Stratégie supply

Club Supply Chain : Qu’est-ce que les jeunes attendent de la supply chain ?

Par Guillaume Trecan | Le | Rh

Autour de quatre jeunes diplômés, représentant différentes générations du Lab Jeune de France Supply Chain, le Club Supply Chain a réuni une vingtaine de directeurs et directrices supply chain, le 28 janvier à Paris, pour confronter leur vision de cette fonction pour laquelle ils partagent, toutes générations confondues, un fort attachement.

Club Supply Chain : Qu’est-ce que les jeunes attendent de la supply chain ?
Club Supply Chain : Qu’est-ce que les jeunes attendent de la supply chain ?

Pour ce dîner, quatre jeunes diplômés, membres des différentes générations du Lab Jeune ont relevé le défi de porter la voix des nouvelles générations de la supply chain en expliquant à leurs aînés, actuels et futurs employeurs, ce qu’ils attendent de leur parcours dans la Supply. Commençons par comprendre comment ils se sont orientés vers ce métier aussi passionnant que méconnu.

Il y a énormément de défis à relever en Supply. Ça ne se limite pas à des transpalettes, à des camions

Pour Rodrigue Branchet-Fauvet, titulaire d’un double diplôme MAI et Isli Kedge Business School et actuellement en Graduate Program chez Renault Group, l’attachement a la fonction s’est forgé au contact de la profondeur d’action qu’autorise une carrière dans cette fonction. « Il y a énormément de défis à relever en Supply. Ça ne se limite pas à des transpalettes, à des camions. Il y a de la stratégie derrière, beaucoup d’humain, beaucoup de contacts et donc de la transversalité. On n’est jamais enfermé sur un même poste et on peut faire mille carrières dans la supply chain », s’enthousiasme-t-il.

Un métier qui se découvre sur le terrain

L’animateur du Lab Jeune de France Supply Chain, Charly Suaire, ingénieur des Arts et Métiers passé lui aussi par un M2 Supply Chain de Kedge Business School salue lui-aussi cette diversité des rôles que l’on peut endosser dans la supply. « Cela permet de créer des parcours extrêmement variés au sein du même métier », se réjouit-il. Pour sa part, c’est à travers des stages qu’il a eu l’occasion de découvrir cette richesse dans le cadre de ces stages en industries.

Pour Alexandra Berteau, ingénieur de formation, la voie de la supply chain lui est apparue séduisante lorsqu’elle a compris que, dans cette fonction, « aucune journée ne ressemble à la précédente ». Pour Farah Matili, en parcours finance et contrôle de gestion à l’université, c’est la diversité des missions testées dans le cadre d’un stage qui l’a fait basculer. « J’ai eu l’opportunité de découvrir beaucoup de métiers dans l’entrepôt : gestion de stocks, management opérationnel, lancements de produits, pilotage de flux… », énumère-t-elle.

Le fait d’avoir énormément de métiers, représente à la fois une force et une difficulté

Entièrement d’accord avec cette vision, un directeur supply chain souligne toutefois que c’est précisément cette variété qui fragilise l’image de la fonction et la rend difficile à appréhender pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’en faire l’expérience. « Nous devons expliquer l’étendue de nos métiers. Le fait d’avoir énormément de métiers, représente à la fois une force et une difficulté », estime-t-il.

Gare aux contrefaçons

Beaucoup d’entreprises m’ont vendu de la Supply alors qu’elle ne faisait que de la logistique et du transport

Les métiers de la supply sont d’ailleurs autant diversifiés que les degrés de maturité des entreprises en la matière. Ce qui est susceptible de générer des déceptions pour certaines nouvelles recrues. Le directeur supply chain d’un grand groupe de distribution spécialisé explique ainsi en avoir eu subi quelques-unes dans son parcours de carrière. « Le métier de la supply a parfois une connotation logistique. Beaucoup d’entreprises m’ont d’ailleurs vendu de la Supply alors qu’elle ne faisait que de la logistique et du transport », regrette-t-il.

Nous avons trois missions essentielles et c’est en montant dans l’organisation que le collaborateur couvre ces trois missions

Un de ses confrères à la tête de la supply chain d’un grand groupe du secteur de la santé rappelle toutefois qu’un jeune commence rarement avec une vision complète du spectre de la supply chain. « Quand nous recrutons des jeunes, nous n’allons pas les recruter en supply chain, nous les recrutons soit en logistique, soit en customer care, soit en planning. Nous avons trois missions essentielles et c’est en montant dans l’organisation que le collaborateur couvre ces trois missions », tempère-t-il.

Un métier qui s’apprend sur le terrain

La supply chain apparait en effet comme un métier qui s’apprend sur le terrain, expérience après expérience, plus que sur les bancs d’une école. Pour l’expert-leader supply chain d’un grand groupe industriel, ce métier demande une compétence essentielle, « savoir gérer de la complexité », mais surtout des savoir-être. « Nous cherchons des gens qui sont à la fois capables de manier des chiffres, d’apporter de la rigueur et des gens multiculturels capables de parler autant à un financier qu’à un vendeur », explique-t-il.

Nous cherchons une adéquation à la culture de notre groupe et c’est le premier point

Sa consœur, directrice supply chain d’un distributeur spécialisé va même plus loin, estimant que si elle regarde les diplômes, elle est surtout attentive à la capacité de ses futures recrues à épouser la culture de son entreprise. « Nous cherchons une adéquation à la culture de notre groupe et c’est le premier point. Le métier, on peut l’apprendre si nécessaire, mais pas la culture », tranche-t-elle.

Apprécier la culture d’entreprise est primordial pour pouvoir interagir avec l’ensemble des fonctions

« La supply chain étant extrêmement transversale dans l’entreprise, pouvoir apprécier la culture d’entreprise est primordial pour pouvoir interagir avec l’ensemble des fonctions de l’entreprise est primordiale », abonde un confrère de l’industrie. « Les seuls échecs que j’ai eu en recrutement, ce sont des gens ou qui n’étaient pas capables de travailler en équipe ou en transversalité ou incapable de résoudre correctement des problèmes », confirme un autre directeur supply chain.

Il nous faut des profils d’ingénieurs, mais aussi des profils de commerçants qui apportent une culture client dans la supply

« Il nous faut des profils d’ingénieurs, mais aussi des profils de commerçants qui apportent une culture client dans la supply », ajoute un directeur supply chain qui veut aussi des collaborateurs « habitués à communiquer, mettre en avant les équipes, valoriser l’innovation. »

En synthèse, la supply chain s’adresse moins à des « stars », qu’à des profils diversifiés dotés d’une forte capacité d’adaptation et d’intégration. Les métiers de la supply chain s’inscrivent d’ailleurs de plus en plus dans les parcours des carrière quitte à s’avérer plus attractifs en mobilité interne que pour recruter des hauts profils en externe. Tous s’accordent d’ailleurs à dire que la notoriété de la fonction a énormément augmenté. « Beaucoup de gens qui sont entrés en pensant que ce serait une étape en ont finalement fait une destination », se réjouit un des convives.