Stratégie supply

Les pénuries de main-d'œuvre jouent sur l’efficacité de la supply chain

Par Mehdi Arhab | Le | Rh

Dans une récente étude, Descartes indique que les pénuries de main-d'œuvre, qui n’ont pas diminué, engendrent des manques cruels sur tous les plans pour les entreprises. Ces dernières voient leur performance pénalisée très fortement, mais certaines encaissent le choc plus facilement que d’autres.

Les pénuries de main-d'œuvre jouent sur l’efficacité de la supply chain
Les pénuries de main-d'œuvre jouent sur l’efficacité de la supply chain

La supply chain continue de faire face à une pénurie de main-d'œuvre. Et la situation, visiblement, n’est pas près de se résorber. Pourtant, les entreprises, donneurs d’ordre comme prestataires, mettent tout en œuvre pour recruter les travailleurs qualifiés et les managers dont elles ont désespérément besoin pour se développer. Dans une étude récemment dévoilée, et pour laquelle ils ont interrogé plus de 1 000 patrons supply chain en Europe et en Amérique du Nord, Descartes et SAPIO Research reviennent sur ces enjeux. Il apparaît dans l’étude que 37 % des répondants sont confrontés à une forte pénurie de ressources ; que pour 58 % des répondants, les pénuries de main-d’œuvre jouent significativement sur l’efficacité de leur service client. Les pénuries se font ressentir sur bien d’autres corps de métiers, puisque six répondants sur dix affirment être très largement touchés par les pénuries de main-d’œuvre sur ce segment. L’entreposage, qui réclame une main-d’œuvre importante, est aussi durement touché par les phénomènes de pénuries. 

Mais il est pour les entreprises, au moins, tout aussi difficile de trouver des profils en mesure d’endosser des postes à (très) fortes responsabilités. En effet, les résultats de l’étude indiquent que les postes hautement qualifiés (55 %) et de manager logistique (54 %) sont les plus difficiles à pourvoir. Descartes fait savoir que, grâce à ses précédentes études notamment celles sur l’innovation dans la supply chain ou encore sur le transport management, que  les performances financières des entreprises, leur croissance, la vision de la direction sur l’importance de la supply chain et de la logistique dans la stratégie globale et, enfin, le turnover des équipes influencent considérablement les stratégies mises en place et la technologie implémentée par les acteurs de la supply chain dans le monde. Mais le constat ne s’arrête pas là. En effet, un lien étroit entre perspectives et résultats a été établi : une gestion optimisée de logistique et un faible turnover des équipes permettent de générer de meilleurs résultats financiers et une croissance accélérée.

Pour enregistrer des résultats probants, mieux vaut avoir une supply chain stable 

Un peu plus de la moitié des répondants a indiqué que leur société enregistrait des résultats financiers supérieurs à la moyenne du secteur. En croisant ces résultats avec le turnover des équipes, ce chiffre atteint 74 % pour ceux qui déclarent un turnover meilleur que la moyenne. En revanche, ce chiffre chute significativement (24 %) pour ceux dont le turnover est moins bon que la moyenne. Pour Descartes, il est évident que les entreprises aux meilleurs résultats financiers bénéficient d’une supply chain bien plus stable et dont les équipes se sont installées dans le temps, développant une forte expertise sectorielle. D’ailleurs, 41 % des répondants ont déclaré que le turnover de leurs équipes était légèrement ou nettement meilleur. Ce chiffre grimpe à 68 % pour les entreprises ayant les meilleures performances financières du secteur et dégringole à 18 % pour celles dont les résultats financiers sont inférieurs à la moyenne.

Un quart des répondants du panel a d’ailleurs assuré que leur équipe dirigeante considérait leur supply chain comme une « arme concurrentielle ». Un chiffre qui atteint même 34 % dans les entreprises dont les résultats financiers dominent le secteur. En somme, l’optimisation de la supply chain est un facteur de réussite et est un vecteur de croissance, de rentabilité et un réel facteur de qualité de service. Les entreprises qui l’ont compris sont celles qui réussissent le mieux.

Les pénuries, un mal qui touche tout le monde et tous les métiers de la supply

Toutefois, comme indiqué plus haut, près de quatre répondants sur dix ont attesté d’une pénurie de main d’œuvre élevée, voire extrême. Ils ne sont qu’à peine 24 % à déclarer ne pas rencontrer de difficultés pour embaucher. C’est dans les pays les plus solides économiquement, notamment l’Allemagne et les États-Unis, que les entreprises souffrent le plus des pénuries de main-d’œuvre (43 %). Or, la supply chain mobilise des ressources importantes, technologiques désormais mais aussi humaines. Les tensions sur le recrutement de certains profils sont susceptibles de polluer le bon fonctionnement de l’entreprise, en premier lieu son service client. Seuls 12 % des répondants ont indiqué que leur service client n’était pas du tout impacté par la pénurie de main-d'œuvre. Ils sont un tiers à se déclarer extrêmement touché par la problématique. Et c’est aux États-Unis (36 %), suivis de près par la France (35 %) que les services clients ont été très, voire gravement, touchés.

La question de la saisonnalité de l’activité de l’entreprise est un autre casse-tête. Effectivement, en période de haute saison, la forte hausse de la demande exerce une pression accrue sur le recrutement et la gestion de la logistique. Ils ne sont que 9 % des répondants à avoir déclaré que leur productivité en période de pointe n’était pas frappée par les pénuries de main-d'œuvre. Un taux marginal qui en dit très long. Près de la moitié du panel indique être durement touché par les pénuries de main-d’œuvre.

Les prestataires logistiques sont de fait en souffrance. Là encore, ils ne sont que 9 % des répondants à indiquer que les performances de leurs partenaires logistiques n’étaient pas bouleversées par les pénuries de main-d'œuvre. Les donneurs d’ordre, eux, peinent de leur côté à trouver les bons profils pour des postes hautement qualifiés, comme les planificateurs ou analystes (55 %). Près d’un tiers (32 %) des répondants a déclaré ne pas avoir de problème à remplacer les responsables d’entrepôt, contre seulement 13 % pour les travailleurs qualifiés. Pour trouver chaussure à leur pied, et sous la pression de l’inflation, les employeurs ont consenti d’importants efforts. Les salaires proposés ont ainsi largement été revus à la hausse afin d’embaucher et de fidéliser les équipes en place. Mais la problématique, finalement, reste la même.