CyberVadis réalise sa première levée de fonds et vise rapidement l’international
Par Mehdi Arhab | Le | It
Tout juste un an après pris son indépendance, CyberVadis, plateforme d’évaluation des risques cyber, a levé sept millions d’euros. Une première pour la structure française qui espère, avec cette opération, concrétiser ses ambitions à l’international. Elle vise plus précisément l’Europe et les États-Unis.
L’activité CyberVadis s’inscrit dans autre chose, il était donc logique de se séparer. Nous nous adressons à un tout autre marché
Que de chemin parcouru pour CyberVadis ! Alors qu’elle n’était, il y a un an encore, qu’une business unit du spécialiste de l’évaluation RSE EcoVadis, celle qui est désormais une entreprise indépendante, employant une centaine de collaborateurs, a levé sept millions d’euros. Une opération officialisée il y a peu et qui doit permettre à CyberVadis de grandir encore et encore. Dans le cadre de sa scission avec sa grande sœur, par suite de la levée de fonds de 500 millions d’euros de cette dernière, CyberVadis avait convaincu Edouard Lacarriere de prendre les habits de CEO. Un DAF et un CTO avaient été également recrutés pour renforcer le top management. « L’activité CyberVadis s’inscrit dans autre chose, il était donc logique de se séparer. Nous nous adressons à un tout autre marché », commente Estelle Joly-Foillard, fondatrice et COO de CyberVadis.
Le tour de table a été mené auprès du fonds d’investissement suédois Zobito, qui avait déjà placé ses billes chez EcoVadis. La structure actionnariale de CyberVadis, dont le projet est né en 2016, n’est pas bouleversée. Pierre-François Thaler ainsi que Frédéric Trinel, cofondateurs et CEO d’EcoVadis, CVC et Partech continuent en effet l’aventure. « Les investisseurs du fonds Zobito sont tous d’anciens entrepreneurs du monde de la tech. C’est un avantage certain », complète Estelle Joly-Foillard.
Des investissements à venir dans la R&D
Avec sa plateforme de gestion des programmes d’évaluation des risques cyber des tiers (third party cyber risk management), CyberVadis opère sur un marché en plein boom. Cette levée de fonds doit ainsi lui permettre accélérer son développement à l’international. Déjà présente depuis trois ans maintenant en Allemagne et au Royaume-Uni, CyberVadis a déjà entamé sa structuration hors de l’Hexagone. « Nous avons des équipes sur place et commençons à avoir des clients sur ces plaques géographiques », révèle la COO.
Désormais, elle vise les États-Unis et compte bien renforcer sa position sur le Vieux continent. Le pays de l’Oncle Sam compte pour environ 30 % de sa clientèle. Et justement, sur cette contrée, CyberVadis a fait preuve d’anticipation. « Nous avons commencé à recruter des collaborateurs l’an dernier aux États-Unis », fait savoir Estelle Joly-Foillard. CyberVadis prévoit par ailleurs d’investir dans sa R&D pour développer et enrichir sa plateforme de nouvelles fonctionnalités. À cela s’ajoute un plan de recrutement, qui comprend l’embauche de nouveaux talents sur les fonctions supports et commerciales plus particulièrement. « Notre équipe R&D représente 25 % de nos effectifs, elle est déjà très solide », note Estelle Joly-Foillard.
Le CAC 40, nid de clients
Si CyberVadis n’a pas souhaité communiquer son chiffre d’affaires et ses objectifs en la matière à moyen terme, elle revendique une croissance à deux chiffres sur son dernier exercice fiscal. « Nous nous approchons davantage des 100 % de croissance que des 10 % », assure Estelle Joly-Foillard. Cette dernière affirme également que son entreprise a séduit un quart des groupes qui peuplent le CAC 40. Et s’ils sont tombés sous le charme de CyberVadis, c’est avant tout parce qu’elles peuvent évaluer l’aptitude de leurs fournisseurs, les plus petits notamment, à détecter et réagir à une cyberattaque. Une épreuve qui peut avoir des répercussions de taille et immédiates sur leurs activités. Nombre d’ETI et de petites et moyennes entreprises recourent aussi à la plateforme de CyberVadis. Celles-ci s’abonnent, pour 1 000 euros en moyenne, afin d’être évaluées et avoir une scorecard détaillée. « Souvent, ces structures ne comptent pas de ressources en matière de cybersécurité », rappelle Estelle Joly-Foillard.
Nous avons eu la chance de tirer profit de toute l’expertise et du savoir-faire d’EcoVadis, de leur process et leur méthode d’analyse
À l’instar d’EcoVadis, CyberVadis fonde sa proposition de valeur sur la fiabilité des informations qu’elle récolte, indiquant s’appuyer sur des « preuves » et non des éléments déclaratifs. « Nous avons eu la chance de tirer profit de toute l’expertise et du savoir-faire d’EcoVadis, de leur process et leur méthode d’analyse », reconnaît Estelle Joly-Foillard, qui ajoute : « nous contactons les fournisseurs qui nous fournissent des documents qui font office de preuve. C’est ce qui fait notre fiabilité ».
Grâce à ses équipes d’analystes et d’experts en cybersécurité, CyberVadis établit une note sur 1 000 et communique à ses clients un plan de remédiation priorisé. Une aubaine pour les grands groupes, qui réduisent indirectement leurs risques cyber en évaluant en amont leurs tiers fournisseurs en la matière. Et une bénédiction pour les fournisseurs qui peuvent, à la suite d’une procédure robuste et poussée, s’améliorer grâce aux recommandations et conseils portés par CyberVadis. « Nous apportons de la valeur aux donneurs d’ordre mais aussi à leurs fournisseurs », se félicite Estelle Joly-Foillard. Depuis son lancement, la société a évalué des milliers d’entreprises dans près d’une centaine de pays. Celles-ci opèrent sur divers secteurs d’activité. Près de la moitié sont établies en Europe (25 % en France), 30 % sur les Amériques, quasi exclusivement aux Etats-Unis donc et 20 % en Asie.
Si CyberVadis ne s’interdit rien, aucune nouvelle levée de fonds n’est à l’ordre du jour. L’entité préfère s’attarder sur sa structuration et son développement. « Nous attendons de croître pour opérer une plus grosse levée de fonds. Notre réussite réside dans le fait d’avoir en premier lieu monter une plateforme robuste, avec des clients pilotes qui nous ont aidés à la monter », conclut Estelle Joly-Foillard.