Groupe Bel : « Nous travaillons à intégrer directement la data Carbone dans notre SI »
Par Guillaume Trecan | Le | Green
Cet article est référencé dans notre dossier : Dossier spécial Supply Days : quand la Logistique & le Transport sont au coeur des préoccupations
Yassine Fedane, responsable excellence end to end et transformation de la supply chain du groupe Bel, donne le ton de nos Supply Days Green, Transport et Logistique des 7 et 8 mars à Deauville, en expliquant comment il associe le monitoring de la décarbonation et de la performance globale de la supply chain. Yassine Fedane sera Grand Témoin de l’atelier-débat #Pilotage : quels outils et quelle data pour monitorer sa supply chain, le vendredi 8 mars à 14h.
Sur quels outils vous appuyez-vous dans votre mission de pilotage des objectifs green et performance supply ?
On ne peut améliorer que ce que l’on mesure. Il est donc important d’entreprendre de mesurer sans attendre de disposer de toutes les données. Nous avons démarré avec un pilote en France, dans le cadre de notre engagement Fret21. Cet organisme nous a fourni un premier outil de mesure de nos émissions CO2. Il s’agissait au départ d’un outil Excel, sur la base duquel nous avons développé un fichier détaillé qui reprend tous les flux du groupe Bel, avec des standards d’émissions par type de produit. Il alimente le Bel Impact Carbon, un reporting sur les émissions carbone du groupe géré par la direction financière, qui permet de suivre notre objectif de réduire de 50 % notre intensité carbone d’ici à 2035. D’autres BU en Europe, telles que le Portugal, l’Espagne, y contribuent à travers le programme Lean & Green.
Nous avons privilégié une solution développée en interne, fondée sur la méthodologie GLEC de calcul du CO2
Après ce premier pas, nous aurions pu faire appel à des prestataires externes à qui vous fournissez la data de votre logistique, à partir de laquelle ils calculent vos émissions de CO2. Mais cette option nous semble trop opaque. Elle ne nous permettrait pas de simuler des diagnostics de manière dynamique en modifiant les paramètres d’entrée. En 2023, pour l’étape suivante, nous avons donc privilégié une solution développée en interne, fondée sur la méthodologie GLEC de calcul du CO2, qui nous donne des standards d’émission par zone géographique. Actuellement, nous avons lancé une consultation pour certifier cette méthodologie et pouvoir communiquer sur nos diagnostics vers l’externe.
Comment avez-vous avancé sur cette maîtrise de la donnée qui restait à parfaire au début de votre démarche ?
Le groupe Bel conduit une réflexion sur son master data, un sujet sur lequel il n’y a pas d’owner clairement identifié. C’est un sujet qui va être pris en main par la Supply Chain parce que nous sommes concernés au premier chef, dans la mesure où nous manipulons et analysons en permanence toutes sortes de données pour optimiser nos flux (hauteur de palettes, dimension et poids des colis, etc).
Plus nous avançons dans les mesures d’émission de CO2, plus nous avons besoin d’une data précise et qui colle à la réalité du terrain. Une data non structurée fausse forcément les résultats. Nous travaillons à intégrer directement la data carbone dans notre système d’information, pour pouvoir sortir un rapport CO2 directement de notre ERP. Intégrer les rapports CO2 à notre ERP présente l’avantages d’offrir une accessibilité rapide de la mesure de nos émissions en temps réel pour chaque transport réalisé. Nous pouvons ainsi faire comprendre aux collaborateurs du groupe de quelle manière ils peuvent avoir la main sur nos coûts et notre consommation de CO2, en agissant par exemple sur le taux de remplissage. Notre outil étant conçu en central, il est important que les collaborateurs en local se l’approprient pour piloter et mesurer leurs émissions de CO2.
Pour convaincre les utilisateurs, nous faisons en sorte que notre travail s’accompagne d’une simplification de leur charge de travail
Comment engagez-vous les collaborateurs du groupe dans vos démarches ?
Améliorer la data implique nécessairement une démarche de conduite du changement chez les collaborateurs. Nous avons, en effet, entrepris d’adapter l’usage de l’ERP en sensibilisant les utilisateurs à la bonne manière de saisir l’information et pour avoir la possibilité d’intégrer des données CO2. Pour convaincre les utilisateurs, nous faisons en sorte que notre travail s’accompagne d’une simplification de leur charge de travail. Nous cherchons des alternatives pour simplifier au maximum la saisie des données, afin qu’ils saisissent la bonne donnée au bon endroit pour en maximiser l’utilité
Le coût est un élément primordial, mais le fait d’y associer systématiquement le CO2 permet de faire progresser une prise de conscience dans l’entreprise
Comment faites-vous le lien entre performance globale et réduction de l’empreinte carbone ?
A chaque fois que nous parlons d’un saving lié à un projet de productivité, nous y associons tout de suite une réduction de CO2 et cela fait partie des critères de prise de décision. Cela peut éclairer des arbitrages parfois compliqués. Comme toutes les entreprises, nous avons à cœur de simplifier nos portefeuilles, aux critères de coûts et de CO2, nous rajoutons donc également un critère de complexité. Bien sûr, le coût est un élément primordial, mais le fait d’y associer systématiquement le CO2 permet de faire progresser une prise de conscience dans l’entreprise qui ne concerne d’ailleurs pas seulement la supply chain, mais aussi les usines, le packaging, ou encore les matières premières. Lorsque nous avons démarré un premier flux intermodal incluant le rail entre Sablé sur Sarthe et Givors, nous avons ainsi pu communiquer sur cette action et inspirer les business unit pour qu’elles reproduisent la démarche.