Stratégie supply

Driftshop : la culture de la gagne, du sport automobile à la supply chain

Par Guillaume Trecan | Le | Retail

L’e-commerçant alsacien spécialisé dans la distribution d’équipements de sport automobile, Diftshop inaugure une plateforme logistique de 1 000 m2 de dernière génération, automatisée avec un système Scallog. Un moyen d’absorber sa forte croissance et de gagner en productivité tout en contrant les difficultés de recrutement.

Steve Leiber, directeur général opérations de Driftshtop. - © D.R.
Steve Leiber, directeur général opérations de Driftshtop. - © D.R.

Depuis la création de Diftshop en 2010 par Aurélie Koening, Nicolas Koening et Steve Leiber, la société n’a cessé de croître, jusqu’à proposer aujourd’hui sur son site internet plus de 200 000 références dont plus de 10 000 stockées qui sont livrées à J+1. « Nous avons toujours eu ce niveau de performance, même au tout début. A l’origine, nous avons commencé dans le fond du garage. Au bout de deux ans, nous avons acheté notre première cellule de 225 m². Au fur et à mesure des années, nous avons racheté les cellules voisines dans le même bâtiment. Jusqu’à l’achat, aujourd’hui, de ce grand bâtiment de logistique », explique Steve Leiber.

Basé dans les environs de Mulhouse, Diftshop réalise 22 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 40 collaborateurs dont la moitié travaillent dans la logistique. La société s’est d’abord développée à Berrwiller, avant l’achat de son nouveau bâtiment logistique, à quelques kilomètres de là, à Ensisheim. Driftshop remplace ainsi un total de 3 000 m2 exiguës sur trois niveaux par un bâtiment plus rationnel sur 1 000 m2, équipé d’un système de robotisation Scallog constitué de 250 étagères mobiles transportées par 14 robots vers trois stations de picking et réapprovisionnement.

1 000 colis expédiés par jour, réceptionnés sous 24 à 48 heures

Steve Leiber, mécanicien de métier et pilote (champion d’Europe de Drift en 2021) occupe les fonctions de directeur général en charge des opérations, tandis que ses associés, Aurélie et Nicolas Koening ont respectivement sous leur responsabilité les finances et l’informatique. La société expédie en moyenne 1 000 colis par jour, « cela va du petit colis qui tient dans la main au grand colis de 2 mètres de haut », précise Steve Leiber. Des colis expédiés à 40 % hors de France, principalement en Europe, avec une promesse de réception par le client sous 24 à 48 heures.

Ce qui nous a fait basculer vers le choix de la robotisation, ce sont avant tout les problèmes de recrutement

En divisant le temps de traitement des colis par deux ou trois, l’investissement dans le système Scallog, d’un montant de 800 000 euros, va permettre à Driftshop d’absorber une croissance moyenne annuelle de 25 % à 30 % de son activité, marquée dernièrement par l’acquisition de l’équipementier BPS Racing. « Ce système va nous permettre d’augmenter la cadence d’expédition des colis et nous dispenser d’avoir à recruter des personnes supplémentaires pendant un certain laps de temps », explique Steve Leiber. « Ce qui nous a fait basculer vers le choix de la robotisation, ce sont avant tout les problèmes de recrutement », explique le dirigeant de l’entreprise, qui défend la politique RH prudente de l’entreprise. « Nous avons une équipe forte et soudée et très peu d’intérim. L’intérim est pour nous essentiellement une manière de trouver nos nouvelles recrues », explique-t-il.

La polyvalence des postes pour éviter une routine démotivante

Pour estimer l’efficacité à attendre d’un projet de mécanisation, Steve Leiber a mesuré que son meilleur préparateur peut parcourir jusqu’à 19 kilomètres par jours. Le déploiement de la solution robotique « Goods to Person » Scallog permet donc, à la fois de gagner en productivité en transférant le temps passer en déplacement vers des tâches productives, tout en limitant la pénibilité du travail. Pour éviter que le rapport au robot déshumanise le travail, la direction va miser sur la polyvalence, entre picking, emballage ou consolidation. « Nous avons une bonne équipe et nous ne voulons pas lui imposer une routine démotivante », analyse Steve Leiber. Une part de 20 % des références les plus volumineuses continuera d’ailleurs à être traitée manuellement.

L’automatisation de l’entrepôt de Driftshop va aussi permettre de limiter les erreurs, sachant que la recherche des pièces dans le stock dépend entièrement de la connaissance du stock par les préparateurs. « Cela signifie que lorsque nous devons former quelqu’un c’est très long. Pour un opérateur au picking sur notre nouveau système robotisé, il suffit d’une demi-heure pour maîtriser les choses », constate Steve Leiber.

Moins d’un an entre le choix et l’utilisation du système

On retrouve d’ailleurs ce même principe de vitesse d’exécution dans le déroulement du projet. Steve Leiber a commencé à rechercher son système de robotisation en juillet 2023. L’achat du nouveau bâtiment qui s’est avéré plus lourd et plus long que celui du système Scallog a repoussé le projet, qui s’est finalement concrétisé en six à huit mois. Les robots de picking sont actuellement en place, les interfaces de discussion entre le WCS de Driftshop et celui de Scallog sont encore en cours de développement.

Une fois que nous aurons passé cette étape, les équipes informatiques vont se pencher sur l’utilisation de l’IA pour améliorer l’efficacité du service client

En matière de système d’information, les fondateurs de Driftshop misent sur des principes d’autonomie et de réactivité. En plus de ce système, les équipes de Dirftshop ont ainsi développé en interne un système pour visualiser les références au sein du stock et guider notamment les palettiers vers le 20 % de références trop volumineuses pour être traitées par le système Scallog.

La suite va d’ailleurs concerner ces équipes informatiques. « La question RH nous a amenés à réfléchir d’abord à la robotisation. Une fois que nous aurons passé cette étape, les équipes informatiques vont se pencher sur l’utilisation de l’IA pour améliorer l’efficacité du service client », poursuit le dirigeant fondateur de l’entreprise », se projette Steve Leiber.