement bien à la robotisation parce qu’il n’y a pas de transformation des objets ; on ne fait que les déplacer. De plus, la logistique comprend de nombreux cas d’usages différents. C’est pourquoi, lorsque nous avons fondé l’entreprise, nous l’avons fait avant tout autour de l’application de la robotique modulaire en logistique. Nous travaillons pour le moment à un autre cas d’usage : celui du traitement de colis volumineux. Notre technologie peut prendre en charge des colis allant de 30cm à 1.60m. Toutefois, il est vrai que nous avions, avant de créer l’entreprise, exploré des choses variées en robotique modulaire, pour des applications à l’industrie, au secteur spatial également, ou encore à la construction - via la création d’échafaudages innovants », révèle Samuel Perez.
La société aura de toutes les manières fort à faire tant la concurrence internationale s’est organisée et mise en ordre de marche. Exotec, régulièrement cité comme modèle par Samuel Perez, a d’ailleurs largement investi le terrain et a dévoilé tout récemment son Skypod 2.0. « Nous suivons évidemment de près ce que fait Exotec. Ses bonnes pratiques peuvent être des sources d’inspiration. Nous avons d’ailleurs pris, à son instar, le même pari : celui d’être un designer et un intégrateur. Nous avons comme Exotec pensé qu’il était important de ne pas être distribué par un tiers au début de l’aventure, de manière aussi à laisser la technologie émerger. C’est un chemin qui fait sens, du moins pour l’instant », nous souffle Samuel Perez. Le Nordiste avait de son côté bouclé, en début d’année 2022, une levée de fonds de 335 millions de dollars. Devenu un mastodonte, l’entreprise emploie 1 300 personnes, dont 200 en R&D, et a dépassé le milliard de dollars de vente en 2024. Des sphères que Galam Robotics atteindra peut-être un jour avec sa solution disruptive.