Limagrain Europe : « Il faut expliquer aux clients ce qu’ils peuvent attendre d’une tour de contrôle »
Par Guillaume Trecan | Le | It
Jean-Christophe Huon, directeur logistique de Limagrain grandes cultures Europe détaille les étapes de construction d’une tour de contrôle pour piloter sa supply chain. Une tour dont il a posé les premiers étages et qu’il est en train de finaliser. Il sera Grand Témoin de l’atelier « Tour de contrôle : piloter l’incertitude en temps réel », lors des Supply Days des 7 et 8 octobre à Deauville.
A quel niveau de vos priorités se situe la création d’une tour de contrôle ?
Aujourd’hui, la notion de tour de contrôle est importante pour Limagrain dans la mesure où cet outil nous permettra de piloter nos flux physiques et nos flux d’informations de manière beaucoup plus efficace. Nous avons aujourd’hui établi certains piliers de cette tour de contrôle, notamment la centralisation des opérations de transport. Nous avons également mis en place un ERP commun à l’ensemble des entités de la division et un TMS (Transporéon). Nous déployons actuellement le Track & Trace, pour avoir une visibilité en temps réel. C’est un outil majeur qui nous permettra d’achever la mise en place de la tour de contrôle. Nous espérons franchir l’an prochain une étape décisive en obtenant l’adhésion des transporteurs afin qu’ils nous communiquent leur position sur la plateforme de Transporéon.
Les transporteurs sont sollicités sur ce sujet par de nombreux chargeurs qui s’appuient sur des technologies différentes
Comment abordez-vous la notion de conduite du changement dans ce projet ?
En interne, il faut tout d’abord obtenir l’adhésion de l’équipe qui va travailler de manière centralisée au pilotage de la tour de contrôle et qui était jusqu’ici décentralisée. En externe, il faut convaincre l’amont et l’aval. Il faut expliquer aux clients ce qu’ils peuvent attendre de la tour de contrôle. Le sujet est moins évident pour ce qui est de nos partenaires externes. En ce qui concerne notre module de gestion et de planification du transport, tous l’ont adopté sans problème. Notre prochain défi concerne le module de visibilité en temps réel pour lequel nous avons des efforts de conviction à déployer. Les transporteurs sont en effet sollicités sur ce sujet par de nombreux chargeurs qui s’appuient sur des technologies différentes. L’autre difficulté tient au fait que nos transporteurs peuvent sous-traiter la prestation, ce qui multiplie le nombre d’acteurs à convaincre.
Mais nous pouvons les convaincre qu’ils ont eux-aussi d’importants bénéfices à tirer de l’adhésion à la plateforme en termes d’organisation. En s’appuyant sur des informations de livraison plus précises, ils peuvent par exemple limiter les temps d’attente au déchargement, ou encore apporter la preuve de leur ponctualité. Cela permet d’objectiver la relation.
Quelle importance revêt la dimension technologique dans un projet de construction d’une tour de contrôle ?
Les technologies existent et sont éprouvées. Elles sont évidemment un pilier essentiel du projet et, lorsque l’on part de zéro, il faut être capable de justifier auprès de sa direction générale la nécessité d’investir dans des outils d’ERP et de TMS centralisés. Le pilier technologique et le troisième pilier indispensable avec les piliers humains et process.
Nous avons réécrit tous les process de collaboration avec les partenaires internes et externes de la supply chain
Quel travail avez-vous effectué au niveau de vos process ?
Nous avons réécrit tous les process de collaboration avec les partenaires internes et externes de la supply chain. Nous avons défini le périmètre de responsabilité de la tour de contrôle et ses interactions avec les autres services internes et externes, ce qui doit être attendu de la tour de contrôle et les éléments qui doivent être fournis à l’équipe qui la pilote.
Voyez-vous beaucoup d’innovations apparaître sur les outils de la tour de contrôle de la logistique ?
Sur la technologie pure de gestion des transports et de visibilité en temps réel, le marché est mature, mais c’est un marché en perpétuelle évolution et qui connaît une accélération permanente des innovations technologiques, notamment sous l’influence de l’intelligence artificielle qui pénètre de plus en plus le monde de la supply chain. Je suis convaincu que, dans quelques années, l’information en temps réel ne sera plus seulement acheminée vers des personnes, mais directement intégrée dans des workflows gérés par l’intelligence artificielle. Selon leur importance, certaines décisions seront alors prises automatiquement par de l’intelligence artificielle.