Transport

2024, année de la confirmation pour Haropa Port

Par Mehdi Arhab | Le | Maritime et fluvial

Haropa port a enregistré un chiffre d’affaires de 437 millions d’euros en 2024, en hausse de 3,6 % par rapport à l’année 2023 et ce en dépit d’un contexte économique particulièrement tendu et des échanges maritimes fortement troublés par les perturbations géopolitiques, notamment en mer rouge. Preuve de la bonne santé et des bonnes performances de l’établissement portuaire, le trafic maritime au sein de l’ensemble est lui aussi en progression de 2,4 % avec 83,19 millions de tonnes transportées et plus de 3,1 millions d’EVP.

Le port de Gennevilliers, principal terminal portuaire d’Haropa Port en IDF - © D.R.
Le port de Gennevilliers, principal terminal portuaire d’Haropa Port en IDF - © D.R.

Haropa Port se devait de confirmer son excellente année 2023. Et c’est chose faite. Le premier port de France a en effet poursuivi sur sa lancée. Comme en 2023, Haropa Port a enregistré en 2024 un excellent résultat financier et sa capacité d’autofinancement reste toujours extrêmement solide. L’ensemble affiche 437 millions d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 3,6 % (416 millions d’euros en 2023) et ce « malgré un contexte économique et géopolitique difficile », a rappelé le président par intérim et directeur général adjoint chargé de la Comptabilité d’Haropa Port, Christophe Berthelin au cours d’une conférence de presse.

« L’année 2024 a été une bonne année pour nous, car synonyme de croissance », a-t-il ajouté. Et à l’inverse de l’année 2023, lors de laquelle la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris avait enregistré une légère diminution de son trafic maritime (le voyant décroître de 4,5 % par rapport à 2022), Haropa Port a cette fois enregistré une hausse de 2,4 % des trafics maritimes, totalisant 83,2 millions de tonnes. « C’est évidemment une belle performance, d’autant plus quand l’on compare cela à ce qui se passe dans les autres ports européens », s’est réjoui de son côté Kris Danaradjou, directeur général adjoint d’Haropa Port.

Des volumes de flux impressionnants dans l’ensemble

Sur ce point, le flux des conteneurs maritimes est en nette progression (+ 18.7 %), et s’établit au-dessus du seuil historique des 3 millions EVP, à 3,1 millions EVP plus précisément. Le trafic de transbordement a connu aussi une croissance pour le moins historique, de plus de 50 %, à 900 000 EVP, par rapport à l’année 2023 et enregistre ainsi son niveau le plus important depuis 5 ans. «  Cette performance est d’autant plus appréciable et satisfaisante qu’elle intervient dans un contexte de stabilité globale des trafics à l’échelle du Range Nord », a expliqué le DGA. En revanche, les flux de vracs liquides sont en retrait de 5,1 % en 2024. Dans cette catégorie, le flux pétrole brut comme celui des produits raffinés reculent plus ou moins fortement (respectivement à -1,5 % et -6,3 %).

« Cette légère baisse est liée à des incidents techniques et à l’incendie d’une des deux colonnes de la raffinerie d’ExxonMobil près du Havre qui ont perturbé la production, mais les équipes techniques se sont à chaque fois mobilisées rapidement », a exposé Kris Danaradjou. La filière des vracs solides a elle aussi connu une année pour le moins contrastée, faisant face à un retrait important (- 7,5 %) avec un trafic total de 11,75 millions de tonnes. Ce recul est marqué par la baisse concomitante des céréales et des agrégats. Avec 7,08 millions de tonnes, les volumes de céréales enregistrent une baisse notable (- 4 %) par rapport à 2023 en raison des mauvaises conditions climatiques notamment.

a première partie de l’année a été très bonne, mais au regard des conditions météorologiques, la campagne céréalière de 2024 a été assez mauvaise et cela se répercute évidemment sur nos trafics à l’export

« La première partie de l’année a été très bonne, mais au regard des conditions météorologiques, la campagne céréalière de 2024 a été assez mauvaise et cela se répercute évidemment sur nos trafics à l’export », a indiqué le DGA. Après une année de baisse en 2023, le trafic roulier a connu un rebond de + 5,6 % avec plus de 272 563 véhicules accueillis sur le terminal roulier du Havre, dans un contexte pourtant globalement défavorable, marqué par la baisse du marché français des voitures particulières neuves thermiques et électriques.

La stratégie du report modal séduit et porte ses fruits

Le vrac fluvial en Île-de-France (- 8 % avec un trafic, qui s’établit à 18 millions de tonnes) a aussi affronté un contexte assez difficile. Les raisons de cette baisse ? La contraction qu’enregistre le secteur du BTP et la mauvaise campagne céréalière. L’activité fluviale n’en demeure pas moins satisfaisante, en témoigne celle des conteneurs qui a connu une excellente année avec plus de 220 000 EVP transportés de/vers Le Havre. Cette croissance se mesure significativement sur le terminal de Gennevilliers avec 11 % d’EVP manutentionnés en plus. Un record historique qui confirme le dynamisme du trafic de conteneurs sur l’axe Seine.

La hausse par rapport à 2023 est de 22 %. C’est une performance significative qui traduit une remontée du transport combiné et le développement de nos connexions vers l’hinterland

Le transport de conteneurs par mode ferroviaire a aussi touché du doigt un record historique et devrait se stabiliser autour des 120 000 EVP transportés par train de/vers l’hinterland. Ce résultat marque une progression importante, liée à la création de nouvelles dessertes. « La hausse par rapport à 2023 est de 22 %. C’est une performance significative qui traduit une remontée du transport combiné et le développement de nos connexions vers l’hinterland », a commenté Antoine Berbain, directeur général délégué d’Haropa Port.

Par ailleurs, Haropa Port poursuit le développement de nombreuses plateformes multimodales. À l’image de Bruyères-sur-Oise (95), où la filiale logistique de MSC, Medlog, a effectué une première opération de chargement / déchargement de conteneurs sur sa nouvelle plateforme multimodale francilienne. Ce terminal intérieur s’inscrit dans le prolongement des investissements réalisés par MSC au Havre afin de multiplier ses flux de conteneurs. En parallèle, le démarrage des travaux de la chatière dessine des perspectives extrêmement positives pour l’avenir de l’ensemble portuaire, tout comme le projet Port Seine-Métropole Ouest sur la plaine d’Achères dans les Yvelines (78). Ce premier projet consiste en l’aménagement d’une digue d’une longueur d'1,8 km, laquelle permettra la liaison directe entre les quais de Port 2000 et le bassin de la Seine. «  C’est une pièce importante de notre puzzle qui permettra et facilitera l’accès des barges à Port 2000 pour éviter les ruptures de charge. Le tout représente un investissement de près de 200 millions d’euros sur 30 mois. La mise en service est prévue pour 2027  », a rappelé Christophe Berthelin. Le deuxième projet, budgété à hauteur de 122 millions d’euros pour l’ensemble des opérations qui s’étaleront sur plusieurs années, porte sur une plateforme multimodale destiné à accueillir les activités du bâtiment et des travaux publics.

Des investissements en forte hausse, la transition énergétique et écologique en ligne de mire

Sur la filière conteneurs, Haropa Port et ses partenaires continuent d’investir massivement sur les terminaux maritimes pour en faire des outils de référence afin de traiter des trafics plus croissants

Cet avenir, Haropa Port le construit finalement au millimètre, multipliant les investissements justement. En la matière, Haropa Port maintient évidemment sa trajectoire, aussi bien en termes de développement de ses activités, de report modal donc, de transition écologique et numérique mais aussi d’entretien de ses infrastructures et de son patrimoine. Une trajectoire qui a évidemment permis à Haropa Port de construire cette dynamique positive observée depuis plusieurs années désormais. Les dépenses d’investissements de l’ensemble se sont élevées à près de 150 millions d’euros, en hausse de 29 %. L’établissement a évidemment pu compter sur le soutien de ses cofinanceurs que sont les Régions Normandie et Île-de-France ainsi que l’État. Pas moins de 73 millions d’euros ont servi à des projets liés à la transition écologique. « Sur la filière conteneurs, Haropa Port et ses partenaires continuent d’investir massivement sur les terminaux maritimes pour en faire des outils de référence afin de traiter des trafics plus croissants », a illustré côté Kris Danaradjou. Et comme l’a rappelé ce dernier, Le Havre, qui demeure évidemment le principal symbole d’Haropa Port, a fait l’objet de nombreux efforts qui traduisent cette volonté stratégique.

« En 2023, nous avons notamment terminé les travaux d’aménagement qui incombait à l’autorité portuaire sur les postes 11 et 12 de Port 2000 pour ajouter 700 mètres de quais supplémentaires pour un ensemble porté désormais à 4,2 km de quais. Le Havre bénéficie d’une position réellement stratégique comme premier port touché à l’import et dernier port touché à l’export. Les terminaux de Port 2000 disposent d’un accès nautique exceptionnel en eau profonde. Forcément, c’est un atout indéniable ».

Tous ces outillages et travaux constituent évidemment des atouts de premier plan pour Haropa Port et ainsi améliorer sa productivité ainsi que sa compétitivité. « Dans l’ensemble, cette année 2024 a été celle de la confirmation de notre modèle portuaire, avec un équilibre entre activités de logistique et activités industrielles », a fait savoir de son côté Christophe Berthelin. Haropa Port se pose d’ailleurs depuis de nombreuses années comme un instrument de décarbonation et de la transition écologique, via le portage de projets industriels d’envergure et « innovants », dixit le président par intérim. « Nous poursuivons notre stratégie de développement de notre corridor logistique vert basé sur l’axe Seine et qui constitue notre force », a-t-il ajouté.

Dans l’ensemble, Haropa Port a fait de ses réserves foncières un outil de réindustrialisation durable de l’axe Seine. Dans le cadre de la loi ZAN (Zéro artificialisation nette), l’ensemble a notamment inscrit la possibilité d’aménager 456 hectares en Normandie et une trentaine d’hectares en IDF, pour accueillir des projets d’envergure. « Nous mobilisons notre foncier de manière à accueillir de nouveaux besoins logistiques et des projets industriels importants », a soutenu Christophe Berthelin. « Nous estimons que nous pourrons commercialiser entre 700 et 800 hectares à l’horizon 2030 », a-t-il poursuivi. Haropa Port recense de nombreux projets d’investissements et d’implantations industriels majeurs, le plus important étant celui du site « Ouest A29 ».

Ce site doit accueillir pas moins de trois projets industriels majeurs dans le domaine de la transition énergétique (une raffinerie de lithium, un pour la fourniture d’hydrogène décarboné et un autre pour la production d’e-méthanol), portés par les sociétés Livista, Airproducts et Qair. Ils représentent au total 2,6 milliards d’euros d’investissements et près de 2 200 emplois directs et indirects sur le territoire. « Un record », a salué Christophe Berthelin. « Ces implantations vont générer plus d’un million de tonnes de trafic maritime annuel et près de 500 000 tonnes de trafic fluvial. Ces projets sont complètement dédiés à la transition énergétique et montrent que nous nous inscrivons pleinement dans l’objectif des projets d’intérêts national et européen », a ajouté Kris Danaradjou.

Au demeurant, Christophe Berthelin a confirmé que la nomination du nouveau président du directoire d’Haropa Port devrait intervenir d’ici peu. 2025 marquera ainsi une nouvelle étape de premier plan pour Haropa Port. Au moins deux nouvelles commercialisations interviendront durant l’année en cours à Rouen et au Havre, a confirmé le président par intérim.