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Resah : « La supply chain est un sujet essentiel pour augmenter la performance hospitalière »

Par Guillaume Trecan | Le | Consultant

Dominique Legouge, directeur général du Resah explique comment cette centrale d’achats hospitalière prend en compte la montée en puissance de l’enjeu logistique pour les établissements hospitaliers  français. Une journée de débat y sera consacrée le 28 juin à Montrouge.

Dominique Legouge. - © D.R.
Dominique Legouge. - © D.R.

Que recoupe l’offre de produits et services logistiques dans laquelle s’intègrent les trois cabinets de conseil en supply chain que le Resah vient de référencer pour les établissements hospitaliers adhérentes à sa centrale d’achats ?

La supply chain est un sujet essentiel pour augmenter la performance hospitalière. Nous constatons actuellement une prise de conscience générale sur ce sujet. Cela se traduit au niveau du Resah où nous voulons proposer une offre globale qui permette aux établissements d’améliorer le fonctionnement de leur supply chain. Notre offre couvre la conception, le suivi et l’implémentation de projets d’amélioration de la logistique. C’est dans ce cadre que nous venons de sélectionner comme titulaire de notre marché de prestations intellectuelles Citwell, mandataire d’un groupement de conseil spécialisé en logistique qui inclut aussi Adopale et Apsis Santé. Sur cette dimension réorganisation de la chaine logistique, nous travaillons par exemple avec le CHU de Guadeloupe dans le cadre de sa reconstruction.

Nous avons également une offre d'équipements, qui va des accessoires les plus simples tels que des armoires de stockage, ou encore des rolls jusqu'à des équipements très sophistiqués, comme que des robots de dispensation nominative ou globale, pour les médicaments, le circuit du linge et de la restauration. En partenariat avec l’Agence nationale d’appui à la performance, nous organisons d’ailleurs une journée sur l’automatisation et la robotisation en matière de logistique à l’hôpital, le 28 juin. Nous avons aussi une offre de logiciels WMS et TMS.

Y a-t-il une tendance forte à mobiliser le levier réorganisation de la supply chain comme nouvelle source d’économies dans les établissements hospitaliers ?

L’aspect économique n’est pas le moteur principal. C’est en effet un levier complexe dont il n’est pas facile de définir les retours sur investissement. La gestion des ressources humaines est en revanche un élément moteur pour réorganiser la logistique aujourd’hui. Dans le contexte actuel de pénurie de personnel dans les hôpitaux, tout ce qui peut aller dans le sens du gain de temps et de la réduction de la charge mentale du personnel est bon à prendre, en particulier sur la gestion des commandes et des réapprovisionnements, ou encore la sécurisation du circuit de dispensation des médicaments.

La façon de gérer la supply chain, notamment externe a un impact fort sur l’empreinte carbone d’un hôpital

La décarbonation est une autre motivation essentielle de ces démarches. La façon de gérer la supply chain, notamment externe a un impact fort sur l’empreinte carbone d’un hôpital. Enfin, la question de la sécurisation de la chaine d’approvisionnement est arrivée sur le devant de la scène avec la crise Covid. Nous avons par exemple inclus, dans certains contrats, des obligations de stocks déportés chez les fournisseurs. Au dessus de ces enjeux, les investissements prévus par le Ségur de la Santé, les reconstructions d'établissements et les reformatages de l’immobilier, obligent à penser la gestion des flux pour les dizaines d’années à venir.

Quel est le degré de complexité des flux d’approvisionnement des hôpitaux français ?

Aujourd’hui, chaque industriel a son propre circuit de livraison et la logistique externe des hôpitaux n’est pas pensée au niveau national. Son impact en matière de décarbonation est majeur car elle représente énormément de déplacements. Il existe d’importante marges de progrès en ce qui concerne la réduction du nombre de livraisons par établissement.

Nos efforts sont aujourd’hui plutôt centrés sur la logistique interne, mais nous réfléchissons fortement à de nouveaux leviers d’optimisation. Il est de notre rôle d’organiser la distribution des produits que les hôpitaux consomment et qu’ils achètent via notre centrale d’achat. Cette réflexion est loin d’être aboutie. Nous nous interrogeons sur l’échelle idéale de mutualisation de plateforme logistique (groupement hospitalier de territoire, régional, national… ), vers quel prestataire on peut externaliser, etc.

Depuis un an, nous avons créé une direction de la logistique

Avez-vous réorganisé vos équipes pour prendre en compte la montée en puissance de ces sujets supply chain ?

Nous avions déjà une équipe conseil en logistique composée de trois personnes, menée par Jean-François Mercury, qui oriente et conseille les établissements sur la dimension logistique de notre offre. Ce centre de ressources et d’expertise propose notamment des formations, dont une formation certifiante en logistique hospitalière créée il y a trois ans avec l’Ecole des Mines de Saint-Étienne. Depuis un an, nous avons aussi créé une direction de la logistique. Composée de deux personnes et dirigée par Pierre Zigrand, elle s’intéresse à la considération logistique dans tous nos achats, dans nos contrats, les modalités de livraison, l’optimisation de nos livraisons, la politique de gestion des stocks. Cette équipe est amenée à grandir.

Dans quelle mesure le levier logistique est-il utilisé pour sécuriser les approvisionnements hospitaliers ?

Nous commençons à nous investir dans des questions de sécurisation de la chaîne logistique de nos fournisseurs. Sur ce type de sujets nous intervenons dans l’audit de leur chaîne logistique et dans la création de stocks déportés chez eux. Nous pouvons par exemple exiger du fournisseur qu’il ait trois mois de stocks sur des équipements protection individuelle. Tout cela a un coût et il y a des sujets comme le médicament sur lesquels ce n’est pas possible.