Quelle est la marge de manœuvre des transporteurs pour négocier leur GNV ?
Par Guillaume Trecan | Le | Route et fer
Le Comité national routier (CNR) dévoile une enquête qui éclaire la situation délicate des transporteurs dans leur relation tripartite avec les fournisseurs de GNV et chargeurs. D’autant qu’avec la flambée des tarifs du carburant, les chargeurs n’acceptent plus autant qu’avant d’assumer les surcoûts de cette option décarbonée.
Le CNR vient de rendre publiques les résultats d’une enquête sur les coûts et conditions d’exploitation des ensembles articulés de 44 tonnes roulant au gaz naturel pour véhicules (GNV) et effectuant du transport routier de marchandises en 2019. Cette étude porte d’une part sur le transport longue distance au gaz naturel liquéfié (GNL) et d’autre part sur le transport régional au gaz naturel comprimé (GNC).
Des contrats avec engagement de consommation
Cette initiative a pour intérêt principal d’éclairer les marges de manœuvre - étroites, mais réelles - des transporteurs dans la négociation du prix de leur carburant. Une marge de manœuvre restreinte par le rôle joué par les chargeurs. Si 85 % d’entre elles possèdent un contrat d’approvisionnement avec au moins un fournisseur de gaz, contrairement à ce qui se fait dans les achats de gazole, les chargeurs clients du transporteur s’invitent bien souvent dans la négociation du prix du GNV. En introduisant par exemple dans ces contrats des engagements de volume, associés à des pénalités en cas de non-respect, ces contrats sont finalement peu lisibles pour les transporteurs. Il en résulte une très forte dispersion des tarifs et des conditions contractuelles.
Le levier des volumes et celui de la durée
Pour aider les transporteurs à s’en sortir, le CNR liste donc les principaux leviers de négociation à actionner par les transporteurs et leurs clients chargeurs. Le premier est évidemment la durée (entre deux et cinq ans) et la forme d’engagement du transporteur. Vient ensuite l’engagement de volume, lié ou non à des pénalités.
Une indexation plafonnée
Le troisième concerne la formule d’indexation des prix. Et c’est précisément là que le CNR pointe les marges de manœuvre les plus intéressantes. Pour contrer d’éventuelles hausses de marché, l’option d’un prix fixe peut être retenue. Mais le transporteur peut aussi choisir différents indices d’indexation : coût de la matière première (PEG, Brent, etc.), acheminement, maintenance de la station, coûts de structure… D’autant qu’un plafond peut aussi être négocié dans l’évolution du prix.
Des clients moins enclins à valoriser les surcoûts
Cette enquête pointe un autre problème apparu depuis la flambée des prix provoquée par le conflit russo-ukrainien : une valorisation moins évidente de leur choix du GNV par les transporteurs auprès de leurs clients. En 2019, 60 % des transporteurs parvenaient à négocier un prix supérieur avec leur client pour un transport longue distance au GNL et 40 % pour du transport régional au GNC. Mais, depuis fin 2021, « les transporteurs peinent à répercuter la flambée du prix du carburant GNV sur leurs prix de transport. Les chargeurs, surpris par cette augmentation violente, ne jouent pas toujours le jeu », souligne le rapport du CNR.
Face à cette flambée des prix le CNR note par ailleurs que « certains transporteurs ont été contraints de mettre leurs flottes GNV à l’arrêt, et de les remplacer par d’autres motorisations. »