Rhenus France déploie une charte d’achats responsables
Le | Logisticien
L’entité française du spécialiste allemand de la logistique Rhenus déploie depuis l’été 2024 une charte achats responsables. Ce document a été élaboré par la direction des achats et la direction RSE. Morgane Chalamel Morin, directrice des achats de Rhenus France, nous dresse son plan d’action et ses perspectives.
Dans un entretien accordé à Stéphanie Gallo Triouleyre et à retrouver sur Republik HA - Le Média, Morgane Chalamel Morin patronne des achats de l’entité française du spécialiste allemand de la logistique Rhenus, dévoile les grandes lignes de la charte achats responsables élaborée avec la direction RSE. « Cette charte s’inscrit dans le cadre d’une démarche plus globale de Rhenus France autour de la RSE. Une feuille de route a été construite l’année dernière pour l’entreprise, avec dix enjeux prioritaires, dont les gaz à effet de serre, les conditions de travail et donc les achats responsables », introduit-elle. Les Achats de Rhenus France s’élèvent à centaine de millions d’euros d’achats. Les dépenses pilotées par la direction des achats tournent autour de quatre grandes catégories : l’intérim, les bâtiments et leurs équipements, les prestations externes et l’IT. « En parallèle, chaque site fait ses propres achats, en fonction de la politique d’achats et des procédures que j’ai fixées pour chaque catégorie de dépenses », précise Morgane Chalamel Morin.
Cette charte décrit avec précision les engagements attendus des fournisseurs sur les thématiques de la conformité, de l’éthique, du devoir de transparence et de vigilance, sur le traitement des données personnelles, sur le droit du travail …
À terme, Rhenus France (et l’entreprise dans son ensemble) entend logiquement réduire son empreinte environnementale, en identifiant ses activités plus significatives. Mais les engagements du logisticien et de sa direction des achats ne s’arrêtent pas là. « Nous souhaitons aussi promouvoir des conditions de travail équitables chez nos fournisseurs et soutenir les achats locaux et durables. Cette charte décrit avec précision les engagements attendus des fournisseurs sur les thématiques de la conformité, de l’éthique, du devoir de transparence et de vigilance, sur le traitement des données personnelles, sur le droit du travail, sur la protection de l’environnement etc… », explique Morgane Chalamel Morin.
Une démarche au long cours
N’étant qu’au début de l’histoire, la directrice des achats de Rhenus France indique « viser des objectifs atteignables » et avancer pas à pas. Cette démarche, inscrite dans le temps long, ne peut être trop brusque au risque sinon de braquer ses fournisseurs, notamment les plus stratégiques. « Nous ne voulons pas aller à la confrontation avec nos partenaires actuels en leur demandant une transition trop brutale, nous préférons une exigence progressive », confirme la directrice des achats. Cette charte a d’ailleurs été communiquée, juste avant l’été, dans un premier temps aux 300 principaux fournisseurs de Rhenus France. Elle le sera aux autres par la suite. « Environ la moitié des 300 fournisseurs l’a d’ores et déjà renvoyée signée. Certains, qui ont déjà des certifications et qui en ont l’habitude, l’ont fait très rapidement. Avec d’autres, c’est plus long. Il faut expliquer et rassurer. Nous intégrons progressivement la charte à nos process d’achats. Par exemple, elle est une des composantes de nos dossiers de consultations de fournisseurs, elle est aussi demandée dans les procédures de création de fournisseurs sollicitées par nos sites en local ou par les services supports », décrit Morgane Chalamel Morin.
Nous exigeons la transparence dans leurs pratiques, le respect des normes environnementales et sociales, ainsi qu’un engagement à améliorer continuellement leurs pratiques
Une première évaluation des fournisseurs sera effectuée en fin d’année par les Achats, qui intégreront les critères de cette charte à l’évaluation globale fournisseur annuelle habituelle. « Nous exigeons la transparence dans leurs pratiques, le respect des normes environnementales et sociales, ainsi qu’un engagement à améliorer continuellement leurs pratiques », expose la patronne des achats. Parmi les critères retenus : la capacité de l’entreprise à mesurer son empreinte carbone et à planifier une trajectoire de décarbonation, les taux de parité hommes/femmes, la politique QVCT, la capacité à démontrer sa méthode de protection des données … « Pour cette année, nous sommes plutôt dans un objectif de collecte des données. Ensuite, l’idée sera d’aller vers la création d’objectifs d’amélioration », indique Morgane Chalamel Morin.
Une posture partenariale
Les fournisseurs qui accuseront un retard ne seront pas pénalisés et sortis du jeu. La directrice des achats Rhenus France confirme que l’entreprise adoptera une posture bienveillante et compatissante pour, in fine, aider ses fournisseurs et prestataires à s’améliorer ; l’objectif étant qu’ils s’engagent à travers des actions concrètes. « Pour ceux qui seront en retard lors de notre évaluation annuelle, évidemment, nous ne les déréférencerons pas tout de suite, nous nous inscrirons d’abord dans une perspective, plutôt longue, de dialogue et d’accompagnement. Six mois ou un an plus tard, nous regarderons de nouveau pour valider que la trajectoire est positive. Si ce n’est pas le cas ou si nous constatons qu’un partenaire enfreint sciemment les engagements qu’il avait pris avec nous, la collaboration ne pourra pas perdurer dans le temps », prévient toutefois Morgane Chalamel Morin.
Notre objectif n’est évidemment pas de mettre en difficulté nos fournisseurs. Si de manière objective, les engagements demandés engendrent des coûts supplémentaires, nous étudierons cela et pourrons en discuter
Si toutes ces demandes d’engagement faites par Rhenus engendraient des hausses de prix côté fournisseurs, Morgane Chalamel l’assure : l’entreprise est prête à absorber des surcoûts dans la limite où elle peut le faire sans se mettre en danger. « Notre objectif n’est évidemment pas de mettre en difficulté nos fournisseurs. Si de manière objective, les engagements demandés engendrent des coûts supplémentaires, nous étudierons cela et pourrons en discuter. Mais, bien entendu, nous vérifierons aussi ce que réussissent à faire les autres acteurs du marché ».
Propos recueillis par Stéphanie Gallo Triouleyre