Grâce à la visibilité sur ses transports, Limagrain passe au pilotage fin
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
Jean-Christophe Huon, responsable logistique Europe de Limagrain détaille les changements apportés par le déploiement de la plateforme Transporéon réalisé ces deux dernières années. A la clef des gains d’efficacité multiples et la possibilité d’aller plus loin dans l’optimisation des taux de chargement et la réduction des émissions CO2.
Après deux années pleines d’utilisation de sa plateforme (Transporeon), le groupe coopératif Limagrain commence à en récolter les fruits. Le choix de l’outil, en 2019, correspondait au moment d’une refonte des systèmes d’information de l’entreprise avec mise en place d’un ERP, avec lequel la plateforme a été interfacé. Après les gains de visibilité en temps réel, place désormais à des analyses plus fines permettant de mener une politique de décarbonation efficace et d’optimiser les flux de transport répartis entre deux tiers de route et un tiers de maritime.
En Europe, périmètre sur lequel la plateforme de Transporeon a été déployé, le groupe coopératif Limagrain, spécialisé dans le commerce de semences pour grandes cultures réalise 787 millions d’euros de chiffre d’affaires (2,451 milliards d’euros pour le groupe). En Europe, le groupe emploie 1 822 collaborateurs dans 20 filiales et commercialise ses produits dans une cinquantaine de pays. Côté supply chain, l’entreprise produit et transporte 7,6 millions de sacs de 10 kilos à 15 kilos de semence par an (maïs, tournesol et colza).
Des flux intermédiaires entre la récolte et la commercialisation de la semence
Les premiers clients de la logistique sont ses filiales, qui elles-mêmes s’adressent à des acteurs du monde agricole, clients du groupe. Une partie des capacités de stockage de l’entreprise - en silos, en conteneurs et en palettes - se trouve sur ses sites industriels et l’autre est sous-traitée. Une fois récoltés, les produits sont transportés dans un premier lieu de transformation, une usine Limagrain ou celle d’un sous-traitant, pour parfois revenir sur un site industriel Limagrain, avant d’être conditionnés. « Nous avons donc aussi des flux intersites assez conséquents », précise Jean-Christophe Huon. Responsable logistique pour l’Europe, il a sous sa responsabilité, l’entreposage et le transport, service client compris, sur le périmètre Europe du groupe.
Nous sommes passés d’un système très manuel à un système complètement automatisé
L’objectif de Limagrain dans l’adoption d’une plateforme était avant tout de gagner en visibilité, « avoir un détail sur l’ensemble des opérations transport », explique le directeur logistique qui rappelle qu’auparavant, le pilotage des transports se faisait par mails et fichiers Excel. « Nous sommes passés d’un système très manuel à un système complètement automatisé », résume Jean-Christophe Huon.
« Aujourd’hui nous sommes pratiquement au ″0 touch order″. Le client passe sa commande de produits dans SAP. Elle est transférée dans Transporeon, qui propose le transport associé du point A au point B, avec des transporteurs sélectionnés auparavant par appels d’offres, également via la plateforme Transporeon. Le transporteur accepte ou décline le transport, dans ce cas il sera automatiquement remplacé par un autre transporteur également sélectionné », décrit Jean-Christophe Huon qui souligne la rapidité de sélection d’un transporteur et, par conséquent de réponse aux clients. Un gain de deux jours en moyenne. « Nous sommes capables de leur partager le statut de leur livraison que nous connaissons en temps réel », souligne le responsable logistique Europe.
Réaffectation des équipes sur des tâches à plus forte valeur ajoutée
L’adoption de cette plateforme a aussi permis de faire monter en compétences les équipes. « Le fait d’avoir une gestion centralisée améliore la rapidité mais aussi la qualité. De fait nous pouvons réaffecter des ressources sur des activités d’analyse plus approfondies », confirme Jean-Christophe Huon. Une cinquantaine de personnes travaillent sur l’outil, une dizaine au service transport, une dizaine au service client international et une trentaine dans les usines et les entrepôts du groupe.
Le bénéfice est aussi valable pour le transporteur en termes de qualité, de rapidité et d’exécution
Dans l’ensemble la cinquantaine de transporteurs de Limagrain Europe ont suivi et ce, d’autant plus facilement que beaucoup d’entre eux faisaient déjà parti du maillage de Transporeon. Désormais, Limagrain indique dans ses appels d’offres l’utilisation impérative de Transporeon. « Le bénéfice est aussi valable pour le transporteur en termes de qualité, de rapidité et d’exécution », note Jean-Christophe Huon qui surenchérit : « Le fait d’avoir une plateforme collaborative comme Transporéon est un atout compétitif également pour capter nos fournisseurs ».
Un enjeu d’attractivité pour trouver des transporteurs en haute saison
Un gain d’attractivité qui n’est pas neutre étant donné la forte saisonnalité des besoins de transport de Limagrain. « Nous avons principalement deux saisons, la saison du maïs et du tournesol qui va de décembre à avril et celle du colza, du 15 juin jusqu’à fin juillet. Tout l’enjeu pour nous consiste à trouver des transporteurs à ce moment-là ». Pour contrer les risques de pénuries, Limagrain mise donc sur les relations long terme, a proscrit les achats spots.
L’outil apporte également un atout au service achats dans la gestion de la relation fournisseur. Elle est d’une part simplifiée car tous les appels d’offres sont gérés dans l’outil et d’autre part parce qu’il apporte plus de détail dans la décomposition des coûts. Le suivi des transporteurs peut aussi s’appuyer sur des KPI de ponctualité, de temps de transit et de qualité.
Maintenant que la direction logistique a obtenu de la visibilité sur ses flux de transport, elle est armée pour servir efficacement l’ambition du groupe de réduire de 25 % ses émissions de CO2 d’ici à 2030. « Sans visibilité détaillée sur nos flux, nous n’avions pas non plus une vision claire de nos taux de chargement, ni du nombre de kilomètres parcourus et donc des émissions de CO2 », rappelle le responsable logistique de Limagrain. La direction logistique va maintenant pouvoir travailler sur la réduction des distances parcourues, l’optimisation des tournées et la densification de son transport.
Optimiser les taux de chargement
L’optimisation du taux de remplissage des camions va d’ailleurs de pair avec la réduction des gaz à effet de serre. « Grâce à l’outil, nous sommes capables de gérer plusieurs commandes dans un même véhicule, de faire des chargements et des livraisons dans des points multiples », explique Jean-Christophe Huon. Pour faire avancer ses objectifs, le responsable logistique Europe de Limagrain compte également favoriser la collaboration avec ses fournisseurs et ses clients, mais aussi avec d’autres chargeurs, notamment pour optimiser le remplissage du fret retour.
Avoir la capacité de connaître en temps réel la position d’un véhicule et de pouvoir déterminer de manière la plus précise possible le jour et l’heure de son arrivée est un élément majeur de notre parcours d’optimisation
Pour la suite, Limagrain espère convaincre un maximum de ses partenaires d’accepter la géolocalisation. « Avoir la capacité de connaître en temps réel la position d’un véhicule et de pouvoir déterminer de manière la plus précise possible le jour et l’heure de son arrivée est un élément majeur de notre parcours d’optimisation et de modernisation du transport. Ce niveau de précision permet des gains de productivité dans les entrepôts mais aussi une nette amélioration du service client.
A plus long terme, fort de ses nouvelles capacités de gestion des données de transport, Jean-Christophe Huon souhaite passer à la modélisation des schémas directeurs et à la production de what if scénari. « A l’avenir, l’intelligence artificielle va envahir la supply chain. Je compte sur des partenaires comme Transporeon pour accompagner ce changement.