Stratégie supply

Avec les JO, Lyreco teste la logistique de la seconde main à grande échelle

Par Guillaume Trecan | Le | Retail

Le spécialiste valenciennois de l’environnement de travail, Lyreco, termine actuellement les dernières opérations de démontage des équipements fournis aux JO Paris 2024. Des dizaines de milliers de tables et de chaises notamment qui lui constituent un gisement inédit de produits de seconde main et un défi de taille pour la direction supply chain.

Gauthier Delannoy, Cyril Sabran (Paris 2024), Daniel Dendievel, Benoît Bocquet et Simon Tancré. - © D.R.
Gauthier Delannoy, Cyril Sabran (Paris 2024), Daniel Dendievel, Benoît Bocquet et Simon Tancré. - © D.R.

Lyreco réalise trois milliards d’euros de chiffres d’affaires, dont 25 % en France, le premier des 25 pays où le groupe a étendu ses activités et vient de poser un jalon important pour être un leader indubitable sur le marché de la seconde main. Le distributeur spécialiste de l’environnement de travail est en train de mettre la dernière main à une opération exceptionnelle d’équipements des JO de Paris 2024, avec le démontage du matériel fourni qui va constituer un gisement de mobilier de seconde main jamais vu. « Très tôt nous avons eu cette discussion avec Lyreco sur cette ambition demettre en place une plateforme de seconde vie pour être en ligne avec notre objectif d’assurer une durabilité à nos actifs, un des engagements de Paris 2024 », explique Cyril Sabran, responsables logistique Paris 2024.

Une rampe de lancement pour l’économie circulaire

Au total, ce ne sont pas moins de 42 000 chaises et 10 000 tables que la direction supply chain de Lyreco France aura reconditionnées pour les remettre sur le marché de la seconde main. Pour recommercialiser les produits plus orientés BtoC - ses 20 000 multiprises, 20 000 lampes, 10 000 étendoirs, 6 500 cônes de chantier, etc. - le distributeur s’appuie également sur la marketplace, Circular Place. « Au moment du reconditionnement, nous catégorisons les produits en très bon état et ceux d’occasion avec des signes d’usure », explique Gauthier Delannoy, directeur de l’Offre Lyreco France. Une décote pouvant aller jusqu’à 40 % du prix sera appliquée et 90 à 95 % des produits seront recommercialisés.

« Encore balbutiante » de l’aveu même du directeur commercial de Lyreco France, l’offre de seconde main a été lancée par le distributeur valenciennois il y a un an pour le matériel IT et télécoms et en avril dernier pour le mobilier. Elle séduit pour l’instant principalement les clients du secteur public et les réseaux bancaires. Lyreco considère que ce marché, estimé à un milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2027 ou 2028, devrait représenter 10 % des revenus de l’entreprise en 2026. Commercialisé depuis avril dernier, entre 30 et 40 % de ces produits ont été réservés en prévente.

Une des complexités à laquelle nous faisons face sur ce marché consiste à trouver des gisements homogènes

« Une des complexités à laquelle nous faisons face sur ce marché consiste à trouver des gisements homogènes », explique Gauthier Delannoy, Directeur de l’Offre Lyreco France. Avec les équipements récupérés des JO, Lyreco met la main sur l’équivalent de vingt années de rotation des produits concernés. Pour autant, Gauthier Delannoy, n’est pas inquiet « environ 20 % des produits ont déjà été commercialisés et tout le reste devrait l’être sous 18 mois. »

Une opération logistique JO très intense

Au total le projet d’équipement des JO Paris 2024 aura mobilisé entre 4 000 et 5 000 palettes. Sachant que la direction supply chain France de Lyreco gère 300 000 palettes par an, l’opération aura plus marqué les esprits par son intensité que par ses volumes.

L’exercice a consisté à livrer 150 sites en s’appuyant sur les deux plateformes de Lyreco, à Digouin en Bourgogne et Villaines-la-Juhel, en Mayenne qui totalisent 90 000 m2, auxquelles une plateforme temporaire de 6 000 m2 a été mise à contribution à Nanteuil-le-Haudouin, dans l’Oise et quatre sites d’éclatement en région parisienne. Les premières livraisons sur site ont commencé en décembre 2023, avant de s’intensifier en juin et juillet 2024.

L’activité logistique est plus difficile après les Jeux

Le chapitre démontage et reconditionnement qui a débuté à la veille des Jeux Paralympiques, en août représente un défi encore plus grand. « L’activité logistique est plus difficile après les Jeux. Pour les différents sites olympiques nous avions en général entre quatre et six semaines pour monter et entre une à deux semaines pour démonter, quatre jours pour le Stade de France », explique Cyril Sabran, qui a particulièrement apprécié la capacité de Lyreco à livrer directement les sites.

Sur un total de 1 000 personnes employées par la direction supply chain France de Lyreco, plus d’une centaine de volontaires ont été spécifiquement mobilisés sur cette mission, en particulier les équipes de livraison, compétentes sur le montage… et désormais sur le démontage du mobilier. « En plus de nos équipes de livraison, nous avons demandé à nos équipes Lyreco qui étaient intéressées à participer à l’aventure de la préparation des JO », explique le nouveau directeur supply chain, Benoit Bocquet, qui a pris la succession de Daniel Dendievel pendant les Jeux.

La direction supply chain France de Lyreco n’a pas eu recours à des intérimaires. Parmi les enseignements du projet JO figure un recours raisonné au packaging. En limitant les sur-emballages, Lyreco revendique 70 tonnes d’emballage économisées.