Logistique

GXO France : «  Pour croître, nous devons adresser de nouveaux marchés  »

Par Mehdi Arhab | Le | Logisticien

Vincent Ricci, promu tout récemment directeur général de GXO France, évoque avec nous les leviers de développement du groupe dans l’Hexagone. Il revient également sur les grands moments de GXO en 2023 et trace les axes stratégiques sur lesquels l’entreprise doit se concentrer pour asseoir sa position en France.

Vincent Ricci, nouveau directeur général de GXO France - © ALAIN LE COZ
Vincent Ricci, nouveau directeur général de GXO France - © ALAIN LE COZ

Comment s’est portée l’activité de l’entreprise en France sur l’année 2023 ?

Nos fondamentaux sont excellents, il est important de le rappeler. En France, l’entreprise a été portée par une croissance organique assez importante, de l’ordre de 10 %. Nous comptons près de 10 000 personnes dans nos effectifs, nous exploitons 70 sites logistiques sur le territoire et nous avons enregistré 763 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023. Nous avons pris le virage de l’industrialisation et de l’automatisation des entrepôts au meilleur des moments, très tôt. Nous avons de fait, malgré un marché en tensions et un contexte macroéconomique difficile, surfé sur la vague du développement des plateformes logistiques dédiées aux activités e-commerce. Ce phénomène, imputable notamment aux effets de la pandémie sur le marché, a entraîné un nombre important de projets d’automatisation.

Nous ne faisons pas fi du contexte actuel et des difficultés que rencontrent nos clients actuellement. Ceux-ci traitent moins de volume, font face à une baisse de la demande et nous en souffrons, comme beaucoup, par ricochet

Notre croissance et notre force du moment puisent, en partie, leurs racines dans cette période exceptionnelle en tout point. Néanmoins, nous ne faisons pas fi du contexte actuel et des difficultés que rencontrent nos clients actuellement. Ceux-ci traitent moins de volume, font face à une baisse de la demande et nous en souffrons, comme beaucoup, par ricochet. Cela nous impose de nous réorganiser quelque peu et de penser différemment pour gagner en flexibilité.

Nous adressons déjà bon nombre de secteurs d’activité et cela nous préserve fortement. La diversité des marchés que nous opérons nous permet en effet de ne pas être dépendant d’un secteur sen particulier. C’est une force sur laquelle nous devons capitaliser.

Quels ont été les moments marquants de GXO ces derniers mois ?

L’année 2023 a été une année charnière. Nous nous sommes renforcés en mettant en performance deux plateformes dédiées à des activités e-commerce pour un acteur américain du secteur. Nous avons également structuré l’implémentation d’une plateforme de 140 000 m², située à Montereau-sur-le-Jard, dans le département de la Seine-et-Marne, laquelle constitue le futur centre de distribution de Zalando. Ce site a nécessité de nombreux investissements et intégrera un niveau d’automatisation extrêmement poussé. Ce projet montera en puissance d’ici quelques semaines. D’autres projets, qui intègrent des solutions d’automatisation, ont été également menés à bien ces derniers mois, notamment pour le compte d’Intermarché et d’un acteur spécialisé du petfood.

Sur quels aspects spécifiques allez-vous concentrer vos efforts ?

Le marché est aujourd’hui un peu plus complexe qu’il ne l’était il y a encore peu de temps. Il nous faut donc en priorité maintenir nos parts de marché, croître sur les segments où nous sommes à l’aise et continuer à conquérir des parts sur les marchés qui font notre force. Nous revendiquons une position de leader en France sur les marchés distribution alimentaire et non alimentaire ; FMCG ; température dirigée ; e-commerce ; high-tech et il nous faut se renforcer encore sur ces segments. En ce sens, nous cherchons à développer de nouveaux services à valeur ajoutée qui sont susceptibles d’intéresser nos clients. Cela concerne notamment le co-packing, la réparation et bien d’autres choses.

Pour croître, nous devons également adresser de nouveaux marchés. Les opportunités sont moindres et il faut les chercher quand elles se présentent. Le luxe, l’industrie, les cosmétiques, sans oublier la parapharmacie, sont les marchés qui nous intéressent le plus

Mais tout ne s’arrête pas là. Pour croître, nous devons également adresser de nouveaux marchés. Les opportunités sont moindres et il faut les chercher quand elles se présentent. Le luxe, l’industrie, les cosmétiques, sans oublier la parapharmacie, sont les marchés qui nous intéressent le plus et sur lesquels nous allons travailler fortement. Du reste, l’objectif est de répondre à des problématiques internalisées par certains industriels pour le moment, en leur apportant des solutions concrètes. De nombreux marchés en France sont aujourd’hui opérés directement par des donneurs d’ordre ; il nous faut donc réfléchir à comment les aider pour les décharger d’opérations qui ne constituent pas leur cœur de métier. Nous sommes en mesure de traiter leurs problématiques de surface vide, de commercialisation de surcapacité et de développement ; c’est ce qui fait notre force et notre expertise. Nous devons donc les convaincre du bien-fondé de l’externalisation et leur prouver qu’ils ont tout intérêt à nous confier leurs opérations logistiques qu’ils traitent pour le moment en propre.

Vous avez annoncé récemment le renouvellement de votre contrat avec Mars. Ce type d’action vient soutenir votre stratégie de développement …

Absolument. Toute notre stratégie de développement est soutenue par notre volonté de satisfaire nos clients actuels, en renouvelant nos contrats avec eux. Nous voulons leur accorder une plus grande attention encore et améliorer la qualité de service. Beaucoup d’entre eux sont des partenaires de longue date et nous voulons continuer à travailler avec eux et, même, étendre notre partenariat quand cela s’y prête. D’autres renouvellement ont été actés, avec Amer Sports et Henkel notamment, ou sont dans les tuyaux.

Quels seront vos prochains postes d’investissements ?

Nous allons continuer à investir massivement dans l’automatisation et d’autres technologies qui servent la productivité et la qualité

La majeure partie de nos projets se distinguent par leur degré d’innovation et d’automatisation. Le fait d’industrialiser nos entrepôts permet de répondre aux enjeux de nos clients et de mieux adresser leurs besoins. Nous allons donc continuer à investir massivement dans l’automatisation et d’autres technologies qui servent la productivité et la qualité. C’est pour nous un moyen d’alimenter notre croissance et de satisfaire, comme je vous le disais précédemment, nos clients.

En outre, l’ouverture de nouvelles plateformes et les projets que j’évoquais généreront de nouveaux emplois. Nous allons de fait recruter massivement là-encore. Un plan de recrutement qui prévoit l’embauche d’un peu plus de 500 personnes, cette année, a été tracé.

Cela s’accompagne par ailleurs par une stratégie ESG très ambitieuse et exigeante sur chacun des piliers. Sur le volet environnemental par exemple, nous visons la neutralité carbone d’ici quinze ans. Nous débloquons suffisamment de fonds pour y parvenir. Nous équipons certaines de nos plateformes en panneaux photovoltaïques et travaillons à ce que l’énergie produite alimente nos sites. Nous veillons à ce que chacune des nouvelles plateformes soit la plus autonome possible. D’autres actions sont également lancées, notamment sur le traitement de nos déchets au sein de nos entrepôts.

Depuis votre entrée dans le groupe, comment percevez-vous l’évolution de GXO en France ?

Le Covid est passé par-là, la guerre en Ukraine également, sans oublier l’inflation. Le groupe a su s’adapter à chacune de ces situations et c’est une force. Cela démontre toute notre agilité et notre capacité à rester solide. Cela n’aurait pas été possible sans un minimum de stabilité, ce à quoi nous tenons fortement. À un moment où la logistique s’est professionnalisée et largement industrialisée, il était important de rester stable. Nous avons su saisir les opportunités qui se présentaient à nous, prendre les bons virages et bon moment, comme avec l’explosion du e-commerce comme je l’évoquais en début d’entretien. Nous n’avons jamais eu les deux pieds dans le même sabot.

Cela doit continuer ainsi. Nous devons encore trouver des moyens d’être plus flexible pour répondre aux problématiques des clients. Les prestataires logistiques sont là pour les aider et les accompagner en toute circonstance, dans les bons comme dans les moins bons moments.

Si nous nous reparlions dans un an, qu’aimeriez-vous avoir vu avancer à la suite de votre récente prise de fonction ?

Nous aimerions partager beaucoup de succès, aussi bien en termes de renouvellement de contrats que de parts de marché acquises. Travailler avec de nouvelles marques ne se fera que si nous satisfaisons nos clients actuels. Ces partenariats doivent donner lieu à de belles histoires. Nous devons avant tout satisfaire les entreprises qui nous font confiance. Il en va de notre crédibilité, tout simplement.