Comment Janssen France transforme la logistique hospitalière
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
Le laboratoire Janssen s’appuie sur une démarche baptisée Cap Logistique pour aider les CHU, CH et CLCC à rationaliser leurs flux logistiques et mesurer les conséquences en termes d’empreinte carbone. Témoignage de Benoît Blanchard, dont les équipes de commerciaux accompagnent plus de 260 hôpitaux français.
Les meilleurs leviers d’optimisation de la logistique et de réduction de l’impact carbone sont collectifs. Le laboratoire Janssen l’a bien compris et propose à ses clients un service baptisé Cap Logistique dont l’évolution récente traduit la montée en puissance des enjeux de supply chain dans le domaine de la santé.
Rationnaliser la passation de commandes et le colisage
Le service gracieux Cap Logistique été conçu dans la foulée de la création du programme PHARE (Performance hospitalière pour des achats responsables) lancé par la Direction générale de l’offre de soin (DGOS) en 2011. Cap Logistique est à l’origine un outil de rationalisation des flux de commandes. « Nous voulions accompagner les hôpitaux dans l’analyse de leur manière de commander nos produits et les inciter à grouper un peu plus leurs commandes », rappelle Benoît Blanchard. Responsable pour la France d’une équipe de neuf commerciaux grands comptes en contact avec les acheteurs hospitaliers et les directions financières des CHU français des CH et des Centres de lutte contre le cancer (CLCC), il précise : « notre cible principale ce sont 260 à 280 hôpitaux qui sont nos clients réguliers, avec lesquels nous avons des interactions très fréquentes ».
Nous avons cela convertit un peu plus de 200 hôpitaux à un fonctionnement beaucoup plus optimisé
Grâce à ce programme, Janssen est parvenu à faire passer les hôpitaux de 35 à moins de 15 commandes mensuelles en quatre ans. « Nous avons cela convertit un peu plus de 200 hôpitaux à un fonctionnement beaucoup plus optimisé », se félicite Benoît Blanchard. Première étape dans la conduite du changement qui a mené à cet objectif, un diagnostic du mode de commande de l’hôpital sur la base duquel Janssen s’est efforcé de favoriser la commande de colis standards pour limiter le nombre d’actes de préparation de part et d’autre. Le nombre d’unités de médicaments par boîte et de boîtes par carton est en effet susceptible de beaucoup varier, avec des conséquences importantes sur les tâches de opérateurs et la génération de déchets packaging.
Des gains partagés entre Janssen et les hôpitaux
Ce travail a aussi dû remonter jusqu’à la prescription avec une mise en question de la capacité d’anticipation de ses besoins par l’hôpital pour limiter le nombre de camions mis sur les routes par Janssen. « Notre travail a consisté à mettre à leur disposition des cadenciers de commandes que nous coconstruisons et qui correspondent à la fois à leurs besoins et à leurs capacités à évoluer. Ils vont générer de notre côté une économie que nous partageons avec eux », explique Benoît Blanchard.
« Cette démarche a permis de limiter le nombre de lignes de commandes qui nous parvenaient de façon isolée », poursuit le responsable grands comptes. Grâce à ses gains, Janssen a pu mettre en place un système de partage incitatif : quand Janssen atteint 30 % de taux d’optimisation, l’entreprise reverse, sous forme d’avoir, aux établissements la moitié de l’économie réalisée.
Une plateforme logistique centralisée pour l’Europe
Si Janssen a pu s’engager dans cette démarche de rationalisation des flux logistiques de ses clients, c’est parce que sa propre organisation supply chain était arrivé à un stade de maturité et d’automatisation important. Les opérations logistiques de l’entreprise pour l’Europe sont effet centralisées sur une plateforme unique à La Louvière, située à 50 minutes de Bruxelles, en Belgique.
Nous montrons à l’établissement combien de kilomètres il aura évité et le poids de carton qu’il n’aura pas à recycler en favorisant le colisage standard
Depuis peu, Cap Logistique propose un nouveau levier de transformation de leur logistique aux établissements, en les incitant à agir sur leur empreinte carbone. « Nous avons développé des indicateurs qui permettent à un établissement de visualiser sa capacité à agir à travers cette optimisation. Nous montrons à l’établissement combien de kilomètres il aura évité et le poids de carton qu’il n’aura pas à recycler en favorisant le colisage standard », explique Benoît Blanchard.
Les établissements entrent dans l’outil le mode de colisage pour lequel ils optent, leur nombre de commandes par semaine ou par mois, leurs lignes de produits. En fonction de ces paramètres Janssen propose aux hôpitaux un cadencier et des simulations de l’impact de ces choix, en termes d’économie et d’impact carbone.
Coconstruire de nouveaux indicateurs
Pour définir les prochaines étapes de Cap Logistique, Benoît Blanchard réunira les logisticiens et acheteurs de ses principaux clients en novembre prochain. « Le développement durable prend une part de plus en plus importante dans les réflexions que nous menons avec nos clients, il faut que nous allions plus loin dans les indicateurs que nous leur proposons et il faut que ces indicateurs correspondent à leurs besoins », se projette-t-il.
Ce travail de co-construction de l’outil a déjà porté dans le passé sur l’impact des optimisations proposées sur les capacités de stockage des établissements, ou encore sur la valeur de stock. Il prend actuellement une nouvelle tournure du fait d’un changement d’approche des hôpitaux vis-à-vis de leurs enjeux logistiques. « Ce changement d’approche, nous le voyons principalement dans les appels d’offres sur l’importance grandissante accordée à deux critères : la fiabilité des approvisionnements et le développement durable » ; conclut Benoît Blanchard.
Janssen France
Filiale du groupe Johnson&Johnson, les laboratoires Janssen réalisent 49,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde. En France, le laboratoire Janssen est présent sur six domaines thérapeutiques : l’immunologie ; les vaccins et les maladies infectieuses ; les neurosciences ; l’hypertension artérielle pulmonaire ; l’oncologie et l’hématologie, ces deux dernières typologies de produits étant plus particulièrement distribués en milieu hospitalier.