L’année 2024 marquera la Métamorphose du SITL
Par Mehdi Arhab | Le
Lors d’une conférence de presse de présentation du prochain SITL, le DRH du groupe Stef, le PDG adjoint de Ceva Logistics et le responsable des achats indirects de Pomona France ont évoqué deux des grands enjeux de la filière, l’attractivité et la décarbonation. Autant de sujets qui seront abordés lors du Salon, qui se tiendra du 19 au 21 mars prochains au parc des expositions Paris Nord Villepinte.
Le Salon revient simplement à ce qui fait son ADN, il se veut plus innovant, plus engageant, plus attractif et plus international
Un mot d’ordre, ou plutôt, une ligne directrice : métamorphose. Le SITL est bien décidé à effectuer un retour aux sources. Après s’être baptisé pendant quelques années « Semaine de l’innovation du transport et de la logistique », le SITL redevient officiellement le Salon International du transport et de la logistique. Et international, le Salon compte bien l’être. Ce retour aux sources ne traduit pas non plus un retour en arrière, bien au contraire. « Le Salon revient simplement à ce qui fait son ADN, il se veut plus innovant, plus engageant, plus attractif et plus international », a clamé Laurence Gaborieau, sa directrice à l’occasion d’une conférence de presse de présentation qui se tenait au sein de la Maison de la logistique durable, ouverte tout récemment dans le 13è arrondissement de Paris par la foncière immobilière Segro.
Cette dernière et ses équipes ont redoublé d’efforts pour faire évoluer la proposition de valeur du salon, se rapprochant notamment de nombreuses associations européennes des filières logistique et transport. « Notre objectif est de faire venir davantage de visiteurs venus de l’étranger et plus de pavillons internationaux », a fait savoir Laurence Gaborieau. D’ailleurs, le Salon, qui se tiendra trois jours durant, du 19 au 21 mars prochains à Paris Nord Villepinte, attend près de 25 000 visiteurs et une grande part venue de l’étranger donc. Ses 22 000 m² d’exposition accueilleront entre 400 et 450 exposants, parmi lesquels des grands noms du secteur bien entendu et plus de 700 produits y seront présentés. Quelque 120 conférences, ciblées, se tiendront durant les trois jours pour nourrir la curiosité des uns et des autres, des chargeurs et transporteurs. Des sujets d’actualité, comme la place de la logistique dans l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, la formation, l’inclusion et l’égalité hommes-femmes y seront abordés. « Nos autres mots d’ordre se résument à : collaboration, coopération et co-construction. Le salon n’a qu’un seul objectif : valoriser la filière et montrer son attractivité », a expliqué Laurence Gaborieau. Ce travail de refonte, qui s’étalera en tout et pour tout sur trois ans, doit donner un élan nouveau au Salon, qui n’en manquait pourtant pas. Sa valeur cardinale a toujours été de s’inscrire au carrefour des enjeux auxquels fait face le secteur, dont le caractère stratégique s’est grandement accentué. Et elle continuera de l’être. Ainsi, la transition écologique et environnementale bien-sûr, la digitalisation aussi, la réorganisation de la supply chain à travers l’innovation et l’automatisation, l’aménagement des territoires urbains et, enfin, l’attractivité seront des sujets adressés, en profondeur et de multiples manières.
La thématique Métamorphose est d’ailleurs déclinée dans chacun d’eux, à travers notamment la tenue de conférences phares donc, moins nombreuses certes, mais encore mieux imaginées. Pour incarner ce fil rouge, le Salon comptera cette année deux nouveaux espaces : le Metamoprhose Center pour « incarner les voies du changement » et le Campus, imaginé avec France Travail, au sein duquel divers acteurs et institutionnels viendront vanter la filière, ses différents métiers pour susciter des vocations. Pensé comme une agence de recrutement, cet espace verra des associations et des cabinets de recrutement animer des jobs datings, des présentations et des rencontres.
L’attractivité, la thématique du moment …
Nous ne faisons que très peu considération des diplômes, ils ne doivent pas être les principaux points d’entrée
Accompagnée au cours de la conférence de presse par plusieurs grands industriels et autres noms de la logistique, Laurence Gaborieau a invité le directeur des ressources humaines du groupe Stef, Jean-Yves Chameyrat, à partager ses bonnes pratiques pour se différencier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le spécialiste de la supply chain alimentaire sous température contrôlée ne manque pas d’idées pour attirer de nouveaux employés. « Les initiatives du groupe sont nombreuses. L’attractivité est pour nous un sujet majeur, sur lequel nous avons longuement travaillé pour pallier les tensions de recrutement. Pas moins de 80 % des postes à pourvoir le sont en interne et nous recrutons entre 3 500 et 4 500 personnes chaque année. Lorsque nous nous sommes posé la question de la différenciation, la promotion interne est apparue. Si quelqu’un veut évoluer chez Stef, il peut le faire et nous y mettons les moyens. Nous ne faisons que très peu considération des diplômes, ils ne doivent pas être les principaux points d’entrée. Le quart de nos directeurs de site sont des autodidactes », a expliqué le DRH du groupe.
Pour ce dernier, la possibilité d’évolution et l’esprit d’équipe constituent des avantages certains. Ce sont les principaux leviers de Stef pour gagner (et garder) en attractivité. Cette bienveillance, Stef la cultive. Pas moins de 13 000 salariés du groupe détiennent près de 20 % du capital. Un modèle qui a fait ses preuves et qui inspire bon nombre de grandes entreprises ; certaines venant de prendre le parti de développer l’actionnariat salarial. Mais Stef ne s’arrête pas là et fait montre d’une responsabilité à toute épreuve, en premier lieu à destination des personnes qui tentent de rejoindre ses rangs. « Nous recevons près de 20 000 CV chaque année, nous ne pouvons bien sûr pas recruter tout le monde. En revanche, nous veillons à apporter le plus souvent possible des réponses personnalisées aux candidats et, lorsque cela s’y prête, leur donner des conseils qui pourraient les aider par la suite », a exposé Jean-Yves Chameyrat.
… Sans oublier la décarbonation du transport et de la logistique
Ce dernier n’était pas le seul à être invité à prendre la parole. Olivier Storch, PDG adjoint de Ceva Logistics et Pierre Lefevre, responsable achats indirects du groupe Pomona France ont notamment été sollicités pour révéler leurs avancées en matière de décarbonation. Un sujet extrêmement difficile à appréhender, mais qui doit l’être. La filiale du géant CMA CGM, partenaire officiel en solutions logistiques des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, a décidé d’installer quelque 1,8 million de mètres carrés de panneaux solaires sur les toits de ses entrepôts pour les rendre autonomes énergiquement et, même, pour alimenter à terme les parcs industriels environnants. « Nous nous sommes engagés sur un taux de recyclage de 80 % avec les Comité d’organisation des jeux et nous mettrons tout en œuvre pour atteindre cet objectif », a complété derrière Olivier Storch qui a décrit les Jeux comme étant « l’événement logistique le complexe à organiser en temps de paix ». « L’aventure a commencé il y a deux ans et se finira au début de l’année 2025. Elle a nécessité de sourcer des catégories extrêmement vastes d’éléments dans plus d’une centaine de pays », a-t-il poursuivi.
Un camion électrique coûte trois fois plus cher qu’un camion thermique. La logistique verte est la plus chère
En ce qui concerne le transport, le logisticien s’est engagé auprès de la « famille olympique » (comité d’organisation, entreprises privées impliquées dans l’organisation, fédérations sportives …) a opéré 50 % des 12 000 rotations effectuées en Île-de-France avec des véhicules aux émissions carbones faibles voire inexistantes. « Nous pouvons atteindre un taux de 65 % », a assuré le PDG adjoint de Ceva Logistics. Il a également indiqué que Ceva Logistics réfléchissait au fait de recourir à des barges. « Nous comptons 14 sites à moins d’un kilomètre de la Seine, de fait nous nous interrogeons sur l’intérêt d’en intégrer ». En revanche, Olivier Storch garde les pieds sur terre pour ce qui concerne la décarbonation des opérations de transport. « Elle est bien plus facile à adresser sur la partie logistique », confirme-t-il, rappelant que verdir une flotte n’était pas un choix économiquement neutre, même pour Ceva Logistics. « La technologie n’est pas toujours disponible pour les 7 tonnes, encore moins pour au-delà et lorsqu’elle l’est, les surcoûts sont extrêmement importants. Un camion électrique coûte trois fois plus cher qu’un camion thermique. La logistique verte est la plus chère. »
De son côté, Pomona, par la voix de son responsable achats indirects, a indiqué avoir entamé le renouvellement de sa flotte de véhicules. Et en matière de transition écologique et environnementale, le groupe ne ferme « aucune porte ». « Nous avons amorcé notre transition énergétique avec le mix des poids lourds. Nous regardons partout et avons commencé avec du B100, du biocarburant issu du colza. Nous comptons également des camions utilisant du biogaz issu de la méthanisation et testons désormais des véhicules électriques, ce qui nécessite de redimensionner la puissance électrique de nos bâtiments pour les accueillir et les alimenter », a décrit Pierre Lefevre, pour qui, d’ailleurs, les motorisations diesel récentes n’ont pas dit « leur dernier mot » … Affaire à suivre donc.