Courir : un nouveau site logistique pour atteindre le milliard d’euros de revenus
Par Guillaume Trecan | Le | Retail
L’enseigne Courir, spécialisée dans la vente de chaussure de sport, a investi 30 millions d’euros dans un nouveau site logistique à Montierchaume, près de Châteauroux, opéré par ID Logistics. La moitié de cet investissement porte sur la mécanisation, qui permet de traiter 80 000 pièces par jour et à terme 200 000.
Sur un marché des sneakers, en croissance de 5 % depuis le Covid, Courir affiche des ambitions dont la trajectoire doit aller des 515 millions d’euros de revenus de 2021 à un milliard d’euros en 2026. Une progression vertigineuse, depuis les 150 millions d’euros de 2014, rendue possible par le soutien du fonds Equistone qui a racheté l’enseigne en 2019 à Go Sport. L’année 2022 représente une étape importante, avec ses 600 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais surtout l’ouverture en avril dernier d’un nouveau site logistique aux environs de Châteauroux. Un site dans lequel l’enseigne a investi 30 millions d’euros, dont 15 millions d’euros dans la mécanisation.
Notre précédent site, à quelques kilomètres d’ici n’était pas très adapté au e-commerce
Le précédent, également près de Châteauroux et déjà opéré par ID Logistics depuis 2003, ne disposait pas d’un niveau d’automatisation suffisant, notamment pour répondre aux exigences de l’e-commerce. « Notre précédent site, à quelques kilomètres d’ici n’était pas très adapté au e-commerce. Cette dimension n’avait pas été intégrée à l’époque de sa conception », admet Yves Simon de Kergunic, directeur informatique et supply chain du groupe. C’est chose faite : alors que le traitement d’une commande en e-commerce prenait 24 heures sur l’ancien entrepôt, le nouvel outil logistique de Courir permet aujourd’hui de le faire en une demi-heure. Pour ID Logistics, l’engagement est d’expédier à J+1 70 % du flux arrivant sur site, soit 80 000 pièces par jours.
Une conversion tardive et raisonnées à l’e-commerce
Courir ne s’est converti que tardivement et partiellement à l’e-commerce. L’enseigne n’a créé son site e-commerce qu’en 2014, en même temps qu’elle lançait son réseau de boutiques affiliées, qui sont aujourd’hui 70 en France. Un réseau dont Courir porte le stock. Entre temps, forte des nouveaux moyens apportés par Equistone, elle a continué de développer son réseau de magasins, qui sont actuellement 312 en Europe, auxquelles s’ajoute une quarantaine de points de vente en master franchise hors d’Europe. Pour les années à venir, l’international est très clairement inscrit comme un moteur de croissance. L’objectif est d’y réaliser 25 % de ses revenus à terme, au rythme de l’ouverture d’un nouveau pays par an.
S’il y avait moins d’intérêt pour les magasins, cela signifierait qu’il y aurait moins d’intérêt pour les produits
En ce qui concerne l’e-commerce, qui compte aujourd’hui pour 20 % de son activité, après avoir été multiplié par trois depuis 2019, le président de Courir, Pierre Chambaudrie entend continuer à progresser, mais raisonnablement. Là aussi, la cible ne dépasse pas 25 %. « S’il y avait moins d’intérêt pour les magasins, cela signifierait qu’il y aurait moins d’intérêt pour les produits que nous vendons et qu’ils deviendraient une commodité », remarque-t-il.
4 à 5 % de l’activité via l’Order in Store
Cette approche raisonnée du e-commerce n’empêche pas la marque de se donner les moyens de l’omnicanalité, tout comme elle a largement adapté son nouveau site logistique aux exigences de réactivité et de flexibilité du e-commerce. Le click & collect et le Ship From Store ont été introduits en 2021, l’Order in Store représentant aujourd’hui 4 à 5 % de l’activité. La direction informatique et supply chain a pour cela déployé un outil sur mesure conçu par Socloz. Aujourd’hui l’activité Ship From Store est totalement intégrée dans le revenu des magasins, réapprovisionnés trois à quatre fois par semaine, tous les jours pour les plus grandes boutiques. Les capacités de stockage demeurent un point clé et représentent en moyenne un tiers de leur surface.
En ouvrant ce site à 5 kilomètres du précédent site, nous avons eu la possibilité de conserver les équipes
Si le nouveau site logistique de Montierchaume change beaucoup de chose pour Courir, le fait que sa localisation à Châteauroux n’ait pas été remise en cause est un atout indéniable sur le plan des ressources humaines. « En ouvrant ce site à 5 kilomètres du précédent site, nous avons eu la possibilité de conserver les équipes », note Yves Simon de Kergunic. Le site logistique de Montierchaume emploie actuellement 160 personnes, dont une trentaine recrutée depuis son ouverture, auxquels vont s’ajouter une douzaine de postes à pourvoir dans l’année.
Sa mise en route est intervenue à peu près un an après le lancement de l’appel d’offres remporté par ID Logistics fin 2019. Le transfert d’un site à l’autre a pris environ quatre mois, fournisseurs par fournisseur (55 approvisionnent actuellement la plateforme logistique), avec un coup d’accélérateur imprévu en juillet, lorsqu’un orage de grêle a sérieusement endommagé la toiture de l’entrepôt historique.
Un fort degré d’automatisation est des datas à la clef
Il présente 23 000 m2 de surface en développé (contre 33 000 m2 pour l’ancien site) et près de 17 000 m2 au sol, avec une réserve foncière de 12 000 m2. Il a été pensé pour pouvoir traiter jusqu’à 200 000 pièces par jour. « Tout le chemin logistique a été repensé », explique le directeur informatique et supply chain. « A partir du moment où le carton a été déposé sur un convoyeur, il est traité largement par le système mécanisé. Il est scanné, mesuré, pesé, comparé. En cas de problème, il est traité par un bras d’éjection. Si les cartons permettent de constituer une palette complète, il est conduit dans une zone pour cela, si ce n’est pas le cas, il part dans une autre zone, avant d’être groupé avec d’autres cartons. Tout a été pensé depuis la réception pour avoir le contrôle et la traçabilité de toutes ces opérations », détaille Yves Simon de Kergunic.
Robot de découpe automatique des coiffes de carton
Beaucoup des innovations déployées à Montierchaume sont destinées à améliorer les conditions de travail. C’est le cas par exemple d’un robot qui découpe automatiquement les coiffes des cartons évitant le risque inhérent à la manipulation répétée d’un cutter. C’est également le cas des Smart Lockers, des casiers dans lesquels les opérateurs déposent leurs terminaux, au sein desquels ils sont désinfectés par ultraviolet. Dans l’ensemble l’organisation du travail réduit au minimum les déplacements des préparateurs de commande, là où, sur l’ancien site, ils parcouraient en moyenne quinze kilomètres par jour.
Dernière originalité de ce projet, le contrat passé par Courir avec ID Logistics prévoit que Courir, qui détient le bail du bâtiment soit propriétaire à terme de la mécanique pour garder la maîtrise de l’outil quels que soient les aléas de ses relations avec son prestataire logistique. Dans cette contractualisation, Courir a été accompagné par le cabinet Diagma.
Des gares A+ avec 700 références changées chaque soir
« Quand nous avons analysé les portefeuilles de commandes pour les magasins, nous nous sommes rendu compte qu’ils se reproduisent assez peu de jour en jour, il était donc très difficile de définir des références A+ », rappelle Yves Simon de Kergunic. Une zone a donc été conçue composée de 14 gares A+ et 700 références où, chaque soir, l’outil informatique détermine, en fonction du portefeuille de commande, les 700 références A+ du lendemain et les implante dans les gares A+. Le jour dit, pour répartir ces commandes dans les gares, les opérateurs sont guidés par un système de signaux lumineux « put to light ».
Les chiffres clés de la mécanisation du site logistique de Courir :
Alors que le marché des sneakers est en croissance de 5 % depuis le Covid, Courir affiche des ambitions dont la trajectoire doit aller de 515 millions d’euros de revenus en 2021 à un milliard d’euros en 2026.
L’ouverture en avril dernier d’un nouveau site logistique aux environs de Châteauroux représente un facteur clé de cette croissance espérée. L’enseigne a en effet investi 30 millions d’euros sur ce projet, dont 15 millions d’euros dans la mécanisation.
Alors que le traitement d’une commande en e-commerce prenait 24 heures sur l’ancien entrepôt, le nouveau site logistique permet désormais de le faire en une demi-heure. Il a été pensé pour pouvoir traiter jusqu’à 200 000 pièces par jour.
Pour en savoir plus sur les ambitions de Courir, retrouvez l’interview de Yves Simon de Kergunic.