Solutions et techno

Exotec entre dans une nouvelle ère avec le lancement de sa nouvelle génération de Skypod


Après quatre ans de développement et de test, Exotec a enfin dévoilé la nouvelle génération de son Skypod. Un petit concentré de technologie qui embarque de nombreuses innovations. Et certains ont la chance de pouvoir déjà en profiter. Pas moins de 20 projets ont été signés, dont 14 commercialisés, pour un total de 400 millions d’euros.

Exotec entre dans une nouvelle ère avec le lancement de sa nouvelle génération de Skypod
Exotec entre dans une nouvelle ère avec le lancement de sa nouvelle génération de Skypod

We don’t sell robots, we sell logistics

L’information était restée secrète pendant un long, très long moment. Le jeudi 6 février dernier, Exotec a enfin levé le voile, au sens propre comme au figuré, sur sa dernière innovation de taille. La licorne industrielle française, établie historiquement à Croix (59), commune du Nord de la France, a dévoilé, Porte de Versailles, la nouvelle génération de son célèbre Skypod, ainsi que ses spécificités techniques et technologiques à un large panel de journalistes venu de partout ainsi qu’à ses clients historiques et prospects. Une annonce en grande pompe pour présenter la deuxième vague de sa solution logistique. Parce que oui, Exotec ne vend pas des robots, mais bien une solution logistique complète automatisée de stockage et de récupération (AS/RS). Et ses fondateurs n’ont cessé de le rappeler. « We don’t sell robots, we sell logistics », a défendu et clamé, dans la langue de Shakespeare, Romain Moulin, CEO et cofondateur d’Exotec.

Ce Skypod 2.0, appelé par Exotec « Skypod Next Generation » et qui doit remplacer la première d’ici quelques années, ouvre le champ des possibles. Du moins, c’est sa promesse. Sa conception a été lancée par une problématique liée à la livraison de produits alimentaires de son client Leclerc, plus spécifiquement le Leclerc de Seclin, commune située, comme Croix, non loin de Lille. « Leclerc est venu nous voir pour exprimer un besoin spécifique. L’enseigne de Seclin souhaitait que ses commandes Drive soient livrées bien plus rapidement », a retracé Romain Moulin au cours de la conférence de presse. C’est ainsi qu’Exotec s’est lancé dans l’aventure et s’est employé à développer une solution nouvelle génération capable de répondre et de s’adapter à de nombreuses contraintes : espace réduit, temps de livraison et large diversité de références à stocker et à livrer. Pas moins de deux années de recherche et de préparation en laboratoire ont été nécessaires avant l’essai final en primeur. « Nous voulions éprouver la technologie avant de la déployer plus largement », a insisté Renaud Heitz, CTO et cofondateur d’Exotec. « Les développements software ont été les plus lourds et les plus conséquents. Il était primordial qu’ils soient au point pour faire en sorte que le véhicule soit pleinement exploité », a-t-il ajouté.

Et les gains de performance de la nouvelle installation n’ont pas tardé à se faire remarquer. Le temps d’attente du client sur le drive, à savoir entre l’arrivée du client jusqu’ à son départ avec les courses, était d’environ d’un quart d’heure. Le parcours est désormais estimé à seulement cinq minutes. Les clients s’en retrouvent évidemment (ultra) satisfaits, tandis que le drive de Leclerc Seclin enregistre un niveau de performance insoupçonné. Pas moins de 750 à 900 commandes peuvent être traitées chaque jour désormais, contre 550 à 650 avant installation du Skypod 2.0.

Exotec passe dans une autre dimension, dans tous les sens du terme

Les spécificités de cette nouvelle solution sont nombreuses. Pour commencer, elle s’appuie sur des robots Made in France un peu plus compacts que ceux de la génération précédente, capables de se déplacer sous les racks et de grimper simultanément dans des colonnes adjacentes de 12 mètres de hauteur. Les robots embarquent par ailleurs quatre roues motrices qui leur permettent de changer de direction sans même tourner sur eux-mêmes. Ils affichent une vitesse de 4m/s, sont en mesure d’opérer entre 0 et 40°C et peuvent transporter des contenants de différentes tailles, allant jusqu’à 30 kg. « Ce qui change, c’est avant tout le robot lui-même qui apporte davantage de performance. « Une des fonctionnalités clé de notre système est de pouvoir accéder à n’importe quel bac, a expliqué Renaud Heitz. Le software qui drive ces robots change également et a été largement amélioré ».

La commande et l’inventaire de stocks sont désormais gérés par des robots

La densité de stockage de cette nouvelle configuration s’en trouve également (très) largement améliorée. Taux d’amélioration revendiqué par Exotec : 30 % et à surface égale s’il vous plaît. Rien que ça. Et pour cause, en multipliant les chemins d’accès aux bacs, en supprimant les temps d’attente ainsi que les espaces nécessaires aux croisements des robots et en rendant le quadrillage au sol entièrement navigable, Exotec a fait de son nouveau système un modèle absolu de fluidité. Exit les systèmes de convoyeurs, bienvenu à l’ère du « robot-to-robot », a expliqué Renaud Heitz. « La commande et l’inventaire de stocks sont désormais gérés par des robots », a-t-il poursuivi. À nombre de robots égal, la solution 2.0 d’Exotec voit ainsi les flux augmenter aussi de 30 %. Pas moins de 500 à 600 contenants sur chaque station de travail peuvent être traités par heure. Une prouesse. Ainsi, avec le Skypod Next Generation, Exotec est en mesure de multiplier par 4 le débit de ses clients et d’augmenter de 50 % le nombre de commandes gérées sur une station de travail.

Mais le plus intéressant avec cette nouvelle génération de la solution Skypod, c’est qu’elle est en mesure de prendre en charge à la fois la préparation de commandes au détail et par cartons, ainsi que de multiples fonctions à valeur ajoutée : zone de buffer intégrée, le séquençage des expéditions ou encore l’optimisation des emballages. Cette polyvalence élargit largement le spectre opérationnel de la solution d’Exotec au-delà de la préparation de commandes au détail et permet d’intégrer, de manière native, des opérations logistiques à forte valeur ajoutée qui nécessitent traditionnellement des équipements externes et des sous-systèmes complexes.

Exotec, concepteur mais aussi intégrateur

Environ 80 % des briques de cette nouvelle solution sont apportées par Exotec et le reste (formeuse à carton, balances, check qualité …) est intégré. « Sur la partie software, nous avons capitalisé sur près de 70 % du code de la précédente génération. Sur les composants hardware, le robot ainsi que la picking station sont des nouveautés. En revanche, tous les éléments d’infrastructures (réseaux informatiques, sécurité …) restent les mêmes », souligne par ailleurs Renaud Heitz.

Marquer son monde

Notre technologie a tout pour bouleverser le marché

Après deux ans de développement, cette solution a donc fait l’objet d’un test grandeur nature au Leclerc de Seclin. Un temps plus que bienvenu pour affiner et parfaire sa nouvelle perle. L’objectif : en faire une technologie encore plus marquante que la première sur le marché. Du moins, c’est ce que veut croire Romain Moulin : « notre technologie a tout pour bouleverser le marché », a-t-il soutenu. Lui et Renaud Heitz sont à la tête d’un petit empire qui emploie désormais 1 300 personnes, dont 200 en R&D, et qui a dépassé le milliard de dollars de vente en 2024. Peu diserts sur leur chiffre d’affaires et leur résultat net, les deux fondateurs d’Exotec sont toutefois plus que confiants et assurent voir l’avenir avec sérénité.

Renaud Heitz nous a d’ailleurs confirmé qu’Exotec, qui affiche une croissance exponentielle - parmi les plus impressionnantes au monde - et qui investit en moyenne 10 % de ses revenus en R&D, n’est pas loin de l’équilibre. Pourtant, ce n’est, dans l’immédiat, pas un objectif affiché et assumé. « Nous voulons grandir et pour grandir il nous faut investir massivement, notamment en ressources humaines et en R&D. Et cette stratégie d’investissement porte ses fruits. Le marché est estimé à 30 milliards de dollars, nous avons donc encore les moyens de grandir par un effet d’échelle », a affirmé Renaud Heitz. « Nous devrions enregistrer entre 20 et 30 % de croissance cette année. Et les prochaines années devraient être du même acabit », a-t-il assuré.

En dix ans, Exotec a donc parcouru un chemin considérable. Son premier prototype, conçu en 2015, a laissé place à non plus une mais bien deux générations de Skypod. Et Exotec espère bien entendu que cette nouvelle configuration rencontrera au moins autant de succès que la première. L’entreprise a installé en dix ans son Skypod dans environ 130 entrepôts et a produit plus de 10 000 robots (données de 2024). À cela s’ajoutent désormais une vingtaine de projets, relatifs au système 2.0, qui ont été vendus. Quatorze ont été officiellement commercialisés pour un total avoisinant les 400 millions de dollars. Le tout représente 2 600 robots et 1,5 millions de mètres carrés d’emplacements à installer. Alimentaire, agroalimentaire, retail (mode) ou encore pharmaceutique … tous les secteurs d’activités se sont laissés convaincre par la nouvelle solution d’Exotec.

Aussi bien des clients historiques du groupe, comme le groupe étasunien de vêtements haut de gamme Oxford Industries et le distributeur de fournitures industrielles Grainger, également originaire des États-Unis, que de nouveaux clients se sont laissés tenter. « Les deux premiers systèmes installés et fonctionnels sont en Europe et aux USA. Le troisième le sera sous peu. Nous avons aujourd’hui un business dit récurrent, puisque plus de la moitié des systèmes que nous vendons le sont auprès de clients historiques qui nous font confiance », a fait savoir Renaud Heitz. Si Exotec a attendu deux ans avant de dévoiler son nouveau joyau, c’est aussi pour ne pas tomber dans l’excès de confiance. Bien que sûr de ses talents, le champion français a veillé à demeurer solide sur ses appuis. « Nous n’avions pas forcément intérêt à révéler à la concurrence nos secrets tant que nous n’étions pas prêts à déployer notre solution partout », a exposé pour finir Renaud Heitz.