Log’issimo : « Nous investissons dans nos SI, au niveau TMS et WMS »
Par Guillaume Trecan | Le | Logisticien
Anthony Catillon, directeur de Log’issimo, membre du jury de la 4e Nuit de la Supply Chain, qui se déroulera le 16 décembre 2024, détaille les besoins de la branche logistique du groupe La Poste en termes d’innovation.
Sur quoi les investissements de Log’issimo sont-ils ciblés et quel type d’innovations êtes-vous intéressé de découvrir en participant au jury de la Nuit de la Supply Chain ?
Il s’agit d’investissements relativement limités. Nous transformons des plateformes de traitement du courrier pour y intégrer des zones de stockage et nous investissons dans la décarbonation de nos transports. Mais c’est plus un travail de réorganisation que des investissements purs et durs. Nous n’avons pas à faire sortir de terre des plateformes logistiques. De même que nos flottes de véhicules sont déjà largement décarbonés, nous avons des plateformes, des zones de cross-docks et des espaces qui se libèrent pour faciliter la gestion de ces flux.
Nous investissons en revanche dans nos SI, au niveau TMS et WMS. Nous installons ces moyens sur l’ensemble des agences du territoire. Nous développons la connectivité entre nos DMS, TMS et WMS et la connectivité entre ces derniers et nos clients. Nous nous ouvrons aussi à de nouvelles technologies, de nouvelles façons d’organiser la supply chain pour nous aider à optimiser nos circuits de bout en bout. C’est d’ailleurs pour cela que je suis intéressé de participer au Grand Oral de la Nuit de la Supply Chain.
Un marché de la logistique de proximité se structure et c’est ce marché que Log’Issimo souhaite adresser
Comment percevez-vous le potentiel d’innovation du secteur de la supply chain ?
De même que le développement du e-commerce fait évoluer le commerce, nous constatons une accélération des flux dans le BtoB, une montée des exigences des clients en termes de rapidité de traitement, avec des flux de moins en moins poussés et de plus en plus tirés. Tout cela fait que les flux se fragmentent progressivement. C’est une tendance de fond. Un marché de la logistique de proximité se structure et c’est ce marché que Log’Issimo souhaite adresser.
Nous ne pourrons pas tout faire seuls. En tout cas pas à la vitesse que nous souhaitons
Quelle est la capacité culturelle du groupe La Poste d’aller chercher de l’innovation à l’extérieur ?
Il faut évidemment être attentif à ce que font et ne font pas nos concurrents, par rapport aux demandes de nos clients et, en fonction de cela, voir ce que nous sommes nous-mêmes capables. Nous ne pourrons pas tout faire seuls. En tout cas pas à la vitesse que nous souhaitons. Nous devons être capables de piocher de nouvelles technologies et de nouvelles façons de faire pour accompagner les évolutions de secteurs d’activité qui petit à petit revoient leur supply chain. Nous devons nous connecter au marché pour détecter ce que font certaines startups avant-gardistes et sentir quel est le bon moment pour se positionner, se transformer, échanger avec nos clients et tester.
Comment a évolué l’activité de Log’issimo en 2023 ?
Depuis sa création, il y a près de trois ans Log’Issimo connaît une belle dynamique. Nous avons réalisé en 2023, 382 millions d’euros de chiffre d’affaires, en croissance de 7 %. Nous visons l’équivalent cette année. Nous avons structuré un réseau de 71 agences en France métropolitaine et nous allons nous étendre dans les DOM TOM dans les mois à venir. Notre réseau nous permet une grande capillarité avec la puissance du réseau postal.
Quel est le positionnement propre à Log’issimo par rapport aux autres solutions logistiques du groupe La Poste ?
Log’Issimo traite des flux allant de trois colis à trois palettes pour des réseaux d’entreprises publiques ou privées. En notre qualité d’acteur 3PL, nous sommes capables d’intégrer les besoins de nos clients, y compris sur du stockage central ou de proximité et d’accompagner leur supply chain jusqu’à leurs clients ou leur réseau de distribution. Nous agissons aussi dans l’autre sens, en prenant en charge la reprise de flux vers des activités de recyclage et de transformation des déchets. Nous complétons les activités de Colissimo et DPD en traitant des flux un peu plus importants, un peu plus rapides et en jouant le cas échéant un rôle d’intégrateur incluant leurs solutions.
Quels sont les vecteurs de dynamique dans votre activité ?
Nous perçons particulièrement sur deux axes en particulier : la messagerie multi-colis permettant l’approvisionnement des réseaux diffus et l’activité Frais, notamment « Les petits plats portés » pour les communes et les frigos connectés pour les entreprises. Nous poursuivons aussi notre développement sur l’offre collecte et remise, initialement fondée sur des flux courrier et qui, de plus en plus, se développe sur la prise en charge et la livraison de flux de colis et de marchandises.
Nous avons déjà plus de 13 000 circuits quotidiens qui permettent de raccorder très facilement de nouveaux points de collecte ou de livraison avec un coût compétitif
Quels sont vos atouts ?
Nous accompagnons quotidiennement plus de 100 000 clients. Notre avantage compétitif principal tient à notre grande proximité et au fait de s’appuyer sur des postiers qui représentent la marque. Ce ne sont pas des sous-traitants, ce sont tous les salariés. Cette proximité est perçue par nos clients dans l’attention que nous attachons aussi bien dans la remise que dans la reprise des flux. Une autre force que nous tirons du groupe La Poste, c’est notre capillarité. Nous sommes capables de mutualiser sur des flux de plus en plus larges, jusqu’à la palette, voire plusieurs palettes, en utilisant au mieux notre réseau et notre dispositif de transport. Cela nous permet de répondre aux besoins de fragmentation des flux et de réactivité de nos clients sur toutes les zones du territoire, qu’elles soient isolées ou en cœur de ville. Cette capacité de mutualisation a des impacts économiques, mais aussi écologiques. Nous avons déjà plus de 13 000 circuits quotidiens qui permettent de raccorder très facilement de nouveaux points de collecte ou de livraison avec un coût compétitif.
Comment les équipes du groupe se sont-elles adaptées à la mutation du métier de facteur vers celui de logisticien ?
Nous avons, au sein de notre réseau, des agents spécialisés dans la livraison de flux aux entreprises. C’est sur ce réseau que nous appuyons nos développements. Nos agents connaissent parfaitement nos 100 000 entreprises clientes et leurs attentes. De la même manière, ce réseau dispose de moyens matériels de prise en charge et de manutention des flux adaptés à la logistique de proximité et nos 6 000 agents sont déjà habituées à traiter de la logistique. Au fur et à mesure du développement de Log’Issimo, nous formons nos agents aux secteurs d’activité sur lesquels nous nous développons, sur les spécificités sectorielles et le traitement de nouveaux flux.
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