Geopost surfe sur une dynamique prometteuse malgré une année 2022 pénible

Un chiffre d’affaires de 15,6 milliards d’euros, en croissance de 6 % par rapport en 2021 ; et cela, en dépit d’une année 2022 somme toute particulière : Geopost pourrait s’en réjouir. Pourtant, le spécialiste de la livraison reste sur ses gardes, constatant le net recul de son résultat opérationnel par rapport à 2021. Chiffré à 669 millions d’euros pour l’année écoulée, il était évalué à pas moins de 1,07 milliard d’euros en 2021.

« L’année 2022 a été une année difficile, mettant en avant la résilience de Geopost et sa capacité d’adaptation face à un marché très perturbé » a rappelé Yves Delmas, PDG de Geopost, au cours d’une conférence de presse. 

Une année difficile donc et un marché somme toute moins favorable dont les racines remontent de la tendance haussière et de la baisse de la consommation des ménages qui en découle. Mais aussi, bien sûr, de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Du fait du conflit, Geopost a dès mai 2022 interrompu, purement et simplement, toutes les expéditions vers et depuis le pays des tsars. En parallèle, la structure a largement déprécié les actifs de sa filiale russe, DPD Russie, à hauteur de 149 millions d’euros.

Léger tassement des volumes de colis livrés 

À tout cela s’ajoute le nombre de colis livrés par Geopost dans le monde en 2022, en baisse de 1,3 % vs 2021. La filiale du groupe La Poste a tout de même livré 2,1 milliards de colis l’année précédente, soit plus de 8 millions de colis livrés chaque jour en moyenne, pouvant dès lors se satisfaire de maintenir un niveau de colis livrés supérieur à 2 milliards d’unités. « Nous continuons sur notre chemin et avons pu enregistrer une nouvelle année de croissance, tout en maintenant une solide performance opérationnelle », se satisfait d’ailleurs Yves Delmas.

L’année 2022 a été marquée par un certain rééquilibrage entre les segments BtoB et BtoC, voulu par ailleurs par le top management de Geopost, en témoigne la définition de son plan stratégique de développement, baptisé Together & beyond. Les services de livraison hors domicile - en points relais et consignes - ont de leur côté pris en 2022 une dimension considérable ; les volumes bondissant de 40 %.

Dans le même sens, Geopost a développé en 2022 13 000 points Pickup supplémentaires, portant ainsi son pipeline à 83 000. La filiale du groupe La Poste promet au demeurant d’en proposer au moins 100 000 en Europe à l’horizon 2025. Les solutions de livraison à température contrôlée et le secteur de la santé, via sa filiale Biocair, sont en plein boom. Cette dernière a d’ailleurs constaté une hausse de ses ventes de 30 % en 2022 par rapport à 2021. 

Investissements, acquisitions en nombre et changement de nom

Geopost a confirmé dans le même temps son investissement de 20 millions d’euros dans la division santé de Chronopost (Chronopost Healthcare) afin de renforcer ses capacités logistiques. Geopost a d’autre part signé un partenariat avec CMA CGM, afin de développer davantage leur collaboration sur le transport, le stockage et la livraison de colis. Les deux mastodontes partagent leurs savoir-faire et services, ainsi que certains de leurs sites.

Les services de logistique urbaine et spécialisée ont également été confortés, soutenus et renforcés en 2022, à travers de nombreuses acquisitions. Par l’intermédiaire de DPD UK, Geopost a en effet acté le rachat de CitySprint, le premier réseau de livraison le jour même au Royaume-Uni. CitySprint a pour sa part finalisé l’acquisition de deux acteurs régionaux du secteur, Astral et EcoSpeed. En France, Geopost a glissé dans son portefeuille de marques CChezVous, structure spécialisée dans la livraison de produits lourds et volumineux. Parallèlement, la filiale du groupe La Poste a aussi lancé plusieurs nouvelles offres dans nombre de ses bassins géographiques en Europe et cimenté, encore et encore, son positionnement sur le e-commerce en acquérant le fournisseur Scalefast, établi à Los Angeles aux États-Unis.

Pour accompagner son expansion internationale, Geopost a en outre augmenté sa participation au capital d’Aramex, multinationale émiratie de logistique, de messagerie et de livraison de colis, passant de 24,9 % à 28 %. La filiale du groupe La Poste a également repensé son image de marque et son positionnement marketing, en modifiant son nom. GeoPost/DPDgroup devient définitivement Geopost ; les marques commerciales du groupe (Chronopost, DPD, BRT, etc.), elles, demeurent.

La livraison durable, un objectif majeur

Un accroissement et un développement assortis d’ambitions importantes en matière de décarbonation. Geopost avait en juillet dernier affirmé sa volonté d’être « net zero » en émission nette, dixit Yves Delmas, d’ici à 2040. Pour ce faire, l’entreprise s’engage à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de ses scopes. « Par rapport à 2020, nous voulons réduire de 43 % nos émissions de GES à l’horizon 2030 et de 90 % d’ici à 2040. Les 10 % restants seront neutralisés via des projets de compensations carbones  », affirme le PDG de Geopost.

90 villes européennes sont desservies en totalité par des véhicules à faibles émissions 

Dans cette optique, Geopost a accéléré la transformation de sa flotte de véhicules. Près de 8 500 véhicules à faibles émissions - électriques, gaz naturels et vélos cargos - étaient en service en fin d’année 2022.  L’électrification de sa flotte de livraison du premier et du dernier kilomètre devrait d’ailleurs atteindre 85 % d’ici 2030 et 100 % en 2035. Aujourd’hui, un peu plus de « 90 villes européennes sont desservies en totalité par des véhicules à faibles émissions », assure Yves Delmas. D’ici deux ans, Geopost souhaite allouer à 350 villes du vieux continent (de plus de 50 000 habitants) des moyens de livraisons à faibles émissions.