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Stockly lève 26 millions d’euros et vise la rentabilité en 2026 

Par Guillaume Trecan | Le | It

Eliott Jabbès et Oscar Walter ont fondé Stockly en 2018 pour éviter aux e-commerçants les ruptures de stocks en les connectant avec tous les stocks existant : e-commerçants, marques et grossistes. Ils viennent de réaliser leur troisième levée de fonds de 26 millions d’euros avec le fond 83North.

Eliott Jabès et Oscar Walter, les co-fondateurs de Stockly. - © D.R.
Eliott Jabès et Oscar Walter, les co-fondateurs de Stockly. - © D.R.

En bouclant une troisième levée de fonds en trois ans avec le fonds 83North, les fondateurs de Stockly, Eliott Jabès et Oscar Walter s’associent avec un fonds britannique qui a du flair, puisqu’il avait déjà misé par le passé sur deux des plus belles licornes françaises  : Mirakl et Exotec. Eurazeo et Daphni, les deux fonds qui accompagnaient déjà la startup depuis 2021 (5,1 millions d’euros), sont également partie prenante de ce nouveau tour de table. La proposition de valeur de Stockly consiste à connecter les stocks des fournisseurs aux opérateurs de marketplace, pour que ces derniers ne soient jamais confrontés à des ruptures de produits ; des marketplaces dont beaucoup sont conçues par Mirakl, devenu un leader incontesté en la matière.

L’accès au stock principal frein à la croissance de l’e-commerce

Stockly a été créé en 2018 par deux condisciples des classes prépas du lycée Henri IV, ayant évolué pour l’un - Oscar Walter - vers la recherche mathématique (ENS Ulm) et pour l’autre - Eliott Jabès - vers des études d’ingénieur (Ecole des Ponts et Chaussées, Télécom Paris).

« Alors que l’e-commerce devenait de plus en plus simple et les marketplaces se multipliaient, nous sommes partis du constat que l’accès au stock est la principale barrière à cette croissance. Pour devenir compétitif, un site e-commerce doit avant tout mettre les bons produits à disposition des consommateurs au bon moment », explique Eliott Jabès qui endosse avec enthousiasme le rôle de CEO, tandis qu’Oscar Walter est pour sa part le CTO de Stockly.

Mutualiser virtuellement le stock de tous les acteurs qui sont en ligne et leur permettre d’aller piocher dans le stock les uns des autres

Comme toutes les bonnes idées, le concept de départ énoncée par Eliott Jabès est donc très simple : « mutualiser virtuellement le stock de tous les acteurs qui sont en ligne et leur permettre d’aller piocher dans le stock les uns des autres, à la fois pour compléter leur rupture mais aussi pour aller vendre des références qu’ils n’ont jamais vendu avant. » En pratique, Stockly connecte, dans 25 pays près de 100 opérateurs de sites e-commerce et plus de 300 fournisseurs, qui peuvent être d’autres sites d’e-commerce, des marques, ou encore des grossistes qui mettent leurs stocks à disposition. Entre les deux, Stockly prend la responsabilité du produit et de sa livraison et prélève une commission sur la transaction.

Connectés les outils de gestion de stock et faire correspondre les références

Dans le cœur du moteur de Stockly on trouve des algorithmes qui permettent de faire correspondre entre elles les différentes références de produits de manière dynamique en intégrant les variations de prix et une technologie permettant de connecter efficacement différents systèmes de gestion de stock avec les retailers. Le savoir-faire de Stockly porte également sur l’après commande, jusqu’au consommateur. « Nous devons être capables d’informatiser tout un tas de scénarii pour pouvoir traquer très précisément ce qui se passe et éventuellement prendre des décisions automatiques sur la base des événements », explique le CEO de Stockly.

Si les deux fondateurs ont lancé Stockly sur le marché des achats en ligne de chaussures, ils ont étendu leur activité au marché du sportswear et s’impliquent maintenant dans les transactions de tout objet livrable de plus de 15 à 20 euros, hors alimentaire. Stockly emploie aujourd’hui une centaine de personnes dont plus de la moitié sont des ingénieurs et développeurs.

Un gros effort sur la culture d’entreprise

En termes de performance, Stockly vise la rentabilité en 2026, a triplé son revenu net tous les ans depuis 2018 et vient de dépasser la millionième transaction. « Si nous avons levé du cash, c’est pour continuer sur ce rythme de croissance. Pour autant, nous voulons vraiment garder une mentalité frugale dans l’équipe », explique Eliott Jabès, soucieux de ne pas trahir la culture initiale de l’entreprise, une entreprise à la « culture présentielle » qui réunit 24 nationalités venues du monde entier dans son équipe, dans le cœur initial de la French Tech, le quartier du Sentier à Paris.

Nous sommes très heureux d’être implantés en France, c’est notre base et nous ne le renions pas, mais nous sommes dès le début une entreprise européenne

« Nous sommes très heureux d’être implantés en France, c’est notre base et nous ne le renions pas, mais nous sommes dès le début une entreprise européenne. Tous nos échanges en interne se font en anglais, nous sommes ouverts à tous les profils internationaux, a des gens de toutes les religions, tous les genres, tous les styles. Nous croyons beaucoup à cette diversité et nous investissons énormément dans la culture de notre entreprise », affirme Eliott Jabès pour qui les valeurs de l’entreprise consistent à « être extrêmement ambitieux tout en restant humble ».

Côté feuille de route technologique Oscar Walter va continuer à développer la solution, notamment pour faire en sorte qu’elle intègre une foule de détails - trading des stocks, différents scénarii de livraison, etc. - de manière toujours plus fluide.

Les deux fondateurs de Stockly voient donc la vie en rose et ne se laissent pas envahir par la morosité. « Nous sommes très optimiste sur les perspectives du marché du e-commerce, d’une part parce que c’est un marché de 1 000 milliards d’euros par an en Europe qui continue à être en croissance en dépit de quelques défaillances et d’autre part parce que la part des transactions 3P dans l’e-commerce est en pleine explosion », analyse Eliott Jabès.