Logistique

Le Port de Javel se refait une beauté et se pose en acteur de la logistique du dernier kilomètre

Par Mehdi Arhab | Le | Logisticien

Le port de Javel-bas a été inauguré dans sa nouvelle version au fin du mois d’avril dernier. Il a fait l’objet de nombreux investissements et de travaux de réaménagement importants pour concilier activité industrielle et promenade du grand public. Reportage :

Le Port de Javel se refait une beauté et se pose en acteur de la logistique du dernier kilomètre
Le Port de Javel se refait une beauté et se pose en acteur de la logistique du dernier kilomètre

Les athlètes et sportifs du monde entier y débarqueront avant d’aller au Trocadéro le jour de la cérémonie d’ouverture. Le port de Javel sera donc « mis en valeur » pour cette grande fête, dixit Pierre Rabadan, adjoint à la Maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine. Et pour l’occasion, mais pas seulement, il s’est offert un (sacré) petit lifting. Le port de Javel-bas, établi sur la rive gauche dans le XVe arrondissement de Paris, revêt une importance tout bonnement stratégique, aussi bien du point de vue économique que de l’usage désormais. Le port, qui accueille depuis de nombreuses années une forte activité industrielle, se trouve en effet au cœur d’un paysage parisien d’exception placé en entrée de ville, non loin du parc André Citroën et du pont Mirabeau, avec la tour Eiffel en arrière-plan. Il faut dire que l’espace est exceptionnel et peu commun.

Aujourd’hui ornés de pavés flambants neufs, les quais accueillent les riverains, promeneurs, joggeurs, cyclistes et même, des touristes. Voilà qui n’est pas anodin, puisque cela n’était pas le cas jusqu’à peu encore, tant l’activité industrielle sur le port était prégnante. Elle le reste, évidemment, en témoignent la présence de Point. P et de Lafarge dans le coin, mais elle l’est moins. Ou du moins, elle est mieux pensée. Des travaux de réaménagement colossaux ont été effectués, « pour un coût de 6,5 millions d’euros », fait savoir Antoine Berbain, directeur général adjoint d’Haropa Port qui en gère le domaine. « C’est une opération d’aménagement absolument exemplaire », a-t-il soutenu. L’État ainsi que la Région ont d’ailleurs mis la main à la poche : le premier a financé pour 1,8 million d’euros, tandis que la deuxième a consenti un effort de 700 000 euros pour la réussite du projet. La requalification du port a été pensée dans une logique de mixité des usages : préserver l’activité économique du port et renforcer son identité architecturale en développant, enfin, une ouverture du fleuve à la ville et ses habitants. Pas une mince affaire, mais la réussite est là.

Une harmonisation entre activité(s) industrielle(s) et loisirs

Tous ces aménagements étaient nécessaires et indispensables

Les quais sont devenus des lieux de vie, de passage et même de détente. Des promenades piétonnières ont été aménagées depuis le parc André Citroën et en bord des quais ; des placettes d’agrément (transats en bois) ont également été installées. Le port de Javel a également été équipé d’un éclairage fonctionnel et scénique pour faciliter le parcours piéton. En somme, le port se fond enfin dans son milieu. Et l’activité portuaire n’en pâtit pas, bien au contraire. Sur le quai à usage partagé, la structure du quai de transbordement a été repensée afin de le renforcer. Le port de Javel constitue une véritable force dans le développement du transport fluvial sur la Seine et de la logistique du dernier kilomètre. Les entreprises désireuses de s’approvisionner par voie fluviale pourront ainsi en profiter. Les installations de Point. P et de Lafarge ont fait l’objet d’une reconfiguration complète. Et le résultat est séduisant, il faut bien l’avouer. « Tous ces aménagements étaient nécessaires et indispensables », a soutenu Philippe Goujon, maire estampillé LR du XVe arrondissement de la capitale.

Présente depuis 1964 sur le port de Javel-bas, la centrale à béton du cimentier était inactive depuis la fin d’année 2022. Dans le cadre des travaux de réaménagement du port, Lafarge avait entrepris un vaste chantier de modernisation de son installation. Les premiers coups de pioche avaient été donnés en 2023. « Toutes les installations ont été modernisées », s’est réjoui Antoine Berbain. L’entreprise s’est parallèlement engagée à réduire d’un tiers la capacité de production de son site et à remplacer sa flotte de camions-toupies par une flotte neuve de véhicules motorisés au GNV. En parallèle, Haropa Port a tenu à mettre en place un réseau d’assainissement des eaux usées. Malgré cela, Philippe Goujon a confirmé ne pas être à l’aise avec la présence persistante d’une centrale à béton, estimant que cela « n’avait rien à faire à Paris et sur ces quais. ». « Nous maintenons notre combat pour la suppression totale de la centrale Lafarge sur cette promenade qui doit avant tout permettre de traverser dans Paris. Et tant que des installations de ce type seront présentes, cela ne sera pas possible », a-t-il poursuivi.  

Le fleuve est un excellent moyen pour transporter le sable, granulats et ciment nécessaires aux acteurs du BTP

Toutefois, pour Morgane Sanchez, directrice de l’Agence Paris Seine, la présence de Lafarge et de Point. P fait sens. « Le fleuve est un excellent moyen pour transporter le sable, granulats et ciment nécessaires aux acteurs du BTP », a-t-elle fait savoir. Le débat est donc ouvert. À titre d’illustration, le distributeur spécialisé Point. P, lui, peut par sa présence au port de Javel Bas approvisionner les nombreux chantiers situés au cœur des villes d’Île-de-France dans le cadre de la réalisation de son développement. Le maintien de ces acteurs industriels est finalement primordial pour un garantir un acheminement efficace, d’un point de vue opérationnel, mais aussi environnemental.