C10 : « Nous livrons à 95 adhérents et 230 entrepôts dans toute la France »
Par Guillaume Trecan | Le | Retail
Le responsable logistique et développement durable du distributeur de boissons C10, Saïg de Kerautem, revient sur les particularités de la supply chain de cette entreprise fondée par des cafés, hôtels, restaurants, qui assure une logistique de proximité, des zones rurales jusqu’au cœur des villes. Le déménagement de son entrepôt dans le 77 lui apporte de nouveaux leviers de simplification et de croissance.
En quoi la fonction supply chain est-elle stratégique pour l’activité de C10 ?
C10 a été construit par un réseau d’adhérents indépendants, des grossistes en boissons qui distribuent les cafés hôtels restaurants et 54 caves du réseau Comptoir des Vignes. Ils sont à la fois nos clients et nos actionnaires. Leur chiffre d’affaires consolidé avoisine 1,5 milliard d’euros. La vocation de C10 est de rendre des services consolidés, par exemple en matière d’achats, mais aussi de logistique. Nous portons pour eux une valeur de stock et une profondeur de gamme sur certains produits, à l’origine des produits très valorisés - spiritueux, vins, champagne… - des gammes auxquelles nos adhérents avaient difficilement accès du fait de leur faibles volumes de commandes et que nous mettons à leur disposition au carton, voire à l’unité. C10 gère 2 800 références et travaille avec 350 fournisseurs. Nous représentons entre 15 % et 20 % de leurs achats. En 2022, nous avons enregistré 146 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Notre activité connaît une importante saisonnalité. Entre Pâques et juillet, elle croît de 40 %
D’où vient la complexité dans votre supply chain ?
Nous livrons à 95 adhérents et 230 entrepôts dans toute la France et nous devons apporter la même qualité, que nous livrions dans les Pyrénées ou en région parisienne. Le deuxième élément de complexité consiste à avoir une offre produit étendue et hétérogène d’un point de vue packaging, où les crackers côtoient des cartons de vins sur la même palette… Enfin, notre activité connaît une importante saisonnalité. Entre Pâques et juillet, elle croît de 40 %, avec 400 palettes qui entrent et 400 qui sortent chaque jour. La complexité est aussi en amont, dans l’hétérogénéité de nos sources, allant de petits vignerons, à qui nous achetons à peine une demi-palette, à des camions complets chez de grands industriels spécialistes des spiritueux. Nous travaillons autant avec de la messagerie qu’avec de l’affrètement. De ce fait, nous avons des opportunités de massification amont à exploiter.
Quelles sont les attentes prioritaires de vos adhérents ?
Nos enjeux sont moins des enjeux de délais que de robustesse et de fiabilité. Je n’ai aucun intérêt à livrer chaque commande à J+1. En revanche, il est impératif que je garantisse le respect des délais annoncés. L’objectif de C10 est de donner à ses adhérents de l’efficacité commerciale, de la disponibilité produit, au moment voulu et au meilleur prix.
Quels sont les moyens logistiques à votre disposition ?
Nous avons un entrepôt presté à Santeny (94), un entrepôt sous douane de 8 300 m2, à l’intérieur duquel sont stockées 12 000 palettes. Nous avons confié cet entrepôt à la société Dachser en avril 2022, qui est désormais le prestataire unique de notre logistique amont et aval. Nous avions jusque-là plusieurs prestataires en amont et un seul en aval : GXO.
En six semaines, nous avons déplacé 8 000 palettes avec 300 camions
Nous avons déménagé en mode big bang entre septembre et octobre 2022. En six semaines, nous avons déplacé 8 000 palettes avec 300 camions. Ce déménagement a été l’opportunité de refondre en quelques mois nos process et échanges EDI. Nos adhérents nous ont beaucoup aidés en nous adressant très rapidement leurs retours d’expérience. Nous avons pu mettre en place une boucle d’information très courte entre ce qu’ils constataient sur le terrain et ce que nous redescendions à Dachser dans nos briefings de préparation. Le professionnalisme de GXO a également été un facteur clef de succès dans notre déménagement.
Qu’est-ce qui a motivé ce changement de prestataire ?
Nous avons déménagé notre entrepôt en fin de contrat pour nous rapprocher de l’offre transport. Nous étions auparavant dans le Loiret où l’offre disponible était moins importante qu’en région parisienne. Avoir le même prestataire pour la logistique et le transport amont comme aval nous a également permis de simplifier notre schéma logistique. Cela nous permet de massifier les flux et de réduire nos délais d’obtention, en équilibrant mieux les flux de distribution et les flux amont.
Nous avons profité de ce changement pour asseoir la relation dans le temps avec un contrat sur six ans
Ce choix nous donne aussi des capacités de développement. Nous avions besoin de surfaces complémentaires, notamment pour nos nouvelles catégories et activités. Nous avons d’ailleurs profité de ce changement pour asseoir la relation dans le temps avec un contrat sur six ans.
Cet engagement sur six ans représente-t-il un grand changement dans votre relation avec ce prestataire logistique ?
Nous avions jusqu’ici des contrats renouvelés tous les trois ans. Nous avons fait ce choix pour construire sur le long terme, sachant qu’il est aussi économiquement rationnel. Outre le fait de disposer des compétences douanières que nous recherchons, notre partenaire est très pointu d’un point de vue transport, avec en particulier une grande expérience en matière de logistique urbaine, un sujet sur lequel il s’est contractuellement engagé à nous accompagner.
Nous voulons développer la récupération du verre perdu par nos adhérents chez leurs client - soit plus de 1 500 tonnes en 2022
Quels sont vos objectifs en matière de performance environnementale ?
Nous voulons développer la récupération du verre perdu par nos adhérents chez leurs client - soit plus de 1 500 tonnes en 2022 - et faire labéliser nos adhérents du réseau dans le nouveau Label développement durable travaillé conjointement avec la Fédération nationale des boissons.
Nous sommes signataires de Fret21 et le minimum pour nous était d’avoir des fournisseurs labellisés. Nous nous sommes engagés à réduire de 6 % notre empreinte carbone en 2020 pour fin 2023. Le levier le plus intéressant sur lequel nous pouvons jouer est celui du nombre de kilomètres parcourus et nous travaillons pour cela sur l’organisation du transport et les tournées d’enlèvement. Sur l’aval de notre supply chain, nous travaillons sur notre capacité à réserver des moyens de transport dès à présent, en identifiant les adhérents avec lesquels c’est possible.
Les dépôts de nos adhérents sont bien souvent à la périphérie immédiate, voire à l’intérieur des villes. D’ici deux à quatre ans, ils vont devoir s’adapter aux ZFE. Une de nos missions consiste à les éclairer. Nous venons ainsi de leur présenter en février une vaste étude de 200 pages sur ce sujet, qui leur permet de comprendre comment il va falloir répondre à ce défi. Nous leur avons notamment présenté une évaluation des carburants et de l’ensemble des véhicules sur des critères d’autonomie, d’accès, de coût, de fiscalité y compris l’amortissement. Etant des adhérents indépendants, le choix leur reviendra, mais notre rôle est de les accompagner, y compris jusqu’à l’acte d’achat avec des négociations groupées. Nous leur proposons aussi des solutions de calcul de tournée pour les engager à mieux analyser leurs besoins.
Enfin, nous sommes en train de développer un outil de calcul du bilan carbone, avec notre partenaire CPV Associés, qui permettra à nos adhérents de diagnostiquer les émissions de leur périmètre logistique et transport. Nous pourrons ainsi définir des objectifs ensemble. Nous testons cet outil sur les six prochains mois, avant de le déployer progressivement à la totalité des adhérents à partir de novembre 2023.