Continental Tyres redéfinit son schéma logistique pour mieux gérer la complexité
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
La branche pneumatique de l’équipementier automobile vient de rationaliser le nombre de ses plateformes logistique et recentre ses partenariats transporteurs sur dix acteurs. Ce nouveau schéma logistique lui permettra de gérer plus efficacement la complexité de sa supply chain. Un moyen aussi de dégager de nouveaux leviers de massification dans un contexte inflationniste.
A la suite de la réorganisation de son schéma logistique, Jean-Christophe Oechsner, Warehousing and Distribution Manager de Continental Tyres France travaille désormais avec une dizaine de transporteurs et deux sites de stockage. Le groupe a décidé de rationaliser ses sites logistiques à Mer (41) et Monteux (84) et a cessé d’utiliser le site d’Herstal près de Liège, en Belgique. Au total, Continental peut tabler sur un peu plus de 50 000 m2. Cette nouvelle organisation logistique lui permet de gérer environ 500 000 pneumatiques et d’expédier ou recevoir 10 000 à 20 000 pneus par jour, tout en maintenant intacte sa promesse clients : livrer ses produits partout en France à J+1 pour toute commande passée avant 17 heures.
Il est plus simple de stocker plus de références dans moins d’endroits
Une meilleure disponibilité des produits
« Cette réorganisation a pour but de maximiser la disponibilité et d’avoir une meilleure réponse aux demandes de nos clients », explique Jean-Christophe Oechsner. « Il est plus simple de stocker plus de références dans moins d’endroits. Nous réussissons à stocker le même nombre de pneus pour nos clients mais, comme ils sont mieux répartis, nous avons plus de références », explique le responsable entrepôt et distribution qui gère stockage, préparation de commandes et livraisons sur le périmètre France pour la BU pneumatique de Continental. Cette entité du groupe a réalisé 11,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021 avec 24 sites de production, dont un en France, à Gravelines. Il dirige une équipe de quatre personnes process, projet et qualité et un collaborateur de terrain qui tourne sur les différents sites pour maintenir le lien.
Avec son équipe, Jean-Christophe Oechsner doit gérer entre 3 000 et 4 000 références, selon la saison. Un chiffre modeste mais il ne faut pas s’y fier. La supply chain de Continental Tyres est complexe, en particulier du fait de la nature du produit. « Il était difficile de gérer cette complexité parce que nous avons des façons de travailler encore assez manuelles, mais avec des volumes importants par quantité. Nos articles sont assez encombrants et notre enjeu est que toute la gamme soit disponible, à tout moment pour nos clients », explique-t-il.
Une transition en douceur
Côté logisticiens, la transition s’effectue sans heurts. « Cela n’a pas eu d’impact sur le prestataire qui a pu réorganiser ses équipes en s’appuyant sur les autres activités du groupe Continental », rassure Jean-Christophe Oechsner. Délaissé par la France, cet entrepôt géré par TLI-TDI (Tyres Logistic International-Tyres Distribution International) est toujours utilisé par les entités, Belgique, Luxembourg et Hollande.
Parallèlement à cette réorganisation, Continental Tyres a remis à l’étude une option d’automatisation de son intralogistique. « L’investissement mis en perspective avec les gains attendus sur le personnel ne présentait par un ROI suffisant, même sur six ans », rappelle Jean-Christophe Oechsner qui attire l’attention sur la spécificité de ses produits, particulièrement volumineux.
Nous avons fait des études barycentriques pour savoir si nos sites étaient correctement placés
Sur l’activité transport, en revanche, la décision de ne plus s’appuyer que sur deux entrepôts au lieu de trois a néanmoins un revers : en réduisant le nombre de sites de stockage, le groupe risquait d’augmenter le nombre de kilomètres parcourus par ses transporteurs. « Nous avons fait des études barycentriques pour savoir si nos sites étaient correctement placés. Il s’est également avéré que le périmètre de notre dépôt en Belgique pouvait être couvert depuis Mer », explique Jean-Christophe Oechsner.
Dix transporteurs au lieu de douze
Côté transporteur, Continental a commencé par faire un premier tour d’appel d’offres sur une analyse de la réponse technique du prestataire et ses incidences en termes de service client. A l’arrivée, Continental a retenu dix prestataires, contre douze sur le précédent contrat triennal. Deret Logistique et Tempo One gèrent la logistique de réception des pneus depuis les usines, gestion du stock, préparation des commandes et des expéditions, respectivement pour les sites de Mer et de Monteux. Les transporteurs Gautier Fret Solutions, GT Solutions, Groupe Benito, Piegay Frères Transports, PHM Group, Tempo One GTRA et Transports Besson prennent en charge la distribution chez les clients ou les réseaux d’entretien. Chaque transporteur rayonne sur une dizaine de départements autour de sa base.
Au-delà de la particularité du stockage et du transport de pneu, c’est la variété de la clientèle de Continental Tyres qui génère une complexité que ce nouveau schéma logistique permettra de mieux affronter : concessions automobiles, centres de réparation automobile, spécialistes du pneumatique traditionnels ou e-commerce, comme par exemple Best Drive, réseau de distribution du groupe Continental… « Certains groupes décident par exemple de ne stocker que les 20/80, les articles A et laissent les B ou C, que nous devons ensuite livrer en direct. Nous devons être capable de répondre à une demande de distribution massive presque par camion complet lorsque nous livrons des plateformes, ou un par un, lorsque nous livrons chez des distributeurs. De même, nous devons être capables de proposer différents types de conditionnement », explique Jean-Christophe Oechsner.
Un levier de discussion dans un contexte potentiellement tendu
Cette réorganisation représente également un levier de négociation gagnant-gagnant avec les transporteurs. « En augmentant les zones de distribution de chacun, nous massifions les chargements au départ, ce qui permet de rationnaliser un peu les coûts », explique Jean-Christophe Oechsner, qui précise : « cela nous permet de limiter l’impact de l’inflation de nos coûts de transport et de maintenir un dialogue avec nos transporteurs. » L’objectif de cette massification est de porter à un minimum de 1 000 à 1 200 pneus par camion sur la première traction depuis l’un des deux entrepôts de Continental Tyres France.
Outre le niveau de service et en particulier l’OTD, Continental Tyres va mettre en place, pour ce nouveau projet, un KPI de RSE pour mesurer l’impact environnemental de son nouveau schéma. Le nouvel appel d’offres comprend pour chaque transporteur un engagement à décarboner son transport, l’objectif chacun d’entre eux doit avoir 20 % de son parc en énergie décarboné et 50 % dans six ans.
Concepts clés et définitions : #Définition OTD (On time delivery) : ce qu'il faut savoir sur cet indicateur