Club Supply Chain : Les défis d’une mondialisation moins fluide
Par Guillaume Trecan | Le | Industrie
Difficile de trouver un thème plus ouvert que celui de notre dernier du Club Supply Chain avant la trêve estivale : « quelle est la feuille de route des directeurs supply chain pour la rentrée ? » Pourtant dans le contexte actuel, les obsessions des directeurs supply chain tournent autour des mêmes priorités, en tête desquelles figurent les crises géopolitiques.
Pour notre invité, Jérôme Laprée, co-auteur du livre « Chine Etats-Unis, quelles guerres économiques » et professionnel expérimenté des achats et de la supply chain, il est grand temps d’ouvrir les yeux sur l’état de guerre économique qui modèle le paysage économique mondial. Comment ne pas intégrer dans sa cartographie des risques, cette dimension géopolitique qui fausse la concurrence entre les acteurs économiques et peut entraîner l’émergence d’acteurs monopolistiques sur certains approvisionnements critiques ? Son hypothèse selon laquelle cet état de guerre économique de plus en plus ouvert ferait passer la supply chain d’un monde de flux à un monde de stocks a soulevé quelques réactions indignées.
Un monde en état de guerre économique
Pourtant tous les directeurs supply chain ont reconnu que si l’on n’en est pas encore à la fin de la mondialisation, les échanges de l’ère qui nous attend seront moins fluides que les précédents. Un constat confirmé par l’autre témoin clé de ce dîner, Karine Samuel, responsable de la recherche internationale au sein de l’Association in Logistics and Supply Chain Management (AIRL SCM).
Des « supply chain barbares »
Le fait est que, sur le sourcing de certains produits en tension, un directeur supply chain a évoqué « une supply chain barbare », où les produits sont captés par les plus offrants… L’épisode des masques rachetés au pied des avions pendant le Covid ne serait pas un épiphénomène ? Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille accepter aveuglément de jouer le jeu du pire. A chacun de se déterminer selon un triptyque « intérêts, ressources, valeurs ».
Choisir des partenaires réplicables
Pour la majorité des directeurs supply chain, une grande partie de la réponse est liée aux stratégies de sourcing. Un sourcing plus local, peut-être. Des organisations supply chain plus résilientes, surtout, clonables et déplaçables d’une région à une autre, un sourcing qui mute donc « de la baleine au banc de sardine ». Cette évolution tendant à s’entourer de partenaires fiables et réplicables concerne également les acteurs de la supply chain. La supply chain doit être repensée, non plus intégrée, mais en plateforme avec des partenaires fiables.
Une supply chain plus économe en ressources
Un autre défi majeur, lié au premier, concerne l’empreinte carbone de la supply chain. En effet, dans un monde d’économie de la ressource, il faudra imaginer une reverse supply chain pour accompagner de nouvelles activités de réemploie et de recyclage.
Des talents pour agir à haut niveau
Face à la gravité de ces défis, les autres axes forts sur la feuille de route des directeurs supply chain ont eu du mal à se faire entendre, ils sont pourtant brûlants, à commencer par la gestion des talents. La capacité des directions supply chain à attirer des profils à haut potentiel conditionnera en effet en grande partie la réponse qu’elles seront à même d’apporter à ces défis… De telles évolutions seront forcément traitées au niveau du Codir.