Club Supply Chain : Les innovations de la Supply Tech adoptées, à condition d’être rentables
Par Guillaume Trecan | Le | It
Une vingtaine de directeurs supply chain se sont réunis jeudi 20 octobre en soirée sur le thème : « Où en est la supply Tech ? ». Un dîner-débat qui a permis de faire le point sur une grande variété de cas d’usage au ROI indiscutable, en particulier dans le domaine du traitement de la data.
En robotique comme en traitement de la data et dans le domaine des transports, les innovations dans le secteur de la supply chain foisonnent. Même si le resserrement du crédit a rendu les levées de fonds plus modestes, les progrès technologiques au service de la supply chain continuent à transformer la fonction. Rien d’étonnant à ce qu’une fonction continuellement tournée vers la résolution de problèmes et le traitement de données complexes s’empare sans hésitation des innovations à sa disposition. Mais ce pragmatisme n’exclut pas une certaine prudence, au contraire !
Pour ne pas tomber dans l’effet de mode, il faut mesurer la valeur attendue
Avant de les mettre en œuvre, la première question que se posent les directeurs supply chain face à ces nouvelles technologies est : Qu’est-ce que cela rapporte ? « Pour ne pas tomber dans l’effet de mode, il faut mesurer la valeur attendue », conseille le directeur supply chain d’un équipementier automobile présent au dîner du Club Supply Chain Républik, organisé jeudi 19 octobre à Paris.
Choisir les données utiles
A l’unisson des autres participants de cette soirée, il convient que s’il existe un domaine dans lequel les nouvelles technologies sont susceptibles d’apporter des ruptures, c’est bien dans celui du traitement de la donnée. « Ce qui importe c’est de choisir la partie de la donnée qui peut être intéressante à exploiter et de ne pas suivre les effets de mode », insiste-t-il. Les nouveaux outils de traitement de la data représentent bien des innovations au ROI indiscutable, ne serait-ce qu’à travers le potentiel d’automatisation que recèlent les nouvelles technologies. « La donnée a explosé, les usages se sont sophistiqués, c’est pourquoi on peut avoir de nouveaux cas d’usage », insiste Sophie Rigollot, responsable ventes senior chez Here Technologies, éditeur de logiciels de planification d’itinéraires et de cartographie en ligne et sponsor de cette soirée.
L’outil est important, mais le fait de mettre tout le monde autour de la table l’est tout autant
S’il est un secteur de la supply chain dans lequel l’exploitation des données dopée à l’intelligence artificielle a fait changer les choses, c’est bien celui de la planification. Mais si la technologie joue un rôle important dans le S&OP, la véritable rupture introduite par ces outils est finalement plus organisationnelle que technologique, puisqu’elle tient dans l’unification autour d’une même vision des fonctions supply chain, commerciales, industrielles et de la direction générale. « L’outil est important, mais le fait de mettre tout le monde autour de la table l’est tout autant », remarque Guillaume Waline, Senior Manager Strategic Alliances de Prewave, solution de gestion du risque Supply Chain, partenaire du Club Supply Chain.
Une taille critique pour ce qui est de la robotisation
Les technologies de robotisation sont en revanche plus sujettes à des doutes quant à leur ROI. « La robotisation est valable à partir du moment où l’on a atteint une taille critique, elle présente alors un changement de productivité radical et un ROI immédiat », assure le directeur d’un groupe agroalimentaire.
En supply chain, nous sommes tous focalisés sur les résultats, le fait de délivrer de la productivité, du P&L. Est-ce que cela peut laisser de la place au test&learn ?
L’assimilation des offres de la Supply Tech pose également la question de la capacité des grandes entreprises à travailler avec des startups, à leur rythme et dans des conditions relationnelles équitables. Cela soulève aussi la capacité des grandes entreprises à admettre le risque inhérent à ce type de collaboration. « En supply chain, nous sommes tous focalisés sur les résultats, le fait de délivrer de la productivité, du P&L. Est-ce que cela peut laisser de la place au test&learn ? », s’interroge le directeur supply chain d’une ETI. « Nous ne voulons pas passer à côté de ces innovations donc testons », l’encourage Louis Rigaud, ingénieur solutions chez le spécialiste de la logistique et de l’industrie 4.0, Versa, sponsor du Club Supply Chain.
Finalement les cas d’usage ne manquent pas et sont extrêmement variés, de l’adoption de nouvelles motorisations, au process mining, en passant par le machine learning adapté au contrôle qualité dans l’industrie. Mais, preuve que les directeurs supply chain gardent la tête froide, pour beaucoup des participants de cette soirée, « le premier outil de la supply c’est Microsoft avec Excel ».