Le Grand Port Maritime de Bordeaux s’appuie sur Google Cloud pour simuler son avenir
Par Guillaume Trecan | Le | Maritime et fluvial
Dix ans après avoir établi une modélisation numérique de la Gironde, le Grand Port Maritime de Bordeaux vient de conclure un partenariat avec Google Cloud pour bénéficier de la puissance de calcul nécessaire pour simuler l’évolution de ses usages. Explication par Fabrice Klein, chargé d’innovation du Grand Port Maritime de Bordeaux.
Même s’il ne figure pas dans le peloton de tête, le Grand Port Maritime de Bordeaux, où transitent 6,7 millions de tonnes par an, a sa place parmi les sept grands ports maritimes français. Les produits qui transitent par le port sont en grande majorité des produits pétroliers et des produits céréaliers, ainsi que quelques conteneurs, du
Un port à la recherche d’un nouveau modèle
« Nous sommes très actifs sur l’innovation, notamment parce que nous recherchons un nouveau modèle économique. Les ports dépendent beaucoup d’activités liées au pétrole qui baissent partout et en particulier dans les ports dont le tonnage est plus modeste. L’innovation est très présente, notamment pour décarboner l’activité industrielle et portuaire », cadre Fabrice Klein, chargé d’innovation du Grand Port Maritime de Bordeaux. Evidemment tous liés au fleuve, les sujets de Fabrice Klein portent sur les aspects de changement climatique, d’environnement, de cybersécurité, de sécurité et d’énergies alternatives. Parmi les hypothèses de diversification du port, la production d’hydrogène figure notamment en bonne place.
Nous sommes situés sur le plus vaste estuaire d’Europe qui présente l’avantage de disposer de nombreux terminaux proches des industries et du territoire
Au total, le Grand Port Maritime de Bordeaux dispose de sept terminaux étalés sur une centaine de kilomètres de fleuve, du Verdon-sur-Mer, près de l’embouchure, jusqu’à Bordeaux. « Nous sommes situés sur le plus vaste estuaire d’Europe qui présente l’avantage de disposer de nombreux terminaux proches des industries et du territoire. Cela implique également des problématiques environnementales et la nécessité d’effectuer des travaux de dragage pour accueillir des navires une certaine capacité », souligne Fabrice Klein. Le Grand Port Maritime de Bordeaux y consacre pas moins de 13 millions d’euros par an. Une dépense qu’une meilleure capacité de simulation pourra permettre d’optimiser.
Une puissance de calcul pour simuler
« Nous avons toujours cherché à améliorer nos connaissances liées au fleuve et, il y a une dizaine d’années, nous avons développé notre premier modèle numérique de l’estuaire », raconte Fabrice Klein. Un modèle numérique dont l’exploitation exigeait une puissance de calcul hors de portée de l’établissement. « Cela nécessite un certain nombre de compétences et surtout du matériel que nous n’avions pas », confirme le responsable innovation du Grand Port Maritime de Bordeaux. Plus qu’un volume de données, la problématique que l’établissement public a voulu résoudre avec Google est celle de la puissance de calcul nécessaire pour lancer plusieurs simulations.
Grâce au soutien de France Relance, l’établissement a lancé fin 2021 un partenariat d’innovation pour disposer d’un environnement sur le cloud lui permettant de lancer des jumeaux numériques du fleuve. Quatre groupements d’entreprises ont participé à une première phase d’idéation au travers d’un hackathon sur le monde maritime, les impacts du changement climatique et l’Open source, en vue de produire une feuille de route à Horizon 2030. L’objectif à termes consistant à développer des outils, des plateformes, des modules métier en s’appuyant sur les ressources du cloud.
Des outils partagés en Open Source
L’outil que souhaite acquérir le Grand Port Maritime de Bordeaux doit pouvoir grandir puisque, afin d’en atténuer le coût financier, il est question de le mutualiser avec d’autres partenaires. Les premiers concernés, sont les différents gestionnaires de l’eau que sont les établissements publics liés à la Garonne, à la Dordogne, à la Gironde, Voies Navigables de France, l’agence de l’eau Adour Garonne, le VNF, etc.
Les premiers modules développés par le groupement d’entreprises réunies derrière Egis Water & Maritime sont opérationnels depuis l’été dernier, développés avec des briques en open source. De même, les résultats des travaux effectués grâce à ces modules de simulation seront partagés avec l’ensemble des acteurs qui bordent l’estuaire de la Gironde. Les exploitants et gestionnaires d’autres fleuves sont également concernés par ces échanges et pourraient partager l’outil avec le Grand Port Maritime de Bordeaux.
Nous nous attendons à des pénuries d’eau l’été et des crues hivernales plus fréquentes et plus intenses
Les outils développés, tels que le module Garonne 2050, vont permettre d’étudier des hypothèses de conséquences du changement climatique. L’établissement a par exemple simuler l’état du fleuve en 2050 en s’appuyant sur le scénario du GIEC. Différents scénarii de submersion ont également été produits, aboutissant à une hypothèse d’augmentation du niveau du fleuve d’un mètre d’ici à 2100. « Nous nous attendons surtout à des pénuries d’eau l’été et des crues hivernales plus fréquentes et plus intenses », souligne Fabrice Klein. Autant de phénomènes avec lesquels le Port va devoir s’adapter.
Un outil de pédagogie pour les citoyens
« Ce ne sont pas tant les résultats qui ont été surprenants. Mais plutôt les questions qu’ils soulèvent pour des politiques, notamment comment les communiquer au public. Cela souligne finalement la nécessité de trouver une gouvernance de ces outils », décrypte le chargé d’innovation. Au-delà des choix d’investissement qu’ils pourront permettre d’éclairer, ces résultats pourront en effet permettre de donner aux citoyens des clés pour comprendre les enjeux à venir.
C’est le cas en particulier pour la production d’hydrogène, un sujet sur lequel Le Grand Port Maritime de Bordeaux a par exemple remporté un appel à projet de l’Ademe avec des partenaires tels que Bordeaux Métropole ou encore Michelin. « La production d’hydrogène qui va s’appuyer sur l’électrolyse de l’eau par électricité verte va consommer beaucoup d’eau », fait remarquer Fabrice Klein qui anticipe les débats que pourraient soulever à l’avenir l’évolution des activités du Grand Port Maritime de Bordeaux. « L’acceptation citoyenne des usages industriels de l’eau est loin d’être simple et il va falloir sensibiliser les citoyens », note-t-il.vrac et une activité émergente de produits de seconde vie tels du verre pilé et de la ferraille. Pour bénéficier de la capacité à étudier les différents scénarii d’évolution des usages de la Gironde, notamment sous l’effet du changement climatique, l’établissement a décidé de s’appuyer sur Google Cloud et développe des outils grâce à un consortium d’entreprise réunies derrière Egis Water & Maritime.