PWC lance l’Industry Lab, un outil de décarbonation et de relocalisation
Par Mehdi Arhab | Le | Consultant
Avec la mise en place d’une petite ligne de production dans ses bureaux et d’une équipe de recherche dédiée, PWC développe un laboratoire destiné à tester des nouvelles manières de produire plus productives, susceptibles d’aider à porter des objectifs de décarbonation et de relocalisation.
Un espace détonnant, un désir affirmé. Avec l’Industry Lab, inauguré en décembre dernier en plein cœur de ses bureaux situés à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, PWC ne cache plus ses ambitions. Le réseau de conseil pense nombre de projets industriels et technologiques à travers deux principaux angles : la décarbonation et la relocalisation.
Avec cet espace, nous invitons nos clients à réfléchir autour de leurs problématiques industrielles
Une approche autour de notions (et impératifs) dans l’air du temps, qui irriguent désormais les feuilles de routes stratégiques de bien des organisations. « Avec cet espace, nous invitons nos clients à réfléchir autour de leurs problématiques industrielles, explique Stéphane Loubère, associé chez PWC France et Maghreb. Il en va de même pour nos collaborateurs, que nous souhaitons sensibiliser. L’Industry Lab doit être générateur de lien et leur permettre de s’aguerrir à ces technologies ».
La périphérie parisienne, nouveau bassin industriel et hub technologique
Un circuit fermé à petite échelle, un véhicule à guidage automatique qui passe à la vue d’un robot reproduisant dans le vide, encore et encore, des mouvements identiques … Cette mécanique de précision bien connue, factice ici bien entendu, est toujours saisissante et captivante. « L’idée était de créer une chaîne d’assemblage intégrée et non pas une simple juxtaposition de technos », relate Stéphane Loubère.
L’industrie 4.0 apparaît ici, sous nos yeux, à quelques pas de l’agitation parisienne. Aussi, dans le hall de l’immeuble occupé par PWC, une véritable caverne d’Ali Baba : de nombreuses autres installations qui relatent les travaux de l’entreprise sur l’intelligence artificielle ou encore la blockchain … Autant de sujets sur lesquels PWC manœuvre soigneusement. Les raisons de ce choix ? L’époque sans doute, ses agitations qui le réclament aussi et, également, bien sûr, la pandémie de Covid 19 et ses conséquences sur les modes de vie des populations et les modèles des entreprises.
Le karakuri kaizen pour modèle
Et justement, les confinements successifs, l’arrêt de nombreuses chaînes de productions dans le monde entier et les tensions inédites sur les chaînes d’approvisionnement ont imposé aux entreprises de faire peau neuve ; faisant dès lors de la relocalisation et décarbonation de leurs opérations des enjeux de premier ordre. La ligne d’assemblage pensée par PWC, avec le souhait de penser l’industrie du futur « et de rattraper le retard de la France sur l’Allemagne », constitue un exemple concret de ce qui peut être accompli en local. Celle-ci accueille l’assemblage de dodécaèdres en plastique. « Le robot dépile les pièces et les transfère à l’assemblage », explique Stéphane Loubère.
Le reste de l’installation fonctionne sans moteur, la transitique étant « opérée par des jeux de poulies », poursuit Stéphane Loubère. Développée par la structure française AIO, la ligne, « made in France », revendique l’associé, a été imaginée et échafaudée sur l’approche du karakuri kaizen, un dispositif venu tout droit du Japon et utilisé pour assister un processus industriel mécanisé avec des ressources limitées. PWC met ainsi un point d’honneur à limiter les dépenses énergétiques de son usine miniature. Une manière pour le spécialiste du conseil d’affirmer qu’il est bel et bien possible de se débarrasser du modèle des chaînes de production énergivores, dispendieuses et de contribuer à la construction de schémas industriels respectueux, durables, flexibles et avant tout, extrêmement efficaces.
« Cette technique n’est pas nouvelle, puisqu’elle a été pensée au Japon dans les années 1950. Elle est arrivée en France et en Europe sur le tard, depuis une dizaine d’années seulement, surtout dans l’automobile. Elle n’est pas encore entrée dans le champ d’application d’autres industries, mais cela n’est qu’une question de temps », assure Stéphane Loubère.
Doctorants et Arts & Métiers
Pour ses différents projets, PWC a noué un partenariat avec les Arts & Métiers ParisTech et sollicite de nombreux doctorants qui travaillent sur divers sujets : l’automatisation des processus industriels évidemment, la cybersécurité ou encore les jumeaux numériques, une représentation virtuelle conçu pour refléter fidèlement le cycle de vie d’un objet ou système de production. Une manne de jeunes talents qui l’aide dans sa quête : celle de développer en interne des outils pour accompagner ses clients dans la définition d’une roadmap efficiente. « Notre métier reste de les aider à trouver leur chemin et les orienter vers les technologies qui répondront au mieux à leurs cas d’usage », rappelle avec force Stéphane Loubère.
En ce sens, PWC a développé un outil de sourcing permettant d’identifier des alternatives locales à ses fournisseurs lointains. La branche française du groupe a également pensé une solution qui permet « d’évaluer le bilan carbone sur la partie scope 3 d’un produit à partir de sa nomenclature », expose Evrard Dauger, responsable industrie 4.0 chez PWC France et Maghreb. Un autre, baptisé Carbon Cockpit, mesure en quelques jours à peine l’empreinte carbone de l’infrastructure informatique d’une entreprise dans son ensemble, pour in fine suivre au plus près son évolution et établir des plans d’action afin de la réduire.
Outre l’univers physique de l’Industry Lab, un univers virtuel a été érigé par PWC. Cet espace de démonstration présente une centaine de cas d’usages déployés chez ses clients opérant dans différents secteurs d’activités : impression 3D, simulations de cyberattaques … Une façon, aussi, pour PWC de faire montre de son savoir-faire en matière de digital. Avec l’envie de toucher aux enjeux « des secteurs de l’énergie et de l’aéronautique notamment », clame Evrard Dauger. « Nous nous engageons sur la pérennité de nos équipements et nous nous assurons qu’ils répondent bien à des enjeux sur le temps long des industriels que nous accompagnons », poursuit-il.