Avec un hackathon, Renault réinvente sa supply chain en mode décarbonée
Par Guillaume Trecan | Le | Green
La direction de la supply chain de Renault vient de conclure deux journées de brainstorm sur la décarbonation de la supply chain par un hackathon qui a vu s’affronter les projets de six équipes constituées des membres de la direction supply chain du constructeur, accompagnés de confrères d’autres entreprises et de transporteurs.
Il va falloir une bonne dose de créativité à la direction supply chain de Renault pour réussir son engagement de neutralité carbone en Europe en 2040 et dans le monde en 2050. Pour stimuler la créativité de ses équipes, le directeur supply chain du groupe, Jean-François Salles organisait un hackathon intitulé « Reboot The Supply », avec l’aide des équipes de l’expérience Center de PWC, les jeudi 6 et vendredi 7 avril. Dans le cadre de cet événement, six équipes de huit à neuf personnes se sont affrontées sur des projets à mettre en œuvre à l’horizon 2035, des présentations inspirées notamment par un exercice de design fiction calé sur trois types de scénarios d’avenir : crash environnemental, rupture technologique et sobriété.
Un jury d’universitaires, de chargeurs et de transporteurs
Un exercice de créativité et d’ouverture, chaque équipe étant composée de trois membres de la direction supply chain de Renault ; d’un étudiant en MS Supply Chain Design & Management des Ponts et Chaussées ; de confrères responsables supply chain d’autres chargeurs (Air Liquide, EDF, Engie et Total) ; et de transporteurs (Breger, Ceva Logistics, HMR, XPO). Un même esprit d’ouverture a présidé à la constitution du jury avec, au côté du directeur de la supply chain du groupe Renault ; Florence Ughetto, experte en logistique responsable ; Anthony Briant, directeur de l’Ecole des Ponts Paris Tech ; Valentina Carbone, professeure à l’ESCP, co-directrice de la chaire économie circulaire et business modèles durables et de Cécile Desjardins, rédactrice en chef adjointe de l’Opinion.
Les vainqueurs de ce Hackathon sont précisément des projets axés sur la mutualisation des forces. Le grand prix du jury revient en effet au projet baptisé « Transport’us », qui prône une mutualisation des flux entre différents chargeurs, basée sur une même vision des datas. Le constat de départ : aussi important soient-ils, les flux d’un groupe comme Renault ne peuvent à eux seuls suffire pour convaincre les énergéticiens d’investir dans des infrastructures de recharge de véhicules décarbonés situés aux endroits voulus, d’autant plus que ces flux sont l’objet de fortes variations dans le temps. D’où l’idée de créer une base de données partagées permettant d’anticiper les besoins de transport de plusieurs chargeurs et de les lisser. Une telle démarche permettrait également de convaincre les transporteurs d’investir dans de nouvelles motorisations.
Décarboner via la mutualisation
Un autre projet d’esprit collectif repart avec un prix spécial du jury, le projet « Beyond Carbon », qui propose de créer un GIE, un groupement d’intérêt écologique, regroupant différents chargeurs, des transporteurs, des collectivités territoriales, des énergéticiens et des institutionnels pour faire passer la décarbonation de la logistique à l’échelle. Ce réseau fonctionnerait comme un tiers de confiance indépendant des logisticiens et permettrait de mutualiser les flux, tout en s’appuyant sur des hubs logistiques et énergétiques maillant les territoires.
La part belle à l’économie circulaire
Avec la mutualisation, l’économie circulaire est l’autre grande tendance de ce concours de projets. Deux projets, intitulés respectivement « Renew » et « Renew Group ». Le premier repose sur l’idée de s’adapter aux attentes croissantes de personnalisation des consommateurs pour aller vers des véhicules éco-conçus et modulaires, à la durée de vie moyenne prolongée de 12 ans en moyenne à 15 à 18 ans. Cette évolution s’accompagnerait, d’une redéfinition du schéma logistique avec des flux allégés et plus courts.
Le second projet économie circulaire propose précisément de mettre en place une supply chain adaptée au développement des Re-Factory. La première s’est implantée à Flins, mais le groupe projet du Hackathon a fait le pari qu’à termes, chaque site de fabrication sera double d’une re-factory, qui renverra un flux de pièces détachées vers les fournisseurs et vers les usines d’assemblage, le tout via une logistique également circulaire.