Logistique

Colissimo poursuit ses efforts pour décarboner ses opérations

Par Mehdi Arhab | Le | Logisticien

Colissimo, célèbre service de livraison aux particuliers du groupe La Poste, a livré un premier bilan de ses démarches en matière de décarbonation. Par la voix de son directeur général, la branche a également détaillé au cours d’une conférence de presse les projets qu’elle va entreprendre pour satisfaire sa trajectoire de décarbonation. Et les investissements prévus en ce sens sont colossaux.

Colissimo poursuit ses efforts pour décarboner ses opérations
Colissimo poursuit ses efforts pour décarboner ses opérations

La Poste Groupe ne manque pas d’ambition, son service de livraison aux particuliers non plus, bien heureusement. Après avoir investi 200 millions d’euros pour doubler son parc de véhicules propres sur le dernier kilomètres, La Poste prévoit désormais 400 millions d’euros d’investissements d’ici à 2030 pour acquérir des poids lourds bas carbone et convertir son parc qui roule actuellement essentiellement au diesel.

Jean-Yves Gras - © D.R.
Jean-Yves Gras - © D.R.

Colissimo peut d’ores et déjà s’appuyer sur 15 000 véhicules utilitaires électriques ainsi que 1 000 vélos cargo sur la partie dernier kilomètre, contre 600 trois ans auparavant. Un parc vertueux pour cette partie qui permet aujourd’hui à Colissimo de n’émettre que 357 grammes de CO2 par colis livré en moyenne. En 2021, le spécialiste de la livraison en émettait un peu plus de 400 grammes. « C’est probablement le taux le plus bas du marché », se félicite Jean-Yves Gras, directeur général de Colissimo.

Autres chiffres marquants : entre 2013 et 2022, les émissions carbones ramenées au colis ont été réduites de 42 % et Colissimo est parvenu à baisser de 5 % ses émissions de CO2 au global, le tout en traitant plus de colis. En effet, alors qu’il n’en livrait « simplement » que 230 millions de colis il y a dix ans, Colissimo en livre désormais 500 millions. Pour arriver à ce résultat, en plus d’avoir investi des sommes colossales donc, Colissimo n’a eu de cesse d’optimiser ses schémas de transport et logistique.

Une stratégie transport logistique repensée de fond en comble

Cette refonte de sa stratégie se traduit en premier lieu par la création de 34 espaces de logistique urbains à partir desquels les livraisons sont opérées en vélos cargo. En 2025, Colissimo prévoit d’irriguer le territoire national de 66 nouveaux espaces de logistique urbains, soit un total de 100 espaces de logistiques urbains. Il est prévu d’ailleurs qu’en 2023, 100 % des livraisons effectuées par Colissimo se feront par le biais d’un véhicule doux. En 2024, le Grand Paris et en 2025, les 22 métropoles françaises, ainsi que les 42 ZFE auront droit au même égard. Ainsi, une livraison sur deux opérée par Colissimo sera décarbonée. 

À tout cela s’ajoutent 19 hubs régionaux mis en place pour favoriser le « local to local », dixit le directeur général. Des grands projets de construction, de modernisation et de rénovation ont été et seront également initiés. Par ailleurs, pour nourrir ses infrastructures en électricité, La Poste a conclu des contrats d’achat d’électricité verte. Tous sont alimentés à 100 % par de l’énergie verte et certains disposent de plusieurs milliers de m2 de panneaux solaires. Les plateformes de tri et de distribution de Colissimo sont d’ailleurs toutes certifiées Iso 14 001 et HQE ou BREEAM. 

Colissimo réfléchit à de nouveaux services de livraison, comme des solutions de retour responsables et la suppression de certains suremballages pour certaines catégories de produits 

En outre, sur la partie logistique, Colissimo s’essaie au vrac rangé et recourt désormais à 1 000 caisses mobiles de 100 m3 pour ses poids lourds. Les remorques classiques, elles, n’offrent que 70 m3 de stockage. De quoi optimiser l’espace et gagner en capacité de stockage « Cela nous permet de générer des économies et surtout 30 % de chargement en plus. Et, de manière presque mécanique, 30 % de chargement en plus, c’est 30 % de camions en moins », assure Jean-Yves Gras. Et comme l’affirme le directeur général, « Colissimo réfléchit à de nouveaux services de livraison, comme des solutions de retour responsables et la suppression de certains suremballages pour certaines catégories de produits ».

Des efforts encore à fournir

Ainsi, grâce à toutes ces démarches d’optimisation, Colissimo a parcouru le même nombre de kilomètres en 2022 qu’en 2019, tout en effectuant près de 30 % de livraisons en plus. Mieux encore, Colissimo revendique un taux de réussite de 95 % en première livraison. Un taux de réussite exceptionnel qui ne serait peut-être pas atteint si le service ne mobilisait pas chaque jour en moyenne, sur la partie acheminement, 5 000 poids lourds ; pour l’essentiel en sous-traitance. Mais tout ne s’arrête pas là.

La prochaine brique réside désormais dans le fait de réduire de 50 % nos émissions carbones liées aux liaisons routières d’ici à 2030 

« La prochaine brique réside désormais dans le fait de réduire de 50 % nos émissions carbones liées aux liaisons routières d’ici à 2030 », pose en ce sens Jean-Yves Gras. Pour ce faire, Colissimo prévoit de convertir sa flotte à des carburants plus vertueux pour l’environnement. En 2040, Colissimo ambitionne même d’atteindre un taux de 100 %. Un objectif qui pourra être atteint par l’entérinement de « partenariats long termes avec ses partenaires transporteurs ». Le service de livraison s’appuie d’ores et déjà sur 130 camions biogaz et 3 poids lourds électriques. Reste à savoir si, à terme, l’autonomie des camions électriques se révèlera suffisante, puisque pour le moment les véhicules électriques ne peuvent couvrir des distances allant de 250 à 400 km environ. 

Et si La Poste concentre ses efforts sur l’acheminement des colis, c’est pour des raisons bien précises. À la suite de différentes analyses de cycle de vie, études robustes basées sur des données scientifiques, le groupe a remarqué que l’acheminement des colis constitue un levier de progression majeur. « La part d’émission de CO2 la plus importante est due à l’acheminement. Les enjeux de mutualisation, d’optimisation et d’intégration de carburants bas carbone sont énormes », explique Laure Mandaron, directrice RSE de la branche services-courrier-colis.

Il est plus intéressant de livrer un client à domicile, plutôt qu’il ne se déplace par tout autre moyen que le vélo

Sur la base d’une unité fonctionnelle définie, à savoir un colis de 1,3kg BtoC pris en charge par la Poste et livré à un destinataire final sur le territoire métropolitain, l’analyse de cycle de vie - qui quantifie 16 impacts environnementaux différents - indique que l’acheminement représente 26 % des émissions de gaz à effet de serre. La livraison, (phase de dispersion et dernier kilomètre), elle, n’en représente que 15 %. Point étonnant, Laure Mandaron indique qu’il est « plus intéressant de livrer un client à domicile, plutôt qu’il ne se déplace par tout autre moyen que le vélo (ou à pied) pour récupérer son colis en point de retrait ». Un constat qui émane du fait que les clients finaux parcourent dans la plus grande majorité des cas 5 km en voiture en moyenne. «  Cela multiplie par 2,4 l’impact sur le changement climatique par rapport à une livraison à domicile réussie », précise d’ailleurs la directrice RSE.