Transport

Ports de Lille : « Nous franchissons le cap des 9 millions de tonnes tous produits confondus »

Par Guillaume Trecan | Le | Multimodal

Alain Lefebvre, directeur général des Ports de Lille revient sur les facteurs de croissance de l’année record enregistré sur les douze ports fluviaux de la métropole lilloise, autant sur le fluvial a proprement dit que sur le ferroviaire. Une année record aussi en termes d’investissement, avec 60 millions d’euros injectés.

Ports de Lille : « Nous franchissons le cap des 9 millions de tonnes tous produits confondus »
Ports de Lille : « Nous franchissons le cap des 9 millions de tonnes tous produits confondus »

Comment a évolué le trafic de fret sur les ports de Lille en 2021 ?

Nous avons battu tous nos records en 2021. Nous finissons l’année à plus de 2,3 millions de tonnes sur le trafic fluvial et à 570 000 tonnes au niveau du trafic ferroviaire. C’est un record absolu : pour la première fois de l’histoire du port de Lille, nous franchissons le cap des neuf millions de tonnes tous produit confondu, y compris vrac, conteneurs, caisses mobiles, etc. Nous sommes sur une tendance globale équivalente en 2022. En 2021, la comparaison se fait par rapport à l’année Covid 2020, elle manque donc de pertinence, mais nous avons enregistré une croissance de 21 % : + 12 % sur le trafic fluvial et +40 % sur le trafic ferroviaire.

Quelles sont les infrastructures gérées par Ports de Lille ?

Nous gérons douze ports sur la métropole lilloise, avec un port un peu excentré, qui est celui d’Arques Saint-Omer. Nous sommes également fortement impliqués dans la gestion du port de Béthune, au niveau commercial, exploitation et aménagement, même si c’est un port géré par la CCI Arthois. Ports de Lille est le fruit d’un contrat entre l’Etat, représenté par les Voies navigables de France (VNF) et la chambre de commerce et d’industrie Grand Lille Hauts de France. Notre réseau inclut deux ports tri-modaux, à Santes et Lille.

L’établissement Ports de Lille gère douze ports fluviaux. - © D.R.
L’établissement Ports de Lille gère douze ports fluviaux. - © D.R.

Quels sont les facteurs déterminants de votre croissance en 2021 ?

Même si le critère prix est déterminant dans cette croissance, elle est aussi due à une conscientisation de la part des entreprises, un phénomène accentué par les problématiques du transport routier, notamment en termes de recrutement. L’Etat affiche également son volontarisme pour soutenir les modes de transport alternatifs, principalement le ferroviaire.

Nous avons investi au total 60 millions d’euros sur l’année 2019-2020. C’est la plus forte année en matière d’investissement de l’histoire du port de Lille

Enfin et, c’est à mes yeux un facteur qui mériterait d’être cité en premier, cette croissance est aussi le fruit d’un énorme travail mené depuis six ou sept ans pas les équipes de Ports de Lille. Nous venons d’1,6 million de tonne et nous avons franchi les 2 millions de tonnes en 2019, avant d’atteindre cette année 2020 record. Nous avons réalisé d’importants investissements dans la modernisation et la construction d’entrepôts en bord de voie d’eau. Nous avons investi au total 60 millions d’euros sur l’année 2019-2020. C’est la plus forte année en matière d’investissement de l’histoire du port de Lille. Nous avons ainsi favorisé l’implantation de clients qui développent des activités compatibles avec les voies fluviales.

Nous comptons aussi parmi nos nouveaux clients beaucoup d’acteurs de l’économie circulaire

Qui sont les chargeurs qui abondent ces nouveaux volumes de fret ?

Nous avons bénéficié de l’extension des entrepôts Roquette, ou encore de la montée en puissance du spécialiste de la vente de meubles en bois massif Tikamoon. Nous comptons aussi parmi nos nouveaux clients beaucoup d’acteurs de l’économie circulaire comme Ortec, Verdipôle, ou encore le groupe Baudelet Environnement. Nous avons également réalisé deux projets d’économie circulaire complémentaires à Wambrechies, l’un avec VNF et l’autre avec Ecoterre, qui recyclent des produits de la déconstruction, des terres polluées, des sédiments… Nous bénéficions aussi parfois d’actions spots dans le cadre de grands chantiers de déconstruction.

Est-ce que la nature des chargeurs qui passent par vos ports évoluent ?

Effectivement, de plus en plus de chargeurs de toutes natures s’intéressent aux solutions intermodales. L’arrivée des ZFE est pour nous un argument supplémentaire pour sensibiliser nos clients et de plus en plus d’entreprises affichent une volonté en matière de responsabilité sociétale.

Quelles sont vos perspectives 2022 et 2023 ?

Nous investissons dans l’amélioration de nos réseaux ferroviaires pour continuer à croître et recevoir plus de trains. L’augmentation du trafic ferroviaire sur nos lignes Bordeaux Toulouse et Avignon Marseille, nous conduit tout doucement à saturation et nous obligera sans doute au mois de septembre à travailler le samedi pour faire face à cette croissance. Nous avons programmé plusieurs actions pour passer de deux à trois trains par jours et de 20 à 24 trains par semaine sur la métropole lilloise : ajout d’un aiguillage pour faciliter les manœuvres, allongement des voies. Au niveau fluvial, pour le moment, la logique est plus à atteindre la saturation de nos outils, ce qui est encore loin d’être le cas.

Nous travaillons aussi sur l’articulation entre fluvial et distribution urbaine

Nous travaillons aussi sur l’articulation entre fluvial et distribution urbaine. Ce sujet est très compliqué et n’est encore qu’au stade de la réflexion. L’idée étant de capter des flux en amont et en aval de Lille, de les transférer sur des systèmes fluviaux low cost pour les amener plus au cœur de la ville. Enfin, nous développons la communauté portuaire pour mettre en exergue l’importance du port en termes d’emplois et les actions entreprises par nos 200 clients en matière de RSE.