La Poste Immobilier : « Nous comptons 2,5 millions de m2 dédiés à la logistique »
Par Guillaume Trecan | Le | Immobilier
Rémy Feredj, directeur général de La Poste Immobilier explique la place de la logistique dans les enjeux immobiliers du groupe. D’ici à 2026 La Poste va investir 200 millions d’euros pour compléter le parc immobilier du groupe en France dédié à la logistique urbaine et s’apprête à créer un fonds doté de 500 millions d’euros pour investir dans ce type de projets.
Quelle est la part de l’immobilier logistique dans l’immobilier du groupe La Poste ?
Sur les six millions de mètres carrés que nous gérons, nous comptons 2,5 millions de m2 dédiés à la logistique, ce qui correspond à 2 400 sites, pour moitié en propriété et pour moitié en locatif. Notre patrimoine se répartit entre environ 40 % de bureaux de poste, un tiers de logistique et un petit tiers de tertiaire.
Nous avons une préférence marquée pour la propriété quand nous sommes sûrs d’avoir une lisibilité à long terme
Et que représente la logistique La Poste Immobilier en termes d’enjeux ?
Notre premier enjeu stratégique consiste à chercher, autant que possible, à être propriétaire parce que ce sont des infrastructures lourdes sur lesquelles nous investissons. Nous avons une préférence marquée pour la propriété quand nous sommes sûrs d’avoir une lisibilité à long terme. Mais la maîtrise foncière ne nous appartient pas toujours. Dans le nouveau schéma directeur de la logistique du groupe, près d’un quart des investissements réalisés depuis six ans le sont en propriété. Pour tout le reste, nous n’avons eu d’autre choix que d’être locataires, le terrain étant détenu par des promoteurs ou des industriels.
Quelle est la part de la logistique urbaine dans votre patrimoine ?
Nous avons une centaine de sites proches des métropoles qui sont d’anciennes plateformes de tri. Sachant qu’une plateforme de tri fait environ 3 000 m2, cela représente entre 300 000 et 500 000 m2 qui nous appartiennent.
Comment se répartiront les 500 millions d’euros du fond que vous créez pour investir à l’avenir dans des projets immobiliers de logistique urbaine ?
Cette somme sera investie sur les cinq à six prochaines années et nous arbitrerons à l’opportunité. Nous avons une préférence pour la transformation ; transformer va plus vite que déposer des permis et cela nous permet, qui plus est, d’aborder les sites avec une ambition de désartificialisation plutôt que de zéro artificialisation nette. Partir d’un site et le transformer pour faire renaître de la pleine terre sur un patrimoine déjà existant est un enjeu RSE majeur.
Nous avons par exemple appliqué cette approche sur le site de Lézennes, près de Lille, où nous avons transformé un ancien centre de tri sur 4 ha, dans le cadre d’un concours d’architecture, en intégrant un site logistique qui coche toutes les cases en matière de RSE. Même chose sur le site de Bercy Charenton, pour lequel nous sommes lauréat du concours Transformer la métropole du Grand Paris 2, avec Icade et Sogaris. Sur la partie logistique, il s’agit d’une création neuve en périmétrie de Paris, sur un site de 30 000 m2 collé au périphérique et embranché rail.
La Branche Colis Courrier, dans son schéma directeur, libère des dizaines de milliers de mètres carrés
Comment travaillez-vous avec la Branche Colis Courrier pour transformer votre patrimoine et y inclure des espaces logistiques ?
La Branche Colis Courrier, dans son schéma directeur, libère des dizaines de milliers de mètres carrés et nous décidons ensemble ce que nous en faisons. La Branche Colis Courrier a une vision long terme de ses besoins et nous lui apportons notre expertise sur la manière de porter ces projets immobiliers, de les aménager, de les transformer. Notre métier de foncière consiste à fournir un outil de production à l’activité postale.
Réfléchissez-vous systématiquement à l’implantation d’espaces de logistique urbaine lorsque vous rénovez des bureaux de poste ?
A Asnières-sur-Seine, par exemple, dont le bureau de Poste est en cours de rénovation, nous implanterons un espace de logistique urbaine, alors qu’il y a dix ans, nous aurions étudié la transformation en logement. En dix ans, beaucoup de choses ont changé : la montée du e-commerce, la transformation des villes, des questions de santé publique avec l’augmentation des affections liées à la pollution.
La logistique est évidemment en concurrence avec un usage commercial des lieux, mais en gain social total et en gain pour La Poste, ce type d’espace est irremplaçable
Comment joue la question financière dans cet arbitrage entre affectation logistique ou commerciale de ces surfaces ?
Transformer nos bureaux de poste en espaces logistiques ne se traduit pas en coûts supplémentaires mais en manque à gagner, car la logistique est évidemment en concurrence avec un usage commercial des lieux. Mais en gain social total et en gain pour La Poste, ce type d’espace est irremplaçable : détenir un emplacement stratégique est un enjeu plus important que de faire gagner de l’argent à La Poste Immobilier. Les enjeux financiers de ces espaces sont d’ailleurs marginaux. Si l’on prend l’exemple de l’espace logistique urbain Colissimo du Louvre, à Paris, il s’agit de 3 000 m2 sur 35 000 m2 que nous louons au total.
Dans quelle mesure donnez-vous une priorité à La Poste dans la location dans les nouveaux espaces que vous allez développer ?
La Poste aura une priorité de location à hauteur de 30 % à 50 % des surfaces offertes, le reste étant loué à tous les autres concurrents.