Stratégie supply

Téréva : « Nous avons accéléré notre maillage logistique ces trois dernières années »

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Arnaud Dessale pilote la supply chain de Téréva, entreprise spécialisée dans la distribution professionnelle en génie climatique, sanitaire, plomberie, électricité, solaire et outillage. Téréva est par ailleurs la locomotive du groupe familial aindinois Martin Belaysoud, dont l’un des dirigeants n’est autre que Patrick Martin, le président du Medef. Téréva est en train de construire, en Mayenne, l’une de ses plus grandes plateformes logistiques.

Arnaud Dessale, directeur supply chain de Téréva. - © D.R.
Arnaud Dessale, directeur supply chain de Téréva. - © D.R.

Propos recueillis par Stéphanie Gallo Triouleyre

Téréva et le groupe Belaysoud en chiffres

chiffre d’affaires groupe Belaysoud : 1,17 milliard d’euros

Effectif groupe Belaysoud : 3 060 personnes

Chiffre d’affaires Téréva : 865 millions d’euros

Effectif Téréva : 2 300 personnes

Téréva investit 30 millions d’euros dans la construction d’une nouvelle plateforme logistique de plus de 36 000 m², dans le département de la Mayenne qui devrait être livrée au printemps 2025. Quels sont les enjeux et les ambitions de ce nouvel asset logistique ?

Pour l’instant, nous avons cinq plateformes logistiques : à Pusignan (près de Lyon), Brive-la-Gaillarde, Ris-Orangis, Caen et Rouen. Les trois dernières sont assez anciennes, en revanche, celle de Pusignan a ouvert en 2020 d’une surface 32 000 m² et celle de Brive-la-Gaillarde en 2021 sur 30 000 m².

Cette nouvelle plateforme, près de Laval en Mayenne, s’inscrit dans la continuité de notre nouvelle stratégie de maillage du territoire. Cette stratégie vise d’une part à répondre aux problématiques de saturation des sites existants, puisque la société se développe vite, d’autre part à améliorer notre service client et enfin à améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs. Cette nouvelle base logistique nous permettra de mieux desservir l’Ouest de la France.

Avec ce dernier investissement, estimez-vous être arrivé à l’organisation optimale ?

Nous avons encore quelques pistes pour aller un peu plus loin dans ce nouveau schéma directeur logistique. Cependant, je ne peux pas vous en dire plus à date, nous n’avons pas suffisamment avancé.

Vous parliez d’amélioration de votre service client comme une des raisons principales de cette organisation logistique. Dans votre métier de la distribution professionnelle, le sujet du délai de livraison est un argument vraiment différenciant ? Livrer à J+1 ou à J+2, cela fait vraiment une différence commerciale ?

Oui, très clairement. Notre engagement est de livrer à J+1 sur la totalité de nos référencements stockés y compris les produits photovoltaïques. Parmi ces référencements, nous avons des petits produits mais aussi des articles beaucoup plus encombrants comme des pompes à chaleur par exemple. Pour ces références, nous devons être plus proches de nos clients et de nos 170 agences commerciales.

Avec la plateforme de Laval, nous allons bientôt pouvoir livrer en J+1, quasiment dans toute la France

Avant cette stratégie de maillage territorial engagé en 2020, vous n’étiez donc pas en mesure d’assurer un J+1 ?

Pas de partout effectivement. Jusqu’en 2020, nous avions donc quatre plateformes et quelques gros dépôts. Avec deux limites à cette organisation : un problème capacitaire et un problème d’outils et d’équipements logistiques qui ne nous permettaient pas d’assurer de partout des expéditions quotidiennes. Il fallait à la fois que nous ajoutions des m² et des équipements. Désormais, l’activité de ces dépôts a été transférée dans nos nouvelles stations logistiques. Il y aura encore quelques optimisations à faire mais, avec la plateforme de Laval, nous allons bientôt pouvoir livrer en J+1, quasiment dans toute la France.

Comment sont assurées ces livraisons justement ?

Tout est intégré. De la même manière que nos plateformes sont opérées par des salariés Téréva, les transports sont également internalisés avec nos propres camions et nos propres collaborateurs. Tous les jours, nous avons 160 poids-lourds qui tournent pour livrer nos agences ou nos clients directement (1 500 à 2 000 stops par jour). Dont plusieurs porteurs électriques. Une grande partie de notre flotte fonctionne par ailleurs au bio-carburant.

Nous tenons à cette flotte interne, même si elle complétée à la marge par des prestataires, car elle permet de maintenir un relationnel direct avec le client

Nous tenons à cette flotte interne, même si elle complétée à la marge par des prestataires, car elle permet de maintenir un relationnel direct avec le client. La plupart du temps, quand nous livrons nos clients, ils sont absents car ils sont sur leur chantier. Dans ces conditions, il est nécessaire d’avoir une relation de confiance forte. Et lorsque nous livrons directement sur les chantiers, les emplacements sont parfois difficiles à trouver car il n’y a parfois pas encore d’adresse. Ou alors les accès sont compliqués. Ces aléas sont difficiles à gérer quand on fait appel à un prestataire. Et d’ailleurs, dans nos enquêtes de satisfaction, nous constatons que ce mode de livraison représente un motif fort de satisfaction de la part de nos clients. La plupart de nos concurrents n’ont pas de flotte interne ou, en tout cas, ont une part de flotte intégrée beaucoup plus faible. Idem concernant la logistique d’ailleurs.

Quelques détails sur cette nouvelle plateforme près de Laval, dont vous avez lancé récemment la construction ?

C’est donc 36 000 m², 30 000 emplacements palette, 15 000 références, une zone de grande hauteur pour les petits produits avec donc des préparateurs embarqués sur chariots. Cette plateforme sera équipée de 61 quais, ce qui nous permettra d’organiser nos départs de camions par tournée, de panneaux solaires, d’un système de traitement des eaux etc. Nous visons la certification Bream very good. A terme, en pleine charge, elle accueillera 150 collaborateurs.

Cela représente un investissement de 30 millions d’euros environ. Les deux précédentes plateformes construites depuis 2020 se situaient dans des enveloppes similaires. Cela signifie un investissement significatif de la part du groupe. Il permet de s’aligner sur les exigences de nos clients mais aussi sur celles de nos collaborateurs en matière de qualité de vie au travail.

Quelle est votre feuille de route pour les prochaines années ? Comment pouvez-vous, avec vos équipes, influer sur la performance globale de l’entreprise ?

Dans le périmètre de mon poste, accompagné de près de 600 collaborateurs, je gère les approvisionnements, les prévisions des ventes, la gestion des flux, la logistique, le transport et les projets/amélioration continue. Des leviers de performance sont identifiés sur chacun de ces axes. Sur la logistique, il s’agit du maillage territorial.

Sur la partie approvisionnements, à court et moyen terme, avec l’équipe approvisionnement nous souhaitons intégrer des modules d’intelligence artificielle dans les outils de prévision des ventes et sur le calcul de dimensionnement des stocks.

Concernant les transports, il s’agit aujourd’hui de travailler à la migration de notre flotte vers des véhicules à faible émission de gaz à effet de serre. Téréva a signé la charte « Objectif CO2 ». Depuis la fin de l’année dernière, chaque semestre, nous faisons des calculs d’avancement pour vérifier que nous respectons bien nos engagements. Sur les méthodes/projets, l’enjeu est d’améliorer encore la sécurité des collaborateurs. Globalement, mon fil rouge est de créer de la valeur durable.

Sur les 1 000 références les plus consommées, nous promettons à nos clients un zéro rupture de stock

Un engagement fort de Téréva, original dans votre secteur d’activité, dépend directement de votre périmètre d’action : le zéro rupture de stock. Expliquez-nous.

Effectivement, je pense que nous sommes les seuls à faire cette promesse que nous appelons le « Pack Confiance ». Sur les 1 000 références les plus consommées, nous promettons à nos clients un zéro rupture de stock. Sinon, nous nous engageons à rembourser 100 % du prix du produit. La liste des produits est disponible sur notre site internet. Cet engagement existait depuis quelques années chez Téréva mais nous l’avions mis en sommeil depuis la crise Covid. Nous venons de le relancer à la rentrée de septembre et je suis assez fier de dire que nous avons de très bons résultats.

Portrait

Arnaud Dessale occupe les fonctions de directeur supply chain de Téréva depuis deux ans et demi. Il travaille au sein du groupe Belaysoud depuis vingt ans, avec un parcours dans les directions approvisionnements sur différents périmètres géographiques ou d’autres entités du groupe comme Mabéo Industries.