Carrefour promet la livraison dans la journée depuis Rungis

Présenté par Mourad Bensadik, directeur e-commerce France de Carrefour, comme « un laboratoire d’initiatives », le nouvel entrepôt logistique du groupe Carrefour, à Rungis, fonctionne selon ses propres termes « comme un grand supermarché ». Un supermarché de 15 000 m² avec 15 000 références en magasin, réparties en quatre zones - fruits et légumes, frais, surgelés et sec (les deux tiers des produits) - et qui traite 850 à 1 000 commandes par jour.

Un entrepôt organisé comme un supermarché

Les produits sont stockés en rayonnages où les préparateurs de commandes viennent les récupérer pour composer les sacs livrés à domicile, sachant que chaque client commande, en moyenne, entre 52 et 64 articles. Les fruits et légumes par exemple, « des produits de fidélisation du client », analyse Mourad Bensadik, dont le traitement en logistique est qui plus est délicat sur le plan de la qualité, sont stockés en produits à l’unité de conditionnement, produits au poids et produits à la pièce.

Pour garantir la promesse de livraison à domicile le jour de la commande, le site de Rungis traite les commandes de 6 heures à 22 heures et les expédie au rythme de six cut off dans la journée. Il faut en moyenne vingt minutes à un préparateur de commande pour constituer huit sacs. Deux équipes de préparateurs se partagent le site avec deux plages d’expédition.

Ce site a vocation à devenir notre plus grand site de préparation de commande livraison à domicile en Île de France

Rungis est le cinquième site logistique de Carrefour en Île de France et le troisième dédié entièrement au e-commerce, après ceux de Villeneuve-la-Garenne et de Vitry-sur-Seine. « Ce site a vocation à devenir notre plus grand site de préparation de commande livraison à domicile en Île de France », complète le directeur e-commerce de Carrefour. La plateforme logistique d’Aulnay-sous-Bois - ou opère également Stef - se consacre quant à elle à 80 % au drive et 20 % à l’e-commerce et celle du Plessis-Pâté, au deux-tiers au drive et pour un tiers à la livraison à domicile.

A 15 kilomètres du centre de la capitale

Si ce site, loué à Carrefour par Sogaris, est en soi une aubaine pour le distributeur, dans un contexte de forte tension sur l’immobilier logistique. Il présentait en outre des atouts intrinsèques, à commencer par sa proximité avec Paris - à moins de 15 kilomètres du centre - dont il desservira quatre arrondissements, en plus de 91 communes du sud francilien. La proximité avec le Marché international de Rungis peut également être considérée comme une opportunité supplémentaire pour permettre à Carrefour de renforcer et diversifier son offre fruits et légumes et produits frais. Le groupe a d’ailleurs pu apprécier ces avantages, puisque sa filiale Potager City y occupe déjà un entrepôt depuis trois ans.

Le bâtiment présente également un avantage majeur - la longueur de ses 44 quais d’expédition - qui permettent à Stef de faire partir avec un maximum d’efficacité les tournées, prises en charge côté transport pour le groupe FM Logistic. Mais pour en faire un entrepôt fonctionnel, Carrefour, Stef et Sogaris ont toutefois dû en passer par quelques investissements, à commencer par ce quai, qu’il a fallu réhausser, mais aussi dans les espaces intérieurs, où Stef a conçu les chambres sous températures contrôlées.

Un projet d’aménagement conduit en moins d’un an

Pour Stef, c’est dans la rapidité d’exécution que s’est situé le principal défi de ce projet dont le top départ a été donné il y a tout juste un an, en novembre 2021. Dès lors, le management de Stef a fait le choix de désigner le futur directeur du site, afin qu’il se consacre à plein temps au projet de déploiement et lance les recrutements nécessaires. Le site compte actuellement 100 salariés, dont 80 en CDI.

Dans le traitement des opérations au quotidien, la proximité entre Stef et Carrefour est un élément important. Les deux entreprises peuvent compter sur un historique relationnel important puisqu’elles travaillent ensemble depuis le début des années 90 et sur l’e-commerce depuis 2007. Elles peuvent surtout compter sur un traitement des datas optimal de la part de Carrefour. Pour cela l’enseigne s’appuie sur différents outils : un OMS maison, le WMS DSIA de Logistar et le TMS Urbantz, avec lesquels Carrefour optimise en continu ses chemins de picking et ses algorithmes de gestion du dernier kilomètre.

Nous voulons d’abord exploiter au maximum les capacités d’un site, avant de chercher de l’optimisation via de la mécanisation ou de la robotisation 

En ce qui concerne le recours aux technologies d’automatisation c’est à peu près tout pour l’instant. Si Stef va sans doute continuer à équiper ses équipiers avec des outils d’aide à la manutention, pas question pour l’instant pour Carrefour de robotiser le site. « Dans notre stratégie de ramp up, nous voulons d’abord exploiter au maximum les capacités d’un site, avant de chercher de l’optimisation via de la mécanisation ou de la robotisation », explique Mourad Bensadik. Selon ses projections, ce stade pourrait intervenir à 3 000 commandes et 180 000 articles par jour. Un cap qu’il envisage dans environ trois ans.

Dans l’ordre logique des choses, il conviendra d’abord de pousser plus avant la mécanisation du site du Plessis-Pâté, qui ne fonctionne qu’à 75 % de son niveau de saturation et où le recours aux robots d’Exotec peut encore être accru. Ce qui fixe la perspective d’une mécanisation du site de Rungis, à un horizon raisonnable de cinq ans.

Entre temps, les perspectives de croissance du site s’appuient sur celles de l’e-commerce. Le drive affiche une dynamique de +5 à +7 % pour le marché et pour Carrefour en 2022 et l’e-commerce « une croissance à deux chiffres », avance Mourad Bensadik qui rappelle que son groupe revendique 34 % de part de marché.