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Blockchain, entrepôts automatisés, robotisation et control tower au menu des ELA Awards

Par Guillaume Trecan | Le | Consultant

L’European Logistic Association (ELA) a décerné ses ELA Awards à l’invitation de France Supply Chain, à la Cité Internationale, à Paris le 12 décembre. L’occasion pour l’association française de lancer un vibrant appel à mettre en commun les énergies de tous les professionnels de la logistique pour faire face aux défis résumés dans son Manifeste pour une supply chain frugale et désirable.

Igor Jakomin, CEO adjoint de CargoX. - © Republik
Igor Jakomin, CEO adjoint de CargoX. - © Republik

Si l’on se fie à la nouvelle règle proposée à ses homologues de l’ELA par le président de France Supply Chain, Yann de Féraudy, c’est la Slovenian Logistics Association qui organisera l’édition 2024 des ELA Award, puisque c’est l’un de ses membres, CargoX, qui a reçu l’ELA Award 2023. C’est précisément parce que la France était le précédent pays lauréat, avec un dossier de la direction supply chain de Leroy Merlin parrainé par France Supply Chain, que les ELA Awards 2023 se sont déroulés à Paris, le 12 décembre dernier.

5,7 millions de documents d’import transférés

A la genèse du projet qui lui a valu son prix, CargoX a répondu à une sollicitation de l’Egypte qui a dû faire face à une multiplication par huit de ses importations et une multiplication par cinq de ses exportations entre 2000 et 2021. Pour assurer le transfert des données et des documents de transport de manière fluide et sécurisée, les fondateurs de CargoX ont conçu la plateforme douanière de dématérialisation Nafeza s’appuyant sur la blockchain. A ce jour, elle a permis le transfert de 5,7 millions de documents d’import libérés en moins de six jours au lieu de 29 auparavant et s’apprête à être adoptée par l’Ouganda pour ses documents d’export.

Lors des ELA Award 2024, le président de l’ELA, Markus Mau a rappelé que cette association européenne, qui existe depuis quarante ans, fédère 33 associations de logistique européennes, membres directs et, indirectement, 57 000 professionnels de la logistique. Plusieurs étaient présentes à l’invitation de France Supply Chain à Paris, à commencer par la puissante association allemande BVL (Bundesvereinigung Logistik) qui revendique pas moins de 10 500 membres, mais aussi l’association autrichienne VNL (Verein Netzwerk Logistik), ou encore les Espagnols du CEL (Centro Espanol de Logistica).

Des préoccupations communes en matière d’IA et de transition énergétique

Markus Mau a également listé les sujets de préoccupation commun de toutes ces associations en martelant l’ambition commune d’échanges de bonnes pratiques qui les incitent à intensifier leurs échanges. « Nous voulons partager ensemble sur ce qu’il conviendra de faire et d’apprendre en matière d’intelligence artificielle. Nous voulons apprendre ensemble ce que signifient les critères ESG pour la supply chain et comment la transition climatique nous affectera », explique le président de l’ELA.

Pour le président de France Supply Chain, cet événement n’était pas seulement une occasion de mettre en avant l’hospitalité à la française, mais surtout d’éveiller ses homologues européens sur l’ampleur de la transition que doivent opérer les supply chain pour être plus durables. « Nous représentons plus de 85 % des émissions de carbone, ce qui signifie que, si les supply chain ne font rien, rien ne se passera en ce qui concerne les engagements des accords de Paris et des COP », explique le président de France Supply Chain qui insiste : « Nous devons changer la manière dont nous faisons les choses, la manière dont nous opérons, dont nous transportons et la manière dont nous organisons notre empreinte logistique. »

Une version enrichie de benchmarks du Manifeste de France Supply Chain

Des pistes de réponses ont été posées par l’association française dans son « Manifeste pour une supply chain frugale et désirable » publié une première fois en 2021 et réédité dans une deuxième version. Datant de 2021, la première contenait les réflexions produites par l’association à la suite de rencontres organisées au Sénat sur le développement durable. La seconde est enrichie de cas pratiques et d’expérience de membres tels que Michelin, FM Logistic, Colissimo, Deutsche Post DHL ou encore la plateforme de livraison collaborative Pickme.

Des supply chain un peu plus lentes signifient plus d’efficience, plus de résilience et moins d’émissions de CO2 

Pour le président de France Supply Chain, il s’agit d’inviter les professionnels européens de la supply chain à se benchmarker et entrer dans l’action concrète et collective, au-delà de leurs frontières traditionnelles. « Il ne suffit pas de collaborer entre entreprises françaises. Maintenant nous pourrions commencer à collaborer à l’échelle européenne, comme c’est le cas en ce qui concerne l’évolution de la réglementation CSRD », suggère Yann de Féraudy.

Son idée est bien de donner corps à cette notion de supply chain frugale défendue par son Manifeste. « Beaucoup d’entreprises ont le sentiment que si elles optent pour des supply chain plus lentes, elles vont devenir moins compétitives et perdre des clients. Mais ça ne sera pas le cas si nous le faisons de la manière la plus intelligente possible, en renforçant la collaboration avec nos fournisseurs et avec nos clients de sorte que nous continuions à les satisfaire. En leur expliquant que des supply chain un peu plus lentes signifient plus d’efficience, plus de résilience et moins d’émissions de CO2 », défend Yann de Féraudy.

ENCADRE

Cinq autres finalistes ont présenté leurs dossiers sur scène, dont le Français Leroy Merlin et son entrepôt du futur automatisé, le distributeur autrichien RWA (Raiffeisen Ware Austria), spécialisé dans les produits d’agriculture et jardinerie, le constructeur automobile espagnol Seat avec sa control tower, la plateforme espagnole de synchronisation des opérations logistiques Usyncro et le Suisse Sevensense Robotics avec ses systèmes logistiques robotisés autonomes.