Stratégie supply

Maisons du monde travaille sur l’empreinte CO2 de sa supply chain et celle de ses clients

Par Guillaume Trecan | Le | Retail

Le transport ne compte que pour 10 % des 530 000 tonnes de CO2 consommées chaque année par Maison du Monde, mais c’est un levier loin d’être négligé par le groupe, d’autant qu’il peut avoir une incidence sur les déplacements des clients vers ses magasins, qui comptent quant à eux pour 30 %.

Maisons du monde travaille sur l’empreinte CO2 de sa supply chain et celle de ses clients
Maisons du monde travaille sur l’empreinte CO2 de sa supply chain et celle de ses clients

Pour atteindre son objectif de réduire de 25 % son empreinte carbone, Maison du Monde va en particulier travailler sur l’impact de ses produits, de l’extraction de la matière à la sortie d’usine, qui représentent 50 % de son impact CO2. Mais elle s’appuie également sur un plan d’action transport reposant sur trois piliers. Le premier consiste à passer progressivement du chargement de ses produits en palettes à un chargement en vrac, qui permet d’intégrer deux fois plus de produits dans un camion.

Cette méthode actuellement employée pour les livraisons chez les clients et testée dans les magasins du groupe en Espagne doit être déployée entre 2022 et 2023 au gré des renouvellements de contrats des transporteurs. « Nous l’intégrons actuellement dans nos appels d’offres pour voir quels transporteurs sont capables de s’y adapter », indique le directeur RSE du groupe, Rémi-Pierre Lapprend, qui souligne qu’elle implique aussi de la conduite du changement dans les magasins au niveau des techniques de réception.

 

Les transporteurs challengés sur leurs localisations

L’autre axe du plan transport consiste à limiter les distances parcourues en camion en augmentant le nombre de relais. « La logistique du groupe est assez simple, explique le directeur RSE. Tous les produits arrivent à Fos sur Mer, ils sont répartis dans l’entrepôt de Fos sur Mer ou celui de Saint-Martin de Crau. Nous allons disposer d’un nouvel entrepôt en Normandie à Heudebouville, dont les premières cellules ouvrent en 2022, qui nous permettra de réceptionner une partie de nos produits au Havre. Nous pourrons ainsi nous rapprocher de nos clients du nord de l’Europe, notamment de Belgique et d’Allemagne, des pays au fort développement. »

Alors que le groupe interrogeait jusqu’ici très peu ses fournisseurs sur leurs centres logistiques intermédiaires, ils sont désormais challengés sur leur localisation exacte et sont choisis en fonction de leur proximité avec ses magasins.

 

Le e-commerce moins émetteur que la livraison en magasin

En adhérent à Fret 21, l’outil de calcul de l’Ademe, Maison du Monde a également pu remettre en question certains préjugés. « Cela nous a permis de comprendre certaines choses contre-intuitives, par exemple le fait que la livraison directe chez le client n’est pas forcément moins émettrice que la livraison en magasin, ne serait-ce que parce que, chez le client, nous arrivons à charger en vrac », explique le directeur RSE, qui constate : « aujourd’hui nous sommes sans doute plus performants sur le e-commerce que sur la livraison en magasin et nous devons rattraper ce retard. »

En signant la charte e-commerce de la Fevad, Maison du monde s’est également engagé à donner d’ici la fin de l’année à ses clients l’impact carbone de leur livraison. Un moyen de les rendre acteurs de la réduction de l’empreinte carbone de Maison du monde, sachant que leurs déplacements vers les magasins représentent 30 % du bilan carbone du groupe.

Une tonne transportée par bateau depuis Shangaï a la même empreinte carbone qu’une tonne transportée par camion depuis Varsovie

 

La relocalisation d’une partie des fournisseurs du groupe en Europe fait également partie des leviers de réduction du carbone consommé par ses transports. Mais ce choix dans lequel le groupe s’engage est motivé par d’autres enjeux. « Nous avons regardé s’il y aurait un impact important sur notre empreinte carbone en relocalisant une part substantielle de notre production. La réponse est non. Une tonne transportée par bateau depuis Shangaï a la même empreinte carbone qu’une tonne transportée par camion depuis Varsovie », tranche la directrice générale Julie Walbaum.

 « Nous avons pris la décision de relocaliser une partie de nos productions, d’abord pour atténuer le risque de dépendance asiatique. Ensuite parce que nos clients attendent un peu plus de fabrication européenne. En effet, certaines catégories de produits sont beaucoup plus relocalisables que d’autres, je pense par exemple à la literie ou aux assises. Ce sont des fabrications relativement mécanisées avec des matières qui peuvent se trouver en Europe », poursuit-elle, en rappelant au passage que la moitié des sofas Maison du monde sont déjà fabriqués en France.