Chronopost voit la vie en rose avec son hub logistique d’Aulnay-sous-Bois
Chronopost nous a ouvert les portes de son hub logistique d’Aulnay-sous-Bois et a présenté son extension finalisée. À la faveur d’un investissement massif de l’ordre de 50 millions d’euros, étalé sur six ans, l’expressiste a fait de ce site sa nouvelle tête de gondole, triplant sa capacité de traitement. D’ici 2026, quelque 600 000 colis pourront y être pris en charge. Une aubaine pour l’entreprise française de livraison express qui enregistre des taux de croissance particulièrement élevés sur bon nombre de ses segments.
Chronopost ne manque pas d’ambition. Preuve en est, la filiale expressiste de Geopost, réseau international de livraison de colis du groupe La Poste, n’a pas fait les choses à moitié pour passer un nouveau cap. Ce mardi 4 février, son président Benoît Frette a dévoilé les derniers aménagements de son hub logistique d’Aulnay-sous-Bois (93), amené, à terme, à être le pivot de sa croissance. Chronopost y a investi, depuis son ouverture en 2018, pas moins de 50 millions d’euros afin d’en tripler sa capacité de tri. Une goutte d’eau ou presque dans la masse d’investissements consentis par Chronopost depuis sa création il y a 40 ans. Et pour cause, 750 millions d’euros ont été injectés par la filiale depuis sa sortie de terre en 1985. « Sans ces investissements, nous n’en serions pas là. Il était important d’investir massivement pour absorber la croissance des flux tout au long de notre histoire », a estimé Benoît Frette au cours d’un point presse.
En 2021, le spécialiste de l’express avait commencé à saisir l’opportunité foncière de faire passer la surface de cet asset - situé sur les vestiges d’une usine PSA fermée en 2014 - de 10 000 m2 à 18 000 m2. De quoi « y faire tenir la Tour Eiffel couchée », s’amuse Didier Cadasse, directeur du site, mais surtout en faire déjà (à l’époque) l’un de ses hubs les plus important de son réseau avec celui de Chilly-Mazarin (91). L’extension, finalisée tout récemment, en septembre 2024, a été accompagnée par l’installation de divers outils et infrastructures : système mécanisé, trieurs flambant neuf et système d’information dernière génération. « Nous avons atteint sur ce site le maximum des extensions capacitaires que nous pouvions enregistrer », témoigne Benoît Frette.
Ainsi, sur son hub d’Aulnay-sous-Bois, qui fonctionne sept jours sur sept, Chronopost est aujourd’hui en mesure de traiter jusqu’à 35 000 colis par heure, contre 10 000 auparavant. Il n’est pas encore officiellement le hub le plus puissant de son réseau, mais il le deviendra à coup sûr du fait de sa capacité. Il concentre aujourd’hui 20 % de l’activité de Chronopost et en concentrera évidemment bien plus à l’avenir.
Nous pensons traiter 450 000 colis en moyenne par jour en 2025 contre 300 000 à 350 000 en 2024. Le site atteindra sans doute sa pleine capacité d’ici la fin d’année 2026
Ce sont en tout et pour tout quelque 600 000 colis par jour en période de pic d’activité qui pourront être traités, contre 170 000 à 200 000 en 2023. « Nous pensons traiter 450 000 colis en moyenne par jour en 2025 contre 300 000 à 350 000 en 2024. Le site atteindra sans doute sa pleine capacité d’ici la fin d’année 2026 », résume Benoît Frette. À titre de comparaison, le hub historique de la filiale, situé à Chilly-Mazarin et qui continuera de jouer un rôle fondamental dans le réseau, a traité près de 550 000 colis par jour en période de pic d’activité en 2024. Le site d’Aulnay abrite au demeurant une agence de distribution, qui assure quotidiennement la livraison du dernier kilomètre de plusieurs milliers de colis, répartis sur plusieurs dizaines de tournées. Mais celle-ci devrait fermer ses portes une fois que le hub fonctionnera à plein régime, a informé le directeur du site.
Une stratégie de diversification qui porte ses fruits
Cet ajout capacitaire à Aulnay-sous-Bois est évidemment plus que bienvenu pour l’acteur de l’express ; activité somme toute assez tendue et exigeante. Le hub Nord Ile-de-France de Chronopost va conséquemment devenir le plus performant de son réseau et constituera un atout indéniable pour l’expressiste qui s’attend, d’ici à 2030, à voir ses volumes traités augmenter de pas moins de 45 %. « Notre dynamique de croissance prévisionnelle est assez forte. Nous nous attendons à traiter d’ici 2030 au moins 384 millions de colis », a annoncé Benoît Frette. Chronopost revendique déjà d’ailleurs une importante croissance de ses volumes en 2024, passant de 248 millions de colis traités en 2023 à 265 millions, soit une hausse de 7 %, bien supérieure à celle du marché qui « a crû de 4,5 % sur l’année précédente », a exposé Benoît Frette.
Une logique industrielle introduite il y a près de 20 ans
Afin d’optimiser le chargement des camions assurant les liaisons nocturnes entre ses hubs et ses agences, Chronopost était passé en 2007 du chargement en palette au chargement en vrac. Ce tournant avait fini par initier celui de l’industrialisation des hubs. Et pour cause, dans le milieu de l’express, ses acteurs cherchent à gagner du temps là où c’est possible et évidemment sur chaque étape du transport.
Une progression que l’acteur de la livraison doit grandement à l’explosion de ses activités “Hors domicile“, de “l’express B2B“ et des colis sous température dirigée. La croissance du segment “Hors domicile“ est estimée à 15 %, celle du colis sous température dirigée à 17 % et celle du BtoB à 3 %. « Notre croissance est portée par notre diversification et notre dynamique de prise de parts de marché à nos concurrents. Un tiers de notre chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé grâce à cette approche de diversification », expose Benoît Frette, qui note également « une transformation importante du marché, avec un transfert important des activités “Domicile“ vers le “Hors Domicile“ ». « Les réseaux de consignes et de point relais se développent et sont de plus en plus importants, sous l’impulsion des e-commerçants qui aménagent des offres couvertes de gratuité sur le “Hors Domicile“ », tranche-t-il.
Indépendamment de l’express, nous continuons d’être l’acteur numéro 1 du BtoB
Par ailleurs, si les flux de colis import-export ne représentent qu’une maigre partie de l’activité de Chronopost, ils affichent néanmoins une croissance pour le moins impressionnante (+ 23 % en volumes en 2024) et permettent au spécialiste de la livraison express de colis de moins de 30 kilos de se démarquer face à la concurrence, qui semble subir les contrecoups du marché. « L’express BtoB demeure notre segment le plus porteur et représente au moins 40 % de notre activité, quand bien même il affiche une croissance plus ou moins égale à celle du PIB », développe le président de Chronopost. Le BtoC express « Domicile » pèse quant à lui 25 % de l’activité de la filiale. Au demeurant, Chronopost continue d’afficher une position (plus que) dominante sur le marché et revendique toujours plus de 40 % de ses parts. Son positionnement sur tous les segments - BtoB, BtoC, CtoC - lui donne une force unique. « Indépendamment de l’express, nous continuons d’être l’acteur numéro 1 du BtoB », assure Benoît Frette. « Nous sommes numéro 2 sur le CtoC, porté par notre activité et notre croissance sur le Hors Domicile et numéro 3 en BtoC. Contrairement à nos confrères, qui ont pour le plus souvent un positionnement ciblé, nous jouons sur plusieurs tableaux ce qui fait de nous un acteur unique »,s’est-il félicité.
Le 2 décembre 2024, en pleine période de Black Friday et de préparation des fêtes de fin d’année, Chronopost a enregistré une journée record, prenant en charge quelque 1,7 million de colis ; « soit plus de 700 000 colis de plus que ce que nous faisons en général sur une journée », précise Benoît Frette. À titre de comparaison, l’expressiste s’attendait à devoir traiter sur son peak day 2022, le 19 décembre, plus de 1,3 million de colis.
Concentration et massification des flux
Le site de Chronopost, étalé sur 9,5 hectares et long de 400 mètres, tire avantage de son emplacement géographique, puisqu’il est établi à proximité immédiate des aéroports du Bourget et, surtout, de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il est également localisé au niveau de trois branchements d’autoroutes - A1, A3 et A104. Le site est ainsi connecté au nord et à l’est parisien et dessert la quasi-totalité de ses 100 agences Chronopost. « Nous ne pouvions pas rêver mieux en matière d’implantation », rappelle le directeur du site. La plateforme comprend 119 portes pour les chargements et une trentaine pour les déchargements. « Une porte de chargement correspond à une agence. Le surplus de portes nous permettra d’absorber la croissance et les potentielles ouvertures de nouvelles agences afin d’envisager l’avenir avec sérénité », explique le président de Chronopost.
Le site embarque, depuis octobre 2024, pour le tri des colis classiques, un deuxième trieur à haut débit (superposé au premier) et des lecteurs six faces permettant de scanner et d’analyser plus rapidement les données des colis, et ce quelle que soit leur position sur le système de tri. Les deux trieurs, greffés cet été en plein Jeux Olympiques et Paralympiques, dont est équipé le hub d’Aulnay-Sous-Bois sont des technologies Crossbelt, portées par Fives Intralogistics Italie. Six semaines de travaux furent nécessaires pour les interconnecter et les faire fonctionner conjointement de façon optimale. Comme cela avait été le cas pendant les 18 mois de travaux nécessaires à l’implantation de la première ligne de tri, Chronopost s’est appuyé sur deux hubs supplétifs pour absorber les volumes d’Aulnay-Sous-Bois et assurer dans les meilleures conditions la continuité de service. Un hub manuel et un autre situé à Longjumeau, à proximité du hub de Chilly-Mazarin, qui avait déjà été équipé en conséquence d’un système automatisé ont fonctionné à plein régime pour éviter tout choc en retour.
Les deux trieurs du site d’Aulnay affichent une vitesse de 2,5 m/s, soit 9 km/h, et évacuent les colis vers les points de chargement des camions en à peine cinq minutes, les faisant glisser vers des chutes directionnelles par l’intermédiaire de tapis roulants. Le site, sur lequel Chronopost emploie 64 personnes (contre 46 avant extension), est également équipé de près de 700 caméras de vidéo-tracking pour suivre les colis (sur un total de plus de 1 000 caméras). Grâce à ces nouvelles technologies, capables d’inspecter les colis de long en large, la non-qualité sur les taux de lecture a drastiquement chuté à près de 3 %. « Cela nous a permis de gagner un point, ce qui n’est pas négligeable au regard des volumes que nous traitons », nous fait savoir Didier Cadasse.
Un hub adapté à la diversité des colis
Depuis novembre 2024 cette fois, le site profite également d’un outil flambant neuf lui permettant de traiter bien plus efficacement ses plus petits colis, de plus en plus nombreux. Un nouveau trieur dédié, dont le tapis tourne à une vitesse de 1,55 m/s, a en effet été déployé et affiche une capacité de traitement estimée à environ 70 000 colis par jour. « La machine small intégrée au hub nous permet de mieux traiter les petits formats et de gagner en capacité sur nos principaux trieurs », soutient Didier Cadasse. Chronopost profite surtout du processus de mise automatisée en sac qui lui est associé et qui lui offre un gain en productivité considérable au moment du chargement des colis, mais aussi du déchargement des camions. « C’est un temps que nous faisons gagner à nos confrères en agences. Ces sacs leur permettent de décharger et trier bien plus rapidement leurs colis », poursuit le directeur du site.
Les colis dits “hors norme“, à savoir fragiles ou hors-gabarit (NDLR : supérieur à 1m30), continuent dans l’ensemble à être traités de façon manuelle. Mais un système de manutention « mécanisé » (dont la capacité de traitement est évaluée à 10 000 colis par jour), avec lecture automatique des codes à barre des colis et capture des données poids et volume, a été mis en place. Il apporte une aide au tri via des signaux lumineux qui permettent d’identifier la zone de sortie et d’éviter les erreurs de manipulation.
Le site Nord Ile-de-France dispose d’autre part de plus de 1 400 m² de chambres froides spécifiques et distinctes consacrées à Chronofresh et Chronopost Healthcare. Il gère, sur le modèle d’une agence, la distribution du secteur pour les produits alimentaires et de santé sous température dirigée ; deux des segments qui affichent les plus fortes progressions. Ces espaces peuvent également devenir des sites supplétifs si besoin dans le cadre de la gestion de pics d’activité des produits sous température dirigée, venant en complément des deux hubs de Chilly-Mazarin dédiés à la température dirigée ouverts en 2023. Avec ce mastodonte, sur lequel entrent près de 900 camions chaque jour, Chronopost peut vraiment voir la vie en rose et aborder l’avenir sereinement.