Aéroport Paris Vatry : « En 2021, nous avons fini l’année à plus de 30 000 tonnes de fret »
Par Guillaume Trecan | Le | Aérien
Christophe Parois, le directeur général de l’aéroport champenois Paris-Vatry, entend faire jeu égal avec les aéroports européens de second rideau, en particulier ses voisins du benelux qui captent encore la moitié des quatre millions de fret aériens importés en France.
Les volumes de fret traités sur votre plateforme aéroportuaire ont beaucoup augmenté depuis 2019. Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?
En 2019 Paris Vatry traitait 3 500 tonnes de fret. Fin 2020, ce chiffre était passé à 12 000 tonnes. La gestion de la crise sanitaire a compté près d’un quart de ce résultat. En 2020, nous avons positionné notre stratégie sur trois piliers : le développement du fret général cargo, du fret e-commerce et du fret express. En 2021, nous avons fini l’année à plus de 30 000 tonnes de fret. En 2022, nous voulons conforter notre position, continuer notre développement de manière raisonnée et sécurisée, en mettant les moyens en face de nos besoins.
Même en soustrayant les volumes supplémentaires dédiés au Covid, le tonnage traité par Paris-Vatry a tout de même été multiplié par trois entre 2019 et 2020. Qu’est-ce qui explique ce décollage ?
L’import de masques a mis en lumière la capacité de notre aéroport à gérer de l’urgence. Nous avons resitué Paris Vatry sur son Core Business qui est le transport de fret et nous nous sommes reconnectés avec les besoins des industriels. En 2021, nous avons développé toutes les typologies de fret général cargo que nous pouvions être amenés à traiter : du fret industriel, aussi bien que des biens périssables, du végétal et du fret spécifique, par exemple des vaccins ou encore des animaux vivants. Sur l’année 2021, nous avons par exemple expédié 17 000 porcs reproducteurs. Cette année, nous avons aussi commencé à travailler avec la compagnie Qatar Airways qui a effectué plus de 200 vols vers, ou à partir de Vatry en un peu moins d’un an.
Concernant le fret e-commerce, nous avons entrepris un travail de fond, axé sur la simplification du dédouanement des marchandises, afin de traiter des flux en provenance directe de Chine. Tout de suite après mon arrivée en novembre 2019, nous avons ouvert une représentation commerciale à Hangzhou, la place forte du e-commerce en Chine. En 2019 le bureau des douanes de Reims avait un nombre de déclarations mensuelles très faible par rapport à la moyenne nationale. Il est devenu aujourd’hui le deuxième en France après Roissy Charles de Gaulle, avec un million de déclarations de douanes par mois.
Nous avons aussi travaillé sur le développement du fret express en provenance de pays tiers à destination de l’Europe, du fret postal avec Chronopost, sur des triangulaires entre Rennes, Vatry et Marseille.
Le marché global de l’aérien en France, import-export, représente quatre millions de tonnes de fret, mais aujourd’hui l’ensemble des aéroports français ne traite que deux millions de tonnes de fret
L’aéroport de Paris Vatry bénéficie-t-il aussi de la saturation des autres plateformes aéroportuaires ?
Les hubs européens sont en effet saturés. C’est le cas de Liège, Amsterdam, ou encore Francfort. Ce sont maintenant les aéroports de second rideau qui doivent se positionner et définir une stratégie. Vatry fait partie de ces aéroports, au même titre qu’Ostende ou encore Maastricht. Le marché global de l’aérien en France, import-export, représente quatre millions de tonnes de fret, mais aujourd’hui l’ensemble des aéroports français ne traite que deux millions de tonnes de fret. Cela signifie que 50 % de nos parts de marché sont aujourd’hui captées et gérées par des aéroports situés à l’extérieur de l’Hexagone, principalement des aéroports du Bénélux. Nous souhaitons nous repositionner sur ces deux millions de tonnes de fret.
Qu’avez-vous prévu en termes d’investissement ?
Nous devons faire évoluer notre matériel et la structure de l’aéroport. Nous recherchons principalement du matériel d’assistance aéroportuaire, des loaders, des transbordeurs, etc. C’est le nerf de la guerre. La problématique étant de trouver le matériel qui convient, dans un contexte où le trafic aérien explose.
Pensez-vous que la hausse de votre activité est aussi due à un effet plus conjoncturel de report du trafic maritime, dont les prix sont devenus très élevés ?
Nous ne pensons pas qu’il y aura un retour en arrière. Aujourd’hui la logistique mondiale est en tension d’un point de vue multimodal. Cela concerne le maritime et l’aérien. La problématique est de trouver des capacités de transport. Il y aura peut-être une régulation, avec une baisse de cette tension d’ici deux à trois ans, dans la mesure où cette situation est aussi liée à la baisse du trafic passager sur lequel une partie du fret aérien se greffe. L’industrie s’est réorganisée, en transformant des avions passagers en avions cargos, mais ce n’est pas suffisant compte tenu de l’évolution générale de ces marchés. Le fret aérien demandera toujours plus de capacités. C’est aussi dû à l’évolution du fret e-commerce.
Nous sommes passés de 86 collaborateurs en novembre 2019 à 132 aujourd’hui, auxquels s’ajoutent une vingtaine d’intérimaires. Nous prévoyons d’embaucher encore vingt à trente personnes en 2022
Parvenez-vous à trouver suffisamment de nouveaux collaborateurs pour accompagner ce fort développement ?
Nous sommes passés de 86 collaborateurs en novembre 2019 à 132 aujourd’hui, auxquels s’ajoutent une vingtaine d’intérimaires. Nous avons recruté une trentaine de personnes en 2021 et nous prévoyons d’embaucher encore vingt à trente personnes en 2022. Nous n’avons pas de difficulté pour trouver ces nouvelles recrues parce que la zone sur laquelle nous nous situons reste attractive. Nous travaillons néanmoins avec des centres de formation localement parce que nous voulons former de jeunes et leur proposer des contrats de professionnalisation.