Stratégie supply

Renault Group : « L’activité sur le site de Villeroy relève presque de ce qui se fait dans le retail »

Par Mehdi Arhab | Le | Industrie

Xavier Lhors, Logistics After Sales Director de Renault Group, revient sur les enjeux qui entourent l’installation de la solution portée par Exotec au sein du site logistique de Villeroy. Ce projet, premier de ce type pour un constructeur automobile, doit permettre de diviser par six le temps de traitement des commandes clients.

Xavier Lhors - © D.R.
Xavier Lhors - © D.R.

Que représente le site logistique de Villeroy pour l’activité après-vente du groupe Renault ?

Ce site est le plus important pour la division après-vente de Renault Group. Le site comprend quatre bâtiments et affiche une surface de plus de 150 000 m². Quelque 110 000 références de pièces de rechange sont stockées sur l’ensemble du site. Ce sont, en tout et pour tout, près de 40 000 lignes de commandes qui y sont traitées chaque jour. Le site délivre plusieurs centaines de clients, concessionnaires et agences, en France, mais aussi dans plusieurs pays européens limitrophes.

Qu’est-ce qu’Exotec va vous permettre d’améliorer ?

Avec la système mis en place par Exotec, une ligne de commande sera désormais servie en 20 minutes. Le gain de temps est considérable

La promesse de cette installation, qui occupe environ 30 % de l’espace d’un des quatre bâtiments, est en somme assez simple. Notre système classique précédent, que nous utilisons encore au demeurant, nous permet de servir une ligne de commande en deux heures. Avec la système mis en place par Exotec, une ligne de commande sera désormais servie en 20 minutes. Le gain de temps est considérable. Les bénéfices sont encore plus nombreux, mais si l’on devait en retenir un, c’est celui-ci.

Sur les 40 000 lignes de commandes que nous servons chaque jour en moyenne, l’installation sera en mesure d’en délivrer la moitié. Elle est même capable, dans les faits, d’assurer le traitement de 40 000 lignes de commandes à elle seule, soit le volume qui est traité par le site actuellement. Mais cela n’a que peu d’intérêt à vrai dire.

Entre 15 000 et 20 000 références seront traitées à travers l’installation Exotec, ce qui est déjà considérable. Elles regroupent les pièces après-vente, c’est-à-dire toutes les pièces que l’on peut retrouver dans un véhicule, aussi bien pour la phase d’entretien que pour des activités réparation.

Pourquoi avez-vous déployé cette solution ?

La surpuissance capacitaire dont je vous parlais précédemment nous préserve et nous permet, dans des cas spécifiques, de gérer des commandes dites non-linéaires

Le premier sujet qui nous travaillait était lié aux notions de vitesse et de gains de productivité. Et cette solution répond parfaitement à notre besoin nominal, compris entre 15 000 et 20 000 lignes de commandes. La surpuissance capacitaire dont je vous parlais précédemment nous préserve et nous permet, dans des cas spécifiques, de gérer des commandes dites non-linéaires. Le réseau reçoit en effet tout un tas de demandes : celles dont l’urgence est avérée, d’autres, classiques, pour lesquelles il n’y a aucune forme d’urgence. Les demandes urgentes, faites souvent à la dernière minute, au cours de l’après-midi, pourront désormais être traitées encore plus rapidement si les clients nous en font part avant 18h. Leurs commandes leur seront alors livrées le lendemain matin où qu’ils soient en France. L’installation nous permet donc de traiter des volumes conséquents et, surtout, d’améliorer notre réactivité et notre agilité. Nous gagnons énormément en flexibilité et efficacité.

Quelles sont les contraintes auxquelles vous faites face avec cette installation ?

La principale est liée au poids et à la dimension des produits traités. Ceux-ci ne peuvent excéder 4 kg. Nous comptons des emballages standards dans lesquels sont déposées les pièces. Si la pièce n’y rentre pas, elle ne peut alors pas être traitée par l’installation. Par ailleurs, disposer des références très peu commandées par nos clients dans cette installation n’a que peu d’intérêt. En effet, l’outil ne pourra donner sa pleine mesure et ne sera pas utilisé de façon optimale. Il sera chargé mais ne traitera que peu de choses en retour, ce qui n’a aucun sens au regard de notre activité. À l’inverse, si nous y introduisons des références qui sont trop souvent commandées, nous passerons notre temps à charger la solution puis à la décharger. Ce n’est évidemment pas souhaitable.

Quelles sont les dates clés qui ont entouré ce projet ?

Nous avons, au cours de l’année 2021, revu notre stratégie de distribution des pièces de rechange pour l’ensemble de nos marques, à savoir Renault, Dacia et Alpine. Cette réorganisation touche les modèles actuels et les plus anciens. Une fois que nous avions décidé d’installer une solution de ce type, en s’appuyant sur le service proposé par Exotec, nous avons enclenché la marche en fin d’année 2022.

Outre l’environnement physique, ce projet a nécessité une importante préparation d’un point de vue informatique. Nous avons dû interfacer Deepsky, le WES d’Exotec, avec les WMS Manhattan que nous utilisons sur le site.

Ce projet a-t-il réclamé un nombre important d’adaptations ?

Digitaliser un certain nombre de process est ce qui nous a permis de mener à bien un tel projet de robotisation, qui est une première pour un constructeur automobile

Forcément. Nous avions en amont implémenté le WMS porté par Manhattan, ce qui constitue en soi un changement important dans notre manière de travailler. Digitaliser un certain nombre de process est ce qui nous a permis de mener à bien un tel projet de robotisation, qui est une première pour un constructeur automobile.

Pourquoi avez-vous jeté votre dévolu sur Exotec ?

Le fait qu’Exotec soit un acteur français a sans doute joué dans notre esprit. Mais notre choix a surtout été guidé par l’ingéniosité de la solution, son efficacité. Notre activité sur le site de Villeroy relève presque de ce qui se fait dans le secteur du retail et Exotec a accompagné bon nombre d’acteurs du milieu. De fait, la solution nous a paru complètement adaptée à notre besoin. La proposition de valeur et le service proposé par Exotec nous paraissent être les meilleurs pour notre environnement. Le rendement de la solution était pour nous un indicateur clé et un élément de choix de premier plan.

D’autres investissements de ce type sont-ils à l’étude ?

Déployer une installation Exotec sur un autre de nos sites comme nous l’avons fait à Villeroy n’aurait aucun intérêt compte tenu de la faiblesse relative des volumes de flux qu’ils traitent

Cette installation donne des idées auprès de beaucoup et au sein même du groupe. Nous comptons deux autres sites, moins importants, en France et une vingtaine d’autres dans le monde. Toutefois, le plus gros d’entre eux ne livre que 5 000 à 7 000 lignes de commandes par jour. Déployer une installation Exotec comme nous l’avons fait à Villeroy n’aurait aucun intérêt compte tenu de la faiblesse relative des volumes de flux qu’ils traitent. Le dimensionnement de l’activité d’un site à un autre est totalement différent. Chacun a ses spécificités. Il faudrait donc plutôt se tourner vers des installations d’un autre type, bien plus adaptées au besoin de nos autres sites.

Il n’est pas question d’automatiser pour automatiser, mais bien de trouver des leviers de performance certains qui nous permettent de gagner en efficacité

Des réflexions sont d’ailleurs en train d’être menées à ce sujet. Il peut être intéressant de recourir à des solutions de robotisation pour améliorer des process ciblés et/ou activités spécifiques. Mais il est important de rappeler que la robotisation doit s’inscrire dans des objectifs précis ; il n’est pas question d’automatiser pour automatiser, mais bien de trouver des leviers de performance certains qui nous permettent de gagner en efficacité et d’améliorer les conditions de travail de nos équipes.

Justement, comment se matérialise votre accompagnement en matière de RH ?

L’implantation de cette solution a été décidée par suite d’une hausse importante des activités sur le site de Villeroy. Aucun des 504 individus qui travaillent au sein du centre logistique ne voit et ne verra son emploi menacé. Pour tout vous dire, nous recrutons. C’était une vérité avant le déploiement de la solution et ça l’est encore aujourd’hui. Les robots ne prendront pas le pouvoir sur le site et ne sont pas là pour voler l’emploi de qui que ce soit, mais bien pour aider le site à monter encore en cadence. Un important travail a été mené par l’équipe de management du site auprès de nos collaborateurs, aussi bien en matière de communication que de formation. Et nous allons continuer à les accompagner et leur expliquer ce qui doit l’être pour les aider et les rassurer.