Comment Brico Dépôt a réduit de plus de 10 % l’empreinte carbone de sa logistique
Par Guillaume Trecan | Le | Green
L’enseigne du groupe Kingfisher s’est engagée dans une trajectoire de décarbonation de Fret21 et les résultats dépassent la cible au premier semestre 2024, avec une baisse de 12,4 % de l’empreinte carbone de ses transports. Explication par le directeur des Opérations logistique, import et douanes, Olivier Brize.
En accord avec l’Ademe et Fret21, l’enseigne Brico Dépôt s’est fixé l’objectif de réduire de 5 % les émissions carbone sur quatre ans et les résultats ne se sont pas fait attendre. « Au cours du premier semestre 2024, nous avons surpassé cet objectif en réduisant l’empreinte carbone de nos transports de 12,4 % », se réjouit le directeur des Opérations logistiques import et douane de Brico Dépôt France, Olivier Brize. En six mois, le groupe a ainsi économisé 538 tonnes de CO2 et 173 548 litres d’équivalent de gazole.
Rééquilibrer les flux entre deux plateformes en miroir
Olivier Brize a pris ses fonctions en mai 2024 après avoir été référent RSE au niveau du groupe Kingfisher, pour Castorama et Brico Dépôt. Il pilote actuellement deux entrepôts opérés par Katoen Natie, organisés en miroir l’un de l’autre, qui se partagent l’Hexagone entre Nord et Sud, l’un au Havre et l’autre à Saint Martin-de-Crau (13). Il s’appuie également sur sept plateformes de crossdocking, avec lesquelles l’enseigne approvisionne 126 magasins en France, où Brico Dépôt emploie environ 8 000 personnes. Une grande part de cet effectif travaille pour la supply chain. La fonction comprend les opérations logistiques, l’équipe import et douane, ainsi que les approvisionnements et le S&OP.
Toute l’entreprise est impliquée dans la décarbonation, à commencer par les approvisionneurs lorsqu’ils passent les commandes et nos prestataires logistiques quand ils préparent les camions
Le transport est une des composantes du projet global de décarbonation. « C’est la diversité de nos actions qui permet de faire baisser nos émissions carbone », confirme Olivier Brize. Le groupe Kingfisher a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et structure sa démarche sur quatre piliers : les collègues (« être une entreprise encore plus inclusive »), la planète (« lutter contre le changement climatique et devenir ″Forest Positive″ »), les clients (« aider nos clients à vivre dans des logements plus sains, plus durables, et plus économes en énergie et en eau ») et les communautés (« lutter contre le mal-logement »). « Toute l’entreprise est impliquée dans la décarbonation, à commencer par les approvisionneurs lorsqu’ils passent les commandes et nos prestataires logistiques quand ils préparent les camions. Cet objectif mobilise beaucoup d’intelligence collective et de synergies entre les différents services », commente Olivier Brize.
Optimisation du remplissage et nouveaux carburants
Côté transport, les premiers leviers qui ont permis les bons résultats de 2024 sont la réduction du nombre de kilomètre et le recours à des énergies moins polluantes. La réduction du nombre de kilomètres parcourus est passée par une optimisation des plans transport et un travail sur l’optimisation de la capacité de chargement des camions.
« Le fait que nos deux entrepôts soient disposés en miroir l’un de l’autre a constitué un atout pour réduire le nombre de kilomètres et cela a eu un impact relativement important sur la décarbonation », précise Olivier Brize qui a notamment œuvré à une meilleure coordination entre les approvisionneurs des entrepôts Nord et Sud. L’objectif étant d’éviter des transferts inutiles du Nord vers le Sud, en équilibrant les commandes en fonction de la répartition des poids de chaque entrepôt. Un exercice pas si simple dans la mesure où une partie des marchandises est débarquée au port du Havre et une autre sur le port de Fos-sur-Mer. « Il faut gérer finement le passage des commandes, de façon à favoriser l’arrivée des produits sur chaque entrepôt et éviter qu’un entrepôt tombe en rupture et que nous devions faire venir de la marchandise du Nord vers le Sud ou inversement », note Olivier Brize.
Tous les magasins de l’enseigne étant livrés à minima une fois par semaine par les entrepôts de stockage, Brico Dépôt privilégie également les co-chargements pour livrer deux magasins, lorsqu’il s’agit de transporter de petits volumes.
Un nouveau critère de sélection des transporteurs
Brico Dépôt a également eu recours aux énergies alternatives, en embarquant les transporteurs dans sa démarche. « L’un de nos engagements, dans le cadre de Fret 21, consiste à prioriser des achats labellisés ou chartés. A proposition équivalente nous choisissons un prestataire charté qui s’engage dans la même démarche de décarbonation que nous », rappelle-t-il. Cela a permis à Brico Dépôt de renouveler son panel de prestataires.
Nous essayons d’accompagner le coût de cette décarbonation en collaboration avec nos transporteurs
Pour favoriser ces changements, Brico Dépôt n’a pas dégagé de budget spécifique à la décarbonation. « Le groupe fixe une ligne directrice, mais chaque enseigne reste libre de ses choix. Nous essayons d’accompagner le coût de cette décarbonation en collaboration avec nos transporteurs. Cela ne signifie pas nécessairement engager des dépenses supplémentaires, mais plutôt instaurer un partenariat durable. Les surcoûts éventuels de la démarche sont en partie compensés par la réduction des kilomètres, grâce à un moindre recours aux navettes nord-sud.
Une deuxième étape aux leviers plus complexes
Les prochains leviers demanderont encore un peu plus d’énergie. En plus d’un accroissement du nombre de transporteurs chartés effectuant des livraisons avec du biocarburant, Brico Dépôt entend développer des livraisons en mix rail-route. « Nous utilisons aujourd’hui le rail-route à hauteur de 2 % de nos transports. C’est peu en termes de kilomètres mais de nouveaux axes devraient pouvoir ouvrir d’ici à la fin de l’année entre nos entrepôts et les magasins », anticipe Olivier Brize qui se réjouit de voir de nouveaux acteurs investir ce marché.
Les livraisons du dernier kilomètre réservent un autre gisement de réduction des consommations carbone. Brico Dépôt entend ainsi verdir à 50 % sa flotte de véhicules de livraison partant des magasins vers les clients dans les deux prochaines années. Pour la livraison des clients sur les chantiers, qui s’effectue par camions-grues, Olivier Brize envisage également de fixer un objectif de 30 % de livraisons en B100. « Ce sont des leviers qui demandent encore plus d’énergie et d’implication de la part de tous », confirme Olivier Brize.