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Verso Energy lève 50 millions d’euros pour l’hydrogène vert

Par Mehdi Arhab | Le | Equipement

Verso Energy, startup sortie de terre en 2021, dont le souhait est de produire elle-même de l’électricité et de l’hydrogène vert, a bouclé son premier tour de table, en levant quelque 50 millions d’euros. L’opération a été entérinée auprès de deux fonds, lesquels sont déjà impliqués dans des projets d’envergure en matière d’énergies renouvelables.  

Verso Energy a dans son pipeline plus de 1 GW de programmes de construction de centrales solaires. - © D.R.
Verso Energy a dans son pipeline plus de 1 GW de programmes de construction de centrales solaires. - © D.R.

Et d’une ! La jeune pousse Verso Energy, fondée en 2021 et financée dans un premier temps pour l’essentiel par Xavier Caïtucoli - co-fondateur de l’entreprise Direct Énergie, rachetée en 2018 par Total Énergie - et Antoine Huard (ex-Générale du Solaire), a bouclé en toute fin d’année 2022 une levée de fonds de 50 millions d’euros. Une opération menée auprès d’Eiffel Investment Group, via Eiffel Gaz Vert et AMS Capital, une filiale d’AMS Industries, elle aussi ancienne actionnaire de Direct Énergie. En matière de gouvernance, les deux fondateurs demeurent toujours majoritaires ; les nouveaux entrants au board détiennent quant à eux environ 30 % des parts de la jeune organisation.

L’énergie pensée autrement

Verso Energy est née sur la conviction que les modèles sur lesquels la transition énergétique est opérée depuis une dizaine d’années maintenant, ne sont plus pertinents pour accompagner réellement le basculement des systèmes énergétiques vers les énergies renouvelables. La jeune structure ambitionne dès lors et tout bonnement de contribuer à la mise en œuvre d’un mix énergétique décarboné et compétitif.

Pour ce faire, Verso Energy s’attache à développer, concevoir, financer et exploiter des installations de productions d’énergies solaires, mais aussi des installations de stockage stationnaire d’électricité pour la fourniture de services aux réseaux électriques et, enfin, des installations de production (électrolyseurs) d’hydrogène vert, hautement décarboné. Un couplage flexible et astucieux, mêlant production d’électricité renouvelable et moyens de batteries donc. 

Des projets d’envergure et recrutements à la pelle

Pour accélérer son développement et la mise en service de son pipeline de projets, la structure, qui compte déjà une trentaine de collaborateurs, prévoit de recruter nombre de chefs de projets, des profils de mathématicien, codeur, juriste et spécialiste en financement. Le portefeuille de projets de Verso Energy comporte plus de 1 GW de programmes de construction de centrales solaires photovoltaïques, qui s’étendront sur 1000 hectares, dans toute la France. « Pour mener à bien nos projets de construction de centrales, il nous faut des ressources humaines », commente Antoine Huard, qui ajoute : « les paramètres fonciers et accès au réseau sont d’ores et déjà sécurisés ». Verso Energy met en ce sens un point d’honneur à ce que ses projets s’insèrent dans leurs environnements locaux.

« Les études de certains projets sont en cours. Nos équipes tentent de trouver les endroits les plus adaptés pour implanter nos centrales. Elles enchaînent les rencontres avec les propriétaires fonciers, les élus locaux, les services techniques de la préfecture et les associations de défense de l’environnement. Chaque projet s’étale sur trois à quatre ans, il faut donc communiquer, se concerter, suivre les dossiers d’instruction et faire avec les contraintes techniques et réglementaires de chaque territoire », expose Antoine Huard. 

Lesdites centrales et autres unités de production d’hydrogène ainsi que batteries devraient être mises en service courant d’ici 2027. « Les permis de construction et autorisations nécessaires ne peuvent être obtenus dans un délai court, tout cela demande beaucoup de temps », rappelle Antoine Huard. L’un des projets emblématiques du groupe porte d’ailleurs sur la construction d’une centrale solaire près de Mont-de-Marsan qui représente 300 MWh et un investissement de quelque 300 millions d’euros. La centrale s’étalera sur au moins 300 hectares et permettrait de produire 360 GW d’électricité, « soit la consommation de près de 75 000 foyers français », assure Antoine Huard.

L’hydrogène vert pour se démarquer

Si elle compte vendre son électricité, la startup s’adresse également aux réseaux de distribution et industriels en mettant à leur disposition son service de stockage. Plutôt que d’avoir une approche séparée sur l’électricité et l’hydrogène, Verso Energy a décidé « de penser intégration ». Pour ce faire, les équipes de la structure planchent actuellement sur une stratégie de pilotage optimisée de son activité. 

Il ne nous servirait à rien d’injecter notre électricité sur le réseau si le prix de l’électricité est bas. Il serait plus intéressant de la stocker ou de l’utiliser pour produire de l’hydrogène vert

Le but ? Opérer des arbitrages qui lui permettront d’accélérer sa croissance économique une fois ses centrales mises en route. « Les acteurs bien connus du marché préfèrent injecter leur production dans le réseau. Nous voulons pour ce qui nous concerne anticiper au mieux les fluctuations du marché afin de créer de la valeur. Il ne nous servirait à rien d’injecter notre électricité sur le réseau si le prix de l’électricité est bas. Il serait plus intéressant de la stocker ou de l’utiliser pour produire de l’hydrogène vert », explique Antoine Huard. 

Une approche bien pensée, tant l’hydrogène est couramment utilisé ans l’industrie pétrolière et chimique, pour une consommation française totale de l’ordre de 900 000 tonnes par an. Il s’agit, en grande majorité, bien entendu, d’hydrogène carboné. En ce sens, Verso Energy prévoit également plus de 1GW de projets d’électrolyseurs, soit 1/6 des objectifs de production de la France d’ici à 2030. « Ce serait un levier de décarbonation extrêmement fort. Nous sommes, selon nos calculs, en bonne voie pour y parvenir », estime Antoine Huard.