Stratégie supply

France Supply Chain met d’accord LFI, LR, LREM et PS

Par Guillaume Trecan | Le | Industrie

Les membres du comex de l’association France Supply Chain ont invité les représentants des listes des principaux partis politiques candidats aux élections européennes pour les sensibiliser à l’enjeu pour l’Europe de faire front commun sur les sujets de supply chain. Un consensus s’est fait sur l’idée de créer une entité européenne capable de dialoguer avec les Etats-Unis et la Chine, deux grandes puissances qui prennent se sujet à bras le corps.

La rencontre s’est tenue à deux pas de l’Assemblée nationale. - © Républik
La rencontre s’est tenue à deux pas de l’Assemblée nationale. - © Républik

Le 16 mai dans un restaurant situé à deux pas de l’Assemblée nationale, quatre représentants de partis politiques candidats aux élections européennes ont engagé un dialogue avec le comex de France Supply Chain. Côté politiques étaient présents le député MoDem Bruno Millienne ; Marion Beauvalet, candidate sur la liste LFI ; Thiebaut Weber, candidat sur la liste PS et Aurélien Caron, candidat pour la liste LR. Côté France Supply chain, derrière le président de l’association, Yann de Féraudy, étaient présents Aimé-Frédéric Rosenzweig (Renault), Philippe Armandon (Sopra-Steria), Marie-Laure Furagala (Kedge Business School) et François Peignès (ex-Orano), mais aussi François-Michel Lambert, président du cabinet de conseil Soroa et ancien député Europe Ecologie les Verts.

Un enjeu géopolitique majeur pour l’Europe

Derrière l’invitation lancée par le comex de France Supply Chain aux représentants des principales listes candidates aux élection européennes, il n’y avait pas seulement une envie de débattre de la vision de l’association, résumée dans son Manifeste pour une supply chain frugale et désirable, mais aussi un besoin de réveiller les consciences quant à l’importance stratégique du sujet d’un point de vue géopolitique.

« Il y a dans le monde deux grandes puissances qui prennent le sujet supply chain extrêmement au sérieux », prévient en préambule le directeur de France Supply Chain, Yann de Féraudy. La première de ces deux puissances, les Etats-Unis, vient en effet de créer un Council on Supply Chain Resilience au sein du ministère de la sécurité intérieur, qui va y porter les questions de sécurité et de souveraineté dans les domaines clés de l’alimentation, de la santé et de l’industrie. L’autre, la Chine, en plus d’investir dans un grand nombre d’infrastructure portuaire, y compris en Europe, s’est vue confié par l’ISO un groupe de travail technique ISO/TC344 sur la logistique innovante. « C’est l’opportunité de fixer des normes qui seront favorables à la Chine », alerte Yann de Féraudy qui note que ce groupe de travail se réunit justement fin mai dans une banlieue lointaine de Shangaï, probablement en l’absence de représentants français, voire d’autres pays européens, faute de budget mis à leur disposition.

Dorénavant, l’expertise supply chain doit être coordonnée et participer aux choix politiques

Face à cette urgence, Yann de Féraudy exprime le souhait de France Supply Chain : « dorénavant, l’expertise supply chain doit être coordonnée et participer aux choix politiques ». « L’ambition que porte France Supply Chain, notamment à travers l’ELA (European Logistic Association), c’est qu’elle soit pilotée dans les politiques publiques européennes. Nous recommandons notamment vivement que le commissaire au marché intérieur intègre la supply chain comme un des outils qu’ils doivent utiliser pour les politiques publiques », précise l’ancien député.

Tous d’accord pour une instance européenne dédiée à la logistique

Si la forme précise que prendrait ce pilotage n’a pas été spécifiée à l’issue de la discussion très riche qui s’est engagé avec chacun des politiques présents, ils sont bien arrivés à un consensus sur la pertinence de défendre la création d’une instance européenne comparable au Council on Supply Chain Resilience américain.

C’est une mesure que nous pouvons défendre

« C’est une mesure que nous pouvons défendre », concède Marion Beauvalet (LFI). « Le fait est que la France ne peut plus tout faire seule. L’Union européenne ne peut pas tout faire non plus mais cela a un sens, sur des questions où, de fait, les chaines de production sont internationalisées, de pousser pour formaliser ce genre de cadre, au moins sur les questions écologiques », développe-t-elle.

S’il peut y avoir une école européenne de la supply chain qui permet d’avoir ce débat public européen, c’est oui

L’engagement de France Supply Chain pour une supply chain plus respectueuse du développement durable séduit également Thiebaut Weber, candidat sur la liste de Raphaël Glucksmann (PS), qui abonde : « S’il peut y avoir une école européenne de la supply chain qui permet d’avoir ce débat public européen, c’est oui. » Pour le candidat PS, avoir une instance européenne dédiée à la logistique aurait d’autant plus de sens que la puissance publique est un acteur indispensable pour favoriser son développement. « Nous avons besoin à nouveau de planification. Le monde public peut corriger ou impulser ce que le marché ne sait pas faire », estime Thiebaut Weber qui rappelle notamment le cas du fret ferroviaire qui risque de mourir faute d’investissement public.

Nous sommes évidemment totalement favorables à développer au niveau européen ce qui a été mis en place aux Etats-Unis

Pour le député MoDem Bruno Millienne, le cadre appelée de ses vœux par France Supply Chain pourrait prendre la forme d’« un organisme de conseil et de coordination pour aider les politiques européennes ». « Nous sommes évidemment totalement favorables à développer au niveau européen ce qui a été mis en place aux Etats-Unis. Vous êtes le maillon essentiel pour toutes nos entreprises qui veulent se lancer dans l’économie circulaire, la transition énergétique et l’économie de la fonctionnalité », poursuit le candidat sur la liste de la majorité.

Nous sommes d’accord sur la question d’une entité européenne

Aurélien Caron, candidat sur la liste LR de François-Xavier Bellamy boucle la boucle de ce tour de table en précisant également sa vision des ressources à mobiliser pour faire naître cette entité. « Nous sommes d’accord sur la question d’une entité européenne. Il y a suffisamment de fonctionnaires à Bruxelles, on doit donc pouvoir l’organiser en réallouant des moyens sans augmenter les budgets », avance-t-il.