Bully-les-Mines, pierre angulaire de la transformation de la supply de Seb
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
En ouvrant pour la première fois au public les portes de son nouveau site logistique XXL presté par FM Logistic à Bully-les-Mines, le directeur général du groupe Seb, Stanislas de Gramont a posé ce mercredi 6 juin, un jalon important dans un processus de révolution de sa supply chain entrepris en 2019 et qui devrait aboutir dans deux ou trois ans.
Avec ses 100 000 m2 divisés en dix cellules et sa capacité de stockage de 140 000 palettes, la nouvelle plateforme logistique de Bully-les-Mines a vocation à centraliser tous les flux de distribution d’Europe de l’Ouest du groupe Seb pour le petit électro-ménager grand public. Cet entrepôt XXL consolide déjà les volumes traités jusqu’ici par l’entrepôt d’Orléans pour la France et la Belgique et reprendra, à partir du 1er avril 2024 ceux traités par l’entrepôt de Duisbourg en Allemagne pour servir Allemagne, Autriche, Danemark, Pays-Bas et Suisse. « D’un barycentre France, le groupe redéfinit sa logistique par rapport à un barycentre européen », analyse le directeur général du groupe Seb, Stanislas de Gramont.
Avec ce nouveau site, nous avons l’ambition de réduire le nombre de kilomètres parcourus et de massifier les stocks
Bully-les-Mines est la pierre angulaire d’une redéfinition du schéma logistique du groupe aux bénéfices multiples. « Avec ce nouveau site, nous avons l’ambition de réduire le nombre de kilomètres parcourus et de massifier les stocks. Dans notre précédent schéma logistique nous étions organisés par marché nationaux. Ce nouveau schéma, nous permet aussi d’optimiser nos flux entrants. La particularité du groupe Seb est de posséder une dizaine d’usines en France. Nos flux entrants viennent donc à la fois de France et d’Asie », explique Stanislas de Gramont.
Des flux imports en fluvial depuis Dunkerque via Béthune
En localisant son centre logistique à Bully-les-Mines, le groupe Seb qui s’est engagé en 2019 dans la démarche Fret 21, pourra raccourcir drastiquement la route de ses produits importés de ses usines ou de celles de ses sous-traitants asiatiques. Déchargés au port de Dunkerque (60 %) ou d’Amsterdam (40 %), ils pourront bientôt venir par barges jusqu’au port de Béthune, situé à une quinzaine de kilomètres. Actuellement saturé par le groupe Roquette, le port de Béthune est en cours d’extension. Pour l’heure, c’est le port de Lille qui réceptionne les produits d’import de Seb. « La distance qui reste à parcourir en camion n’est que de 45 kilomètres. C’est beaucoup mieux que ce que nous faisions entre Le Havre et Orléans et entre Hambourg et Duisbourg », se réjouit le directeur supply chain du groupe Seb, Renaud de Butler.
Disposer d’un centre unique qui couvre l’ensemble de la zone nous permet de mettre les produits en commun et de sécuriser le taux de service du client
La centralisation des stocks d’Europe du Nord à Bully-les-Mines va également permettre d’améliorer la capacité de réponse aux demandes clients. « Disposer d’un centre unique qui couvre l’ensemble de la zone nous permet de mettre les produits en commun et de sécuriser le taux de service du client, poursuit Renaud de Butler. Nous sommes dans un fonctionnement Make to Stock où nous produisons sur la base de prévisions. Tout le jeu consiste à avoir le stock au bon endroit lorsque la commande arrive. En disposant tout notre stock en un seul point, nous pouvons être beaucoup plus flexibles et réactifs », complète Stanislas de Gramont.
Création d’une direction logistique groupe et digitalisation
Le choix d’investir 80 millions d’euros dans l’acquisition et le développement de cette plateforme logistique est révélateur d’une évolution majeure de sa supply chain voulue par le groupe. Elle comprend plusieurs autres dimensions. Parmi les éléments structurants dans ce virage, on peut notamment citer la création, en avril 2023, d’un poste de directeur logistique groupe confié à Nicolas Muller, qui pilote une équipe centrale resserrée de six personnes, deux-cents personnes en charge des flux logistiques européens intra-groupes - des usines vers les clients - et deux-cents logisticiens en Asie, en charge des exports vers le reste du monde.
La transformation de la supply chain du groupe Seb comprend également une dimension digitalisation. Elle a débuté avec l’adoption en 2019 du module OTM d’Oracle, elle s’est poursuivie dernièrement avec le déploiement de l’outil de tracking Wakeo appliqué à l’amont de la supply chain et elle est complétée actuellement par le déploiement de Shippeo, cette fois pour améliorer le pilotage de l’aval de la supply chain de Seb, avec un lancement opérationnel prévu fin octobre. A Bully-les-Mines, le prestataire du site FM Logistic, a également convaincu le groupe Seb d’adopter le WMS Reflex.
Un site acquis pour les prochaines décennies
Si Seb a choisi de confier la gestion des opérations sur son site de Bully-les-Mines à FM Logistic, son prestataire à Orléans depuis 28 ans, le choix d’être propriétaire du site s’est néanmoins imposé. « Il existe moins de vingt entrepôts de 100 000 m2 en France. Pour un entrepôt comme pour un site industriel, on parle en décennies. Si nous voulons être présents ici pour longtemps, tout en se laissant la possibilité de changer de prestataire logistique sans avoir à déménager, cela nécessite d’être chez nous », fait remarquer Stanislas de Gramont. D’autres arguments plaidaient en faveur de ce choix, pour « un groupe familial qui réfléchit aussi en termes de patrimoine ».
« Nous avons décidé de faire cet investissement pour construire ce bâtiment exactement selon les besoins de Seb », renchérit Stanislas de Gramont. En amont de la rédaction du cahier des charges de l’appel d’offres qui a débouché sur la désignation de FM Logistic en juillet 2022, le groupe Seb a notamment été accompagné par le cabinet Argon Consulting sur le dimensionnement et l’organisation générale du site entre fin 2020 et début 2021.
Une montée en puissance progressive de l’automatisation
Parmi les particularités demandées par Seb à Bully-les-Mines, une des dix cellules dédiées aux produits C à plus faible rotation a été aménagée avec des allées étroites et une dalle renforcée pour pouvoir les soutenir. Dans une autre cellule, un espace a été aménagé pour pouvoir être équipé avec des Shuttles d’ici à l’automne prochain. Le site traitant beaucoup de palettes entières, la mécanisation n’ira pas beaucoup plus loin, à l’exception de l’automatisation de la palettisation et d’une machine de co-packing opérée par une équipe d’une vingtaine de salariés d’une entreprise adaptée.
Mais la proximité avec son prestataire FM Logistic va permettre à Seb de bénéficier d’une relation collaborative afin d’étudier les processus jusque dans le détail des spécifications. « Nous avons une typologie de clients large avec des camions complets, de la messagerie et du colis, qui n’ont pas le même coût de traitement. Un WMS nous permet de connaître avec précision la réalité de nos coûts avec chaque typologie de commandes », se réjouit Renaud de Butler qui compte bien profiter de la montée en puissance du site pour réaliser d’importantes économies d’échelle.