VelyVelo lève six millions d’euros et espère démocratiser la cyclo-logistique en France et en Europe
Par Mehdi Arhab | Le | Multimodal
Start-up française spécialisée dans la location de vélos électriques à destination des professionnels, VelyVelo a bouclé un tour de table de 6 millions d’euros. Cette opération financière doit notamment l’aider à s’étendre en France et en Europe et à peaufiner sa plateforme de gestion de flotte.
Trois ans après un premier tour de table de 4 millions d’euros, VelyVelo boucle une nouvelle levée de fonds, de 6 millions d’euros cette fois, une moitié en Equity sécurisés, l’autre en financement d’actifs. Cette opération a été menée notamment par NCI, via son fonds NCITY dédié aux startups de la ville de demain, qui réunit les deux autres fonds CDG Invest et Mouvement & Finance. Le financement d’actifs a de son côté été conclu avec des fonds spécialisés dans le financement des actifs et des stocks, renforçant ainsi la capacité de VelyVelo à étendre sa flotte et à répondre une demande de plus en plus marquée.
Fondée en 2017 par trois amis, Othman et Jamil, entrepreneurs issus de la restauration avec livraison à domicile, et Asmaa, adepte des chiffres, la startup a su, depuis 2019 - après deux premières années dédiées au prototypage -, se faire une place dans le milieu de la logistique urbaine. Elle en est un acteur de référence, un des plus connus sur le segment de la cyclo-logistique. Depuis sa création, VelyVelo assure avoir loué plus de 4 000 vélos et revendique plus de 1 000 clients, des grands acteurs de la livraison comme UPS, de grandes enseignes comme Monoprix des transporteurs, ou des petits artisans et restaurateurs. VelyVelo, c’est avant tout une belle histoire, qui tire ses racines d’un constat réalisé sur le terrain. « Mes associés étaient restaurateurs, franchisés d’une enseigne de fast food. Ils comptaient une cinquantaine de livreurs et autant roulaient en scooter thermique. Outre le fait que c’est un véhicule extrêmement coûteux - assurance, carburant … -, il est accidentogène et génère de nombreuses nuisances sonores et environnementales. Ils ont jugé qu’il était de moins en moins pertinent pour leur activité, d’autant plus dans les grandes agglomérations. De là, ils ont bousculé les codes en adoptant des vélos à assistance électrique », retrace Asmaa Chakir Alaoui, co-fondatrice et PDG de VelyVelo. Si ses associés et elle ne sont plus majoritaires d’un point de vue capitalistique, tous trois restent maîtres de la gestion de l’entreprise.
La jeune pousse s’est développée, avec patience et elle est aujourd’hui un leader du leasing de vélos électriques pour les professionnels de la livraison en France. Elle emploie une trentaine de personnes et est implantée en Île-de-France mais aussi à Lyon, Bordeaux ou encore Marseille. Ses vélos utilitaires auraient parcouru pas moins de deux millions de kilomètres. « Nous sommes très fiers de ce que nous avons réalisé depuis toutes ces années. Lorsque nous nous sommes lancés, livrer à vélo n’avait rien d’évident pour beaucoup », rappelle la PDG de VelyVelo. Ses formules de leasing intègrent, outre le véhicule, les services de réparations ainsi qu’un accès à une plateforme de gestion de flotte qu’elle a développé en interne. « Nous avons fait le choix d’intégrer toute la chaîne de valeur pour garder le contrôle de notre proposition de valeur », explique Asmaa Chakir Alaoui.
Trois axes sur lesquels VelyVelo va investir
La cyclo-logistique s’est fait une place en Île-de-France et entend s’en faire une dans les grandes villes françaises. C’est pourquoi nous voulons les adresser
Ce financement récent doit permettre à VelyVelo de passer un nouveau cap et toucher du doigt ses rêves de grandeurs. La startup entend s’étendre en France, en Belgique, en Espagne et plus spécifiquement à Madrid ainsi qu’au Maroc, contrée dans laquelle VelyVelo est présent depuis la fin d’année 2022. « Le maillage territorial est un sujet majeur pour nous. La cyclo-logistique s’est fait une place en Île-de-France et entend s’en faire une dans les grandes villes françaises. C’est pourquoi nous voulons les adresser. Nous ciblons avant tout des villes dans lesquelles le sujet gagne en importance », expose Asmaa Chakir Alaoui.
Ainsi, ses associés et elle prévoient l’ouverture de nouveaux hubs logistiques et de recruter du personnel sur site. VelyVelo compte également nouer des partenariats locaux avec des acteurs dont elle se laisse le choix. À cela s’ajoute également un budget pour la recherche et développement dans l’intention notamment de perfectionner les batteries et la gamme de vélos proposée, aussi bien du point de vue de la de performance, que de la durabilité et de l’adaptabilité aux différents types de cargaison. « Il nous faut améliorer le sourcing de nos véhicules pour répondre au plus de besoins possibles ; livrer une pizza et une machine à laver n’est pas la même chose. Il faut tenir compte du poids, du volume de la cargaison, de la distance qui doit être parcourue », note Asmaa Chakir Alaoui. Enfin, des investissements pour muscler le volet technique de l’activité sont également prévus. VelyVelo souhaite en effet voir renforcer en fonctionnalités sa plateforme de gestion de flotte. « Cela concerne l’optimisation de l’interface utilisateur, des algorithmes de maintenance prédictive et un outil pour aider nos clients à optimiser leurs trajets », synthétise Asmaa Chakir Alaoui.
Nous pensons que, comme dans nos maisons, nous n’avons pas à rentrer dans les villes avec des chaussures sales. Il faut mettre des chaussons d’intérieurs et dans la ville, les chaussons d’intérieurs, ce sont des véhicules propres
Pour cette dernière, l’avenir de la cyclo-logistique ne peut être que radieux. « Nous pensons que, comme dans nos maisons, nous n’avons pas à rentrer dans les villes avec des chaussures sales. Il faut mettre des chaussons d’intérieurs et dans la ville, les chaussons d’intérieurs, ce sont des véhicules propres. De plus en plus d’acteurs économiques en sont convaincus, ils ne veulent plus de ruptures de charge trop importantes et de grands camions dans les villes. Le dernier kilomètre devra se faire avec des véhicules respectueux de l’environnement et efficaces. La cyclo-logistique a donc son mot à dire et un rôle à jouer. Il faut lever les freins sur la cyclo-logistique. Le Covid en avait levé, les JOP en lèveront également, j’en suis certaine. Il faudra toutefois des infrastructures et réussir à concilier écologie et business, parce que ce dernier point reste évidemment essentiel. »