La performance logistique, un atout majeur pour Bigben
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
Le spécialiste du divertissement numérique Bigben commence à tirer les premiers gains de l’automatisation de son entrepôt européen situé dans le Nord. Ce nouvel outil lui permet de quintupler sa capacité de traitement et de gagner en réactivité pour s’adapter aux variations de la conjoncture. Entretien avec François Penin, directeur général de Bigben Logistics.
Fondé en 1981, le groupe Bigben, qui réalise 295 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 1 300 salariés, est une solide PME française qui joue dans la cour des grands, dans la distribution d’accessoires de son, de jeux vidéo, de TV et de téléphonie. C’est un distributeur, mais également un fabricant qui conçoit la moitié de ses produits, les fait fabriquer et a déposé plusieurs brevets. Fleuron des marques du groupe, Nacon conçoit des accessoires de gaming et édite des jeux vidéos. Sur le segment des accessoires de téléphonie, Bigben réalise également 55 % de son activité avec des propres produits sous ses marques ou des marques tierces et 45 % en négoce.
Dans ce contexte ultra-concurrentiel, la performance logistique est considérée comme un atout majeur pour le groupe. « Depuis la fondation de l’entreprise en 1986, le président du groupe Bigben, Alain Falc, a toujours axé son service autour de la logistique et des achats, afin d’être toujours meilleur que le marché en termes de coûts et de prestation globale. Nous nous devons de performer en la matière pour nous distinguer de nos concurrents », explique François Penin, directeur général de Bigben Logistics.
Nous avons réintégré la logistique chez nous, de façon à pouvoir à la fois rationnaliser le flux de produits, diminuer les coûts et favoriser les approvisionnements
La filiale Bigben Logistics a été créée pour centraliser le pilotage logistique des produits du groupe, avec une équipe de 53 collaborateurs qui s’appuie sur un entrepôt unique de 29 000 m2 pour l’Europe, à Lauwin-Planque (59). Les outils logistiques dont le groupe disposait en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en Espagne y ont été concentrés. « Nous avons réintégré la logistique chez nous, de façon à pouvoir à la fois rationnaliser le flux de produits, diminuer les coûts et favoriser les approvisionnements », décrypte François Penin.
Un investissement de sept millions d’euros
Cet entrepôt de Lauwin-Planque a été doté d’une première ligne de préparation de commandes automatisée en 2007, avec Savoye. Un second investissement vient d’être réalisé, d’un montant de sept millions d’euros, toujours avec Savoye. Il s’agit d’une installation « goods-to-person » composée de 54 robots qui agissent sur 44 000 bacs de rangement, répartis sur 1,3 kilomètre de lignes de convoyeur. Déjà, en février 2023, Bigben Logistics avait changé de WMS et TMS, optant pour Odatio (Savoye).
Nous avons réduit de 40 % notre temps de préparation
Ce nouvel outil permet à Bigben Logistics de quintupler sa capacité de traitement. Elle atteint désormais 1 200 lignes de commande à l’heure. Au total, le groupe compte 12 000 références en stock. Il prépare et expédie 20 millions de pièces à l’année et 100 000 pièces par jour. « Nous avons réduit de 40 % notre temps de préparation. Auparavant, 80 % des petits volumes partaient dans la journée, aujourd’hui, nous ne sommes pas loin de 100 % », se félicite François Penin. Globalement, Bigben Logistics a gagné en capacité de tri en fin de ligne, en capacité de priorisation des commandes et de gestion des transports.
Ces nouveaux atouts permettent aussi au groupe d’améliorer sa réactivité dans le service clients. Des clients qui vont de grands groupes de distribution qui demandent des livraisons massifiées sur leurs entrepôts, jusqu’à des distributeurs qui veulent être livrés magasin par magasin, en passant par du dropshipping ou des commandes en e-commerce sur des marketplaces. Le nouvel outil permet d’ailleurs à Bigben de progresser en e-commerce avec désormais 4 000 produits référencés sur la plateforme Amazon, contre 800 auparavant.
Un climat d’affaires particulièrement instable
Gagner en réactivité est un point crucial dans un contexte particulièrement instable. « Depuis la sortie de Covid, le commerce n’a plus de visibilité et les commandes tombent de façon anarchique », déplore François Penin qui constate également des variations de consommation importantes, liées à l’inflation. « Aujourd’hui les clients ne veulent plus de stock. Nous avons besoin d’être extrêmement réactifs et de proposer un maximum de services pour réussir à passer le cap durant cette période de crise », témoigne François Penin. A cela s’ajoute une instabilité propre aux marchés de la téléphonie, de l’audio et du gaming. « Nous avons aujourd’hui 12 000 références sur l’ensemble des gammes et il se crée en moyenne, sur nos métiers, entre cent et cent-quarante références par mois », détaille Le directeur général de Bigben Logistics.
Nous avions besoin d’un système qui nous permette d’accélérer plus vite
« Nous sommes en flux tendu perpétuels et donc à l’approche du client de façon continue. Nous avions besoin d’un système qui nous permette d’accélérer plus vite », analyse François Penin. Par certains côtés, la logistique de Bigben s’approche du sur-mesure. Sur vingt millions de pièces distribuées par an, Bigben Logistics en reprend environ un million pour des opérations commerciales spéciales. De plus en plus de clients demandent également d’être livrés boutique par boutique. Bigben Interactive livre par exemple 60 % des boutiques Orange deux à trois fois par semaine.
-40 % de mouvements de caristes
L’autre avantage fondamental du nouvel équipement Savoye se joue au niveau de la gestion des équipes : réduction de la pénibilité du travail et réorientation des tâches vers des missions à plus forte valeur ajoutée. « Les capacités des équipes doivent évoluer par rapport à ce nouvel outil. On ne réfléchit pas de la même façon avec un stock robotisé et un stock physique », note François Penin. Bigben Logistics a dû adapter son organisation et ses outils à la rapidité d’action apportée par l’outil de Savoye, notamment en développant de nouveaux modules informatiques. Autre avantage de ce nouvel outil, les mouvements des caristes au sein de la plateforme logistique ont été réduits de 40 %.
Nous avons besoin d’un outil qui nous permet de monter très vite en puissance sans être obligé de recourir à du personnel supplémentaire
L’automatisation pour Bigben Interactive est aussi, bien sûr, un moyen de faire face aux tensions sur les recrutements dans le secteur de la logistique. « Nous avons besoin d’un outil qui nous permet de monter très vite en puissance sans être obligé de recourir à du personnel supplémentaire », confirmer le directeur général de Bigben Logistics.
Le groupe peut maintenant envisager l’avenir sereinement avec un outil logistique capable de s’adapter à la courbe de croissance de l’entreprise. « Demain, nous avons la possibilité de dégager de la capacité supplémentaire », se réjouit François Penin. Bigben Logistics possède en effet 2,5 hectares supplémentaires sur lesquels il pourrait agrandir de 15 000 m² son entrepôt de Lauwin-Planque. A horizon 2025, Bigben prévoit par ailleurs d’ouvrir sa logistique à d’autres entreprises, via la création d’une nouvelle offre de services.