FivesGroup : « Décarboner la supply chain reste principalement un choix volontariste du groupe »
Par Guillaume Trecan | Le | Green
Julien Osmont, responsable supply chain du groupe Fives s’attaque à la décarbonation des transports du groupe, avec comme premier défi celui de la mesure. Outre le déploiement d’un TMS, la création d’un calculateur d’empreinte carbone permettant aux commerciaux du groupe de disposer de propositions alternatives de supply chain.
Comment la supply chain participe-t-elle à l’objectif global de réduction de l’empreinte carbone du groupe Fives ?
Ce sujet mobilise en premier lieu la direction RSE, qui joue un rôle de management transverse et la direction technique, qui développe des solutions innovantes permettant de décarboner l’industrie. Au niveau de la direction supply chain, nous sommes au début d’une réflexion globale. Actuellement, les actions sont lancées à l’échelle de certaines filiales et nous en assurons la promotion au sein du Groupe.
Notre plus grand défi concerne la mesure de notre empreinte carbone. Nous sommes en train de mettre en place des outils de reporting qui nous permettent de collecter une data qui ait du sens pour fiabiliser le reporting de nos transports et piloter la supply chain à partir d’une année de référence. Cela passe, notamment, par le déploiement en cours de notre TMS.
Qu’est-ce qui rend la mesure de l’empreinte carbone de la supply chain compliquée ?
La première source de complexité vient de l’absence de cadre de référence. Nous nous référons à ceux de l’Ademe, mais ce n’est pas nécessairement le cas de nos fournisseurs de transport, qui suivent parfois d’autres indicateurs.
La seconde complexité est la granularité de l’information à prendre en compte, surtout si l’on s’applique à considérer toutes les étapes, depuis les fournisseurs jusqu’aux sites de réception, en croisant ses informations avec les modes de transport et les ressources énergétiques des différents pays. C’est d’autant plus compliqué pour des entreprises comme la nôtre qui travaillent en mode EPC (Engineering, Procurement and Construction). Approvisionner les Etats-Unis depuis le Mexique en transport routier peut s’avérer plus consommateur en carbone que depuis l’Europe en transport maritime. Sur de tels sujets nous devons nous entourer des bonnes personnes : cabinets experts, data scientists…
Nous réfléchissons, avec certains freight forwarders, à intégrer l’empreinte carbone dans nos chiffrages afin de mettre dans les mains des commerciaux une proposition alternative
Qu’est-ce qui motive le groupe à décarboner sa supply chain ?
La réduction de l’empreinte carbone de la supply chain s’insère dans une réflexion plus globale, basée sur les quatre valeurs fondamentales du groupe dont celle de construire une industrie éco-responsable avec nos clients. L’industrie fait face à une situation inédite et avec des mutations très importantes, telles que la crise actuelle sur le coût du transport, la crise énergétique à venir, ou celle des matières premières, qui se traduit par des risques de ruptures sur certains composants. Ce contexte fait que le prix ne sera plus le principal critère de choix et nous incite à travailler sur la régionalisation de nos achats et de nos transports. De fait, nous réfléchissons, avec certains freight forwarders, à intégrer l’empreinte carbone dans nos chiffrages afin de mettre dans les mains des commerciaux une proposition alternative.
A l’heure actuelle décarboner la supply chain reste principalement un choix volontariste du groupe qui, d’une part, développe des solutions et des équipements innovants pour ses clients, et, d’autre part, travaille sur sa propre empreinte carbone. Avoir un tel engagement est d’ailleurs un argument incontournable pour recruter de jeunes candidats aujourd’hui.
Nous sommes en train de bâtir un calculateur d’impact carbone, prenant en compte le type de transport, le poids et les zones de livraison
Quelles sont les initiatives les plus prometteuses parmi celles que vous avez entreprises ?
Nous sommes en train de bâtir un calculateur d’impact carbone, prenant en compte le type de transport, le poids et les zones de livraison. Il nous permettra de comparer deux projets par rapport à des schémas de sourcing différents.
Nous menons également beaucoup d’actions pour réduire le poids de l’emballage. Sur notre plateforme logistique du Nord, nous pratiquons des tests sur des caisses Wrap utilisées pour le transport aérien pour en réduire le poids avec des capacités de chargement quasiment identiques. Il y a un impact positif sur le coût mais surtout un impact écologique. C’est un travail d’amélioration continue que nous faisons avec les directions des Achats et Technique, ainsi que notre prestataire d’emballage. Nous étudions la possibilité de l’étendre au transport maritime.