Verkor commence à structurer sa supply chain pour accompagner sa croissance
Par Mehdi Arhab | Le | Industrie
Verkor, toute jeune startup industrielle dont l’objectif est de produire de batteries bas-carbone haute performance pour véhicules électriques, a décidé de façonner sa supply chain, à moins de deux ans de l’ouverture de sa gigafactory dans le nord de la France. Une mission confiée à Thierry Figeac, nouveau directeur des achats et de la supply chain.
Fondée en 2020, Verkor est une startup industrielle dont l’objectif est de produire de batteries bas-carbone haute performance pour véhicules électriques en France afin de servir l’ensemble du marché européen. La jeune pousse française emploie pour le moment près de 300 personnes. Elle a intégré le programme French Tech Next 120 et a rejoint le cercle des 40 entreprises tricolores les plus prometteuses de l’année (Next 40).
Après avoir levé 100 millions d’euros en 2021, Verkor a mené un nouveau tour de table en fin d’année 2022, avec, à la clé, un financement de 250 millions d’euros pour son centre technologique, le Verkor innovation center (VIC). D’une surface de 15 000 m2, il est situé à Grenoble et est constitué d’un laboratoire de R&D pour la conception de batteries, d’une ligne de production pilote intelligente d’une capacité de 150 MWh par an et d’un centre de formation pour répondre au besoin croissant de main-d’œuvre spécialisée dans le secteur des batteries.
Installer la supply chain au bon niveau
Les limites de la supply chain doivent encore être définies
Pour poursuivre comme il se doit sa structuration, Verkor a nommé en janvier dernier Thierry Figeac au poste créé de directeur achats et supply chain groupe. Rattaché au CEO de Verkor, Benoit Lemaignan, il est membre du comité de management de l’entreprise. Si quatre personnes lui rapportent sur la partie achats, aucune ne lui est pour l’instant reliée sur la partie Supply Chain, qui se construit peu à peu. « En plus de s’assurer que nos choix sont pertinents, aussi bien d’un point de vue achats que supply chain, je dois tracer les contours de notre direction stratégique. Les limites de la supply chain doivent encore être définies », trace Thierry Figeac.
Dès lors, son principal enjeu n’est autre que l’installation d’une supply chain robuste, efficiente, sécurisée et compétitive. « Il nous faut avoir une vision à long terme. Cela passe par des analyses poussées du marché et des fournisseurs de rangs deux et trois, pour in fine mieux se projeter sur les dix à quinze prochaines années, s’assurer des réservations de capacités et développer des solutions innovantes », explique-t-il.
Des ambitions et volumes de production importants
Sur la base de ce qui est fait au sein de son centre technologique et d’innovation, Verkor prévoit l’ouverture d’une immense usine de 500 000 m2 sur le site du port de Dunkerque, dans les Hauts-de-France. Devant être opérationnelle dès le début de l’année 2025, elle sera dans un premier temps dotée d’une capacité de production de 16 GWh de cellules lithium-ion par an. Elle devrait ainsi pouvoir équiper au moins 300 000 véhicules électriques (dont les futures Alpines du groupe Renault, qui détient 20 % du capital de Verkor), générant plus de 1 200 emplois directs.
Une de mes activités actuelles est de rencontrer un certain nombre de nos investisseurs et banquiers afin de les rassurer sur la robustesse de notre projet et de notre supply chain
D’ici à 2030, Verkor estime la capacité de production de sa gigafactory à 50 GWh. Mais pour qu’elle sorte de terre, Verkor doit lever des fonds et Thierry Figeac joue un rôle de premier plan pour aider son entreprise à parvenir à ses fins. « Une de mes activités actuelles est de rencontrer un certain nombre de nos investisseurs et banquiers afin de les rassurer sur la robustesse de notre projet et de notre supply chain. Le plus important est de la sécuriser au plus vite pour répondre à leurs attentes et pouvoir finaliser notre troisième levée de fonds cette année », décrit-il.
Un bassin de sourcing à peaufiner
Se voulant d’un modèle vertueux d’entreprise, Verkor revendique un avenir technologique propre et local. Le groupe assure d’ailleurs que ses batteries fabriquées en France auront une empreinte carbone quatre à cinq fois moins importante que celles produites en Asie. Une performance rendue d’une part possible grâce au « mix énergétique français à faible teneur en carbone » et, d’autre part, au moyen d’un travail important en matière de sourcing dans le choix des composants de la batterie. « Nous nous sommes engagés à utiliser jusqu’à 50 % de matériaux recyclés dans la composition de nos batteries en 2030 », expose notamment Thierry Figeac, avant de poursuivre.
« Nous avons établi un code de conduite, que nous soumettons à nos fournisseurs et sur lequel ils s’engagent. Nous nous assurons comme cela de ne jamais privilégier un produit qui ne serait pas vertueux, afin d’être aligné avec ce que nous annonçons ».
Toutefois, si le bassin de sourcing du groupe est en partie concentré en Europe, certains fournisseurs du groupe restent assez éloignés. Thierry Figeac espère les convaincre de se rapprocher afin de satisfaire une partie des objectifs environnementaux de Verkor. « La localisation de nos fournisseurs est un vrai sujet. Nous veillons à ce qu’ils soient proches de notre future gigafactory. Certains d’entre eux sont toutefois éloignés géographiquement. Nous voulons les accompagner et les aider à être au plus près de notre usine pour réduire l’empreinte environnementale de leur transport. Un travail a déjà été opéré avec certains de nos fournisseurs à ce sujet pour simplifier notre supply chain et nos flux », indique-t-il.